C’est pourtant tout sauf un sujet banal. La localisation du chef-lieu de la MRC des Maskoutains a souvent été un sujet chaud et controversé autour de la table des maires du temps où la MRC était locataire sur l’avenue Pratte de 1983 à 2004.
Avec son déménagement au centre- ville en janvier 2004, dans un immeuble qui lui appartient, on croyait la chose réglée pour toujours. Erreur.
On a appris les intentions de la MRC en prenant connaissance de l’ordre du jour de la séance du 18 janvier. Aux points 6 et 7. Le premier faisait état de la signature d’une promesse d’achat sur un immeuble du boulevard Laframboise et le second d’une dépense de 6,2 M$ pour l’acquisition dudit immeuble et d’un emprunt de 6,5 M$ pour payer tout ça.
Ces points ont toutefois été retirés de l’ordre du jour à la dernière minute. Il semble que, dans son empressement, la MRC ait oublié d’obtenir une évaluation indépendante (?) de l’immeuble visé.
Mais si la tendance se maintient, le tout sera réglé à temps pour la séance de février où la suite ne pourrait être qu’une simple formalité. Le déménagement ne diviserait pas tellement les maires, paraît-il.
Permettez cependant que je soulève une question ou deux, même si je ne mets pas en doute le manque d’espace et de confort dans l’édifice actuel de la MRC, considérant la croissance de ses effectifs. Peut-être qu’un déménagement est la seule option possible ou viable.
Le problème n’est pas là. C’est d’abord sur l’idée même de quitter le centre-ville qu’il faut s’interroger. Que les maires des villages tout autour ne s’en offusquent pas est une chose, mais que le maire de Saint-Hyacinthe, et son conseil par-dessus le marché, endosse cette démarche sans même sourciller est assez étonnant.
Sachez qu’on ne compte plus les professionnels qui ont déserté notre centre-ville. Un décompte maison effectué en mars 2019 estimait qu’en l’espace de deux ans, pas moins de 225 professionnels avaient quitté le cœur de la ville.
Et la pandémie qui a suivi n’a pas fait revenir ces gens-là. Pensez-vous qu’ils sont aujourd’hui des centaines à s’entasser dans les bureaux d’Intact Assurance sur la rue Girouard? Non, le télétravail s’est imposé partout, sauf peut-être à la MRC des Maskoutains qui semble être une des rares organisations à chercher à augmenter ses pieds carrés en 2023.
À cet état des lieux du centre-ville, il faut aussi ajouter la fermeture prolongée du palais de justice. Et c’est dans ce contexte particulier que la MRC préparait en douce le départ définitif d’une cinquantaine de ses professionnels.
Vraiment, les mots me manquent. Permettez donc que je reprenne ceux du regretté député Léandre Dion alors qu’il militait pour que la MRC quitte l’avenue Pratte pour s’installer au centre-ville en février 2000. Que disait le bon Léandre à cette époque? « À mes yeux, il est important de donner une orientation claire en privilégiant le centre-ville, qui représente l’âme, non seulement de la Ville de Saint-Hyacinthe, mais aussi de la région. »
Outre cette considération géographique, la MRC fait-elle une si bonne affaire au niveau financier? Paiera-t-elle l’immeuble qu’elle reluque au juste prix, considérant le fait qu’il n’était pas officiellement sur le marché et que ce dernier connaît un ralentissement manifeste? Tous les maires devraient se poser la question puisque les 17 municipalités de la MRC vont acquitter la facture à même les taxes qu’elles prennent dans vos poches. Bien hâte de voir si l’immeuble ciblé vaut bien 2,5 M$ de plus que son évaluation. Tant mieux si c’est le cas, mais pour l’instant, voilà peut-être la transaction la plus aberrante depuis l’achat de la Place Blanchet par la Fondation Honoré-Mercier en 2016.
On me dira que le centre-ville ne regorge pas d’options valables pour la MRC, du moins si on s’attarde aux inscriptions sur le marché. L’édifice le plus intéressant, celui de la Banque Nationale, a été vendu pour 3,9 M$ (soit 1 M$ de plus que son évaluation) à la Société québécoise des infrastructures l’automne dernier.
Mais en lançant la discussion et en se donnant un peu plus de temps, différentes options pour une construction neuve ou sur le marché de la revente pourraient peut-être s’ajouter. Ou pas.