30 avril 2020 - 13:49
Un laboratoire d’orthèses plantaires fabrique des visières
Par: Jean-Luc Lorry
Le podiatre maskoutain Jean-François Rivard et ses associés ont fait l’acquisition d’une imprimante 3D pour fabriquer des orthèses plantaires. En période de pandémie de coronavirus, cet équipement informatique imprime des porte-visières. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le podiatre maskoutain Jean-François Rivard et ses associés ont fait l’acquisition d’une imprimante 3D pour fabriquer des orthèses plantaires. En période de pandémie de coronavirus, cet équipement informatique imprime des porte-visières. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Au point mort depuis plusieurs semaines, un laboratoire d’orthèses plantaires en 3D nouvellement installé à Saint-Hyacinthe change temporairement de vocation en produisant en gros volume des visières de protection faciale.

Pour relever ce défi, les dirigeants de l’entreprise Talaria ont programmé une imprimante 3D – destinée à fabriquer des orthèses – pour produire des porte-visières.

Les trois actionnaires de Talaria, les podiatres Jean-François Rivard et Keven Lambert ainsi que Jonathan Jutras, orthésiste-prothésiste, se sont organisés pour confectionner entre 2000 et 3000 visières protectrices par semaine.

Le démarrage de cette entreprise située dans le parc industriel Théo-Phénix a été brutalement freiné par la pandémie de COVID-19. L’ensemble des cliniques podiatriques du Québec sont restées ouvertes pour traiter uniquement les urgences.

« La demande pour la fabrication d’orthèses plantaires est tombée à zéro. Alors que l’ensemble des laboratoires d’orthèses arrêtaient leurs activités, Talaria gardait un avantage de taille, son imprimante 3D », indique le Dr Jean-François Rivard, président et copropriétaire de Talaria, en entrevue téléphonique au COURRIER.

« Cette imprimante représente ce qui se fait de mieux dans le domaine de l’impression 3D par son grand volume d’impression, sa rapidité et sa précision. Cet outil informatique a la capacité d’imprimer jusqu’à 200 porte-visières en 10 heures », poursuit M. Rivard qui est également propriétaire de la Clinique podiatrique de Saint-Hyacinthe.

Dès que la porte-visière est produite par l’imprimante 3D, le laboratoire installe la visière qui est une pellicule en plastique.

Copropriétaire de Talaria, Jonathan Jutras a supervisé l’ensemble du projet. « On le fait avant tout pour avoir l’impression de faire notre part dans cette crise sanitaire sans précédent. Rester chez nous à ne rien faire quand on savait qu’on pouvait aider était hors de question pour nous », indique M. Jutras, actionnaire et directeur de la production chez Talaria.

Initiative de HP

Au début de la crise sanitaire, le constructeur de cette imprimante 3D, la multinationale américaine Hewlett-Packard (HP), avait contacté ses clients en possession de ce matériel informatique. « La multinationale HP elle-même nous a approchés pour sonder notre intérêt à participer à l’effort canadien contre le coronavirus », mentionne Jean-François Rivard.

Grâce au partenariat avec HP, l’entreprise maskoutaine a pu rapidement obtenir les permis nécessaires auprès de Santé Canada. « Comme HP est en contact avec Santé Canada pour connaître la demande en visières de protection, nous ne connaissons pas l’identité des clients », mentionne Jean-François Rivard.

Ces visières devraient être principalement utilisées dans les hôpitaux, les cliniques médicales et les pharmacies.

Technologie pour une orthèse optimale

Jean-François Rivard considère que l’utilisation des technologies les plus avancées pour la conception et la fabrication d’orthèses plantaires représente un avantage important pour le patient.

« L’ancienne méthode comprenait la prise d’empreinte par un moulage en plâtre ou en utilisant le polystyrène. Grâce au numérique, nous effectuons une empreinte plus précise en utilisant une caméra permettant des images en 3D », explique le Dr Rivard.

Ces orthèses sont fabriquées dans une matière plastique durable et flexible qui s’apparente au polynylon.

Utiliser la technologie 3D pour fabriquer des orthèses réduit de manière significative la main-d’œuvre. « Pour la technique traditionnelle, il faut environ 20 employés comparativement à trois pour la technique numérique », conclut Jean-François Rivard.

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