14 mars 2024 - 03:00
Un premier roman pour Dominique Chicoine
Par: Maxime Prévost Durand
La Maskoutaine Dominique Chicoine caressait le rêve d’écrire un roman depuis de nombreuses années. Voilà qu’elle tient enfin son premier livre dans ses mains. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maskoutaine Dominique Chicoine caressait le rêve d’écrire un roman depuis de nombreuses années. Voilà qu’elle tient enfin son premier livre dans ses mains. Photo François Larivière | Le Courrier ©

« Écrire, c’est un projet de toujours », lance Dominique Chicoine en entrevue avec LE COURRIER. Depuis peu, la Maskoutaine peut aussi dire que c’est un projet qui s’est concrétisé puisque son tout premier roman, intitulé Les quatre vérités, a été publié aux éditions Boréal à la fin février.

Destiné principalement à un public adolescent, comme en fait foi sa présence dans la collection jeunesse Boréal inter, le bouquin aborde des thèmes comme les relations toxiques, la famille et la pression de faire un choix de carrière à l’adolescence.

Pour créer cette histoire, Dominique Chicoine a puisé dans ses propres souvenirs de jeunesse. Le décès de son père, en 2019, a d’ailleurs déclenché cet élan créatif chez elle.

« C’est un peu pour me souvenir de lui et me rapprocher de lui que je me suis mise à me remémorer des souvenirs qui l’impliquaient. Je me suis mise à raconter ça par petits bouts, puis j’ai fini par mettre tout ça ensemble, comme un casse-tête, et ça a donné ça. Ce n’est pas complaisant et ce n’est pas parce que je m’ennuyais de lui que tout était beau. Ça a fait ressortir aussi des difficultés de notre relation », mentionne l’auteure.

Elle précise cependant que le roman est une fiction. « Ce qui est inspiré de la réalité est déformé ou exagéré dans le livre », souligne-t-elle.

Dans Les quatre vérités, on suit Mireille, une adolescente amoureuse des livres qui termine son secondaire. Alors qu’elle doit elle-même réfléchir à son choix de carrière, sa mère effectue un retour aux études pour devenir avocate, ce qui amène toute la famille à déménager à Québec afin qu’elle puisse étudier à l’Université Laval. Son père, lui, est médecin. Malgré les apparences, les tensions familiales vont et viennent dans la maisonnée, amenant Mireille à naviguer dans ce flot d’humeurs changeantes.

Même s’il s’agit d’un roman pour adolescents, l’histoire est campée dans les années 80 et elle est truffée de références liées à cette époque durant laquelle Dominique Chicoine était elle-même adolescente.

« Je n’aurais pas été à l’aise de raconter une histoire dans le contexte actuel, affirme-t-elle. Mais les questionnements de fond sont les mêmes qu’aujourd’hui. Les angoisses de se demander ce qu’on va faire de sa vie, ça ne change pas, ça reste la même chose. J’ai essayé d’utiliser des anecdotes de l’adolescence auxquelles les jeunes peuvent s’identifier, même s’ils n’ont pas vécu exactement la même situation. La plupart des étudiants qui vont en lettres ou en art se posent des questions sur ce qu’ils vont faire dans la vie avec ça. »

À l’époque, Dominique Chicoine avait d’ailleurs entamé un baccalauréat en psychologie avant de se tourner vers son véritable amour : la littérature. Un changement de cap qu’elle avait tenu secret de ses parents pendant près d’un an, de peur de les décevoir, raconte-t-elle.

« Quand j’ai étudié en psycho, j’adorais la théorie, mais quand on était rendu à faire de la pratique dans la dernière année, je détestais ça. C’est là que je me suis dit que je ne pourrais pas être psychologue. Donc, la littérature, c’est parfait parce que c’est plein de psychologie de personnages, mais ces personnages-là ne me suivent pas après. »

Le rêve d’une vie

Pour Dominique Chicoine, la sortie de ce premier livre est la réalisation du rêve d’une vie. Enseignante en littérature au Cégep de Saint-Hyacinthe depuis près de 30 ans, la Maskoutaine est fière d’enfin pouvoir tenir son propre roman entre ses mains.

« Déjà à l’âge de 15 ans, je me disais que j’allais écrire un roman un jour. J’ai commencé souvent, même parfois des trucs qui avaient une centaine de pages, mais j’arrêtais. C’est la pandémie qui m’a donné du temps [pour écrire]. C’est là que j’ai pu finir par terminer [un projet], pour une fois », confie-t-elle.

« Ce qui me bloquait parfois dans l’écriture auparavant, c’est que j’aurais aimé être Camus et écrire L’étranger, ajoute-t-elle en riant au fil de l’entretien. À un moment donné, tu réalises que tu ne pourras pas faire ça et que tu peux seulement faire ce que tu es capable de faire. Donc, je me suis mise à faire du Dominique Chicoine. Je ne sais pas si ça ressemble à quelqu’un d’autre, mais c’est assumé. C’est la langue que j’aime, que j’aime lire, avec des dialogues assez directs. J’aime que ça ne soit pas trop expliqué, que ce soit plus montré. »

Au départ, son livre n’était pas destiné à un public adolescent et il se déroulait sur une période de 60 ans. C’est lorsque Boréal – l’un des nombreux éditeurs à qui elle a soumis son roman – lui a signifié son intérêt que l’idée d’en faire plutôt un roman jeunesse a été soulevée.

« Je n’avais jamais lu de romans jeunesse, lance en toute honnêteté l’enseignante. Je ne connaissais pas ça, mais j’étais game d’essayer. »

« J’ai vraiment aimé le travail de réécriture, poursuit-elle. C’est drôle parce que, mes étudiants, c’est ce qu’ils n’aiment pas. Mais d’avoir un regard extérieur pour que mon histoire soit encore meilleure, j’ai adoré ça. Je n’avais aucune frustration. J’avais complètement confiance [en l’équipe de Boréal]. »

Un lancement s’est tenu à la librairie L’Intrigue, le 22 février, afin de souligner cette première parution de Dominique Chicoine.

Maintenant que les portes du monde de l’édition lui ont été ouvertes, la Maskoutaine espère que ce ne sera que le début de son aventure en tant qu’auteure.

« C’est sûr que je vais vouloir écrire un autre roman, confirme-t-elle, sourire en coin. Est-ce que je continuerai dans le roman jeunesse? Pour le moment, je penche plus pour le roman adulte. » À suivre, donc.

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