« Bonjour Monsieur Bourassa, j’ai une histoire qui pourrait vous intéresser. J’ai été prise en otage par la Ville de Saint-Hyacinthe. […] J’aimerais vraiment vous rencontrer pour vous raconter le tout en détail. Tous ceux à qui j’en parle n’en reviennent pas et beaucoup m’ont dit de vous contacter, car il paraît que c’est le genre d’histoire qui vous intéresse. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de lire ces quelques lignes. »
Ce simple message a suffi pour capter mon attention. Pourquoi? Parce que j’ai toujours un préjugé favorable à l’égard des gens qui se battent contre le système, voire les administrations publiques. J’ai toujours un parti pris pour David contre Goliath.
J’aime croire que les gens qui dénoncent quelque chose ont raison et partir de cette prémisse, quitte à me rendre compte du contraire après avoir fait le travail auquel on s’attend d’un journaliste professionnel d’expérience. Les bonnes histoires du départ ne sont pas toujours aussi bonnes à la fin du processus. C’est la beauté du métier.
À l’inverse, j’ai souvent l’impression que la Ville de Saint-Hyacinthe pense tout le contraire quand un citoyen lève la main et ose remettre en question ses décisions.
J’ai l’impression que cette administration part du principe qu’elle détient la vérité et que forcément les citoyens qui rouspètent ses décisions sont dans le tort.
On a été témoin de cela l’an dernier dans le dossier des infrastructures quand les citoyens de Saint-Thomas-d’Aquin ont osé remettre en question les factures reçues au terme des travaux. Ils ont dû se présenter à l’hôtel de ville, dont au moins une fois en séance publique, avant que l’administration ne consente à réviser leur dossier.
Et bien entendu payer leur facture, avant d’être remboursés.
Malheureusement, ils ont eu raison et tort à la fois. La Ville a finalement reconnu des erreurs de facturation à grande échelle, mais la révision s’est retournée contre les plaignants qui ont dû pour la plupart acquitter une seconde facture plus élevée que la première. Sur le fond, leur récrimination était pourtant fondée.
Pour en revenir à l’histoire de Laurie Legendre, vous la connaissez aussi bien que moi si vous avez pris la peine de parcourir notre manchette du 28 juin. Cette dame du district Sainte-Rosalie s’était adressée à la Ville de Saint-Hyacinthe dans l’espoir de faire régulariser le zonage de sa maison et d’obtenir une dérogation mineure.
Une dépense de 812 $ pour une simple formalité croyait-elle. Sauf que la Ville a constaté que le problème de zonage n’était pas limité qu’à sa propriété. On a donc refusé sa demande en lui disant que la Ville préférait modifier le règlement pour tout son secteur, mais qu’au final, la citoyenne arriverait tout de même à ses fins avec ce changement, qui bénéficierait gratuitement à tout le voisinage. Le hic, c’est qu’elle seule devrait payer pour cette procédure. Aux 800 $ déjà déboursés pour avoir amorcé le processus de dérogation mineure, la Ville lui imposait en plus des frais de 1456 $ pour le changement règlementaire. On comprend facilement son indignation. Sauf que son conseiller ne l’a pas vu du même œil que nous quand elle lui a présenté les faits. En deux mots, Donald Côté lui a répondu quelque chose comme : « C’est de même, faut payer. » Déterminée, Mme Legendre m’a écrit son histoire et s’est présentée à la séance publique du conseil municipal du juin pour sensibiliser le conseil puisque ses messages adressés à chaque élu étaient restés lettre morte.
Jouant la carte du cadre pris au dépourvu, ce qui est assez rare dans son cas, le directeur général Louis Bilodeau n’a pas été tellement tranchant avec la dame, même s’il l’était davantage après la séance publique devant le journaliste.
Mais on a finalement appris que le dossier a été discuté en privé en comité plénier et que le gros bon sens a fini par triompher. On a accepté de rembourser à Mme Legendre les frais additionnels de 1456 $ qu’on lui avait imposé au préalable. Juste le gros bon sens. Morale de cette histoire, il ne faut pas avoir peur de défendre nos opinions et de contester nos factures municipales. Merci pour la leçon Mme Legendre.