18 août 2022 - 07:00
Un prête-nom à la tête de Pâtisserie Gaudet
Par: Martin Bourassa
Les vrais actionnaires de Pâtisserie Gaudet n’apparaissent pas au Registraire des entreprises du Québec, a constaté LE COURRIER. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les vrais actionnaires de Pâtisserie Gaudet n’apparaissent pas au Registraire des entreprises du Québec, a constaté LE COURRIER. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Bien malin qui aurait été en mesure d’identifier avec précision le nom du propriétaire de la Pâtisserie Gaudet d’Acton Vale il y a une semaine à peine. Les vrais actionnaires de l’entreprise ont eu recours à un prête-nom pour taire leur implication, a appris LE COURRIER.

Selon le Registre des entreprises du Québec, le propriétaire de contrôle de Pâtisserie Gaudet se nomme David-Alexandre Genest, un avocat de Montréal. Or, ce dernier a catégoriquement nié l’information en entrevue au journal.

« Je ne suis pas le propriétaire, je suis avocat. J’ai agi comme prête-nom tout simplement. Je n’ai jamais été gestionnaire et je n’ai jamais été payé pour le faire. C’est faux de prétendre que cette entreprise est à moi, mais je comprends que les apparences peuvent être trompeuses quand on se fie au registre. Je n’ai aucune idée de ce qui a pu se produire, mais la faillite m’attriste, c’est évident. »

Le syndic au dossier nous a confirmé que les actionnaires de contrôle et propriétaires de Pâtisserie Gaudet étaient en réalité Salvatore Novello et Carlo Camalleri. Il s’agit de deux dirigeants de la société Emballages Netpak, une entreprise spécialisée dans l’emballage pour l’industrie alimentaire et qui était aussi l’un des fournisseurs de Pâtisserie Gaudet.

Le syndic Benoit Fontaine a précisé au COURRIER que le nom de David- Alexandre Genest n’apparaît nulle part parmi les actionnaires, bien que ce soit ce nom qui figure sur le bilan de faillite à titre de représentant officiel assermenté de l’entreprise.

Selon nos informations, messieurs Novello et Camalleri ont acquis l’entreprise valoise lorsqu’elle a été vendue par ses anciens propriétaires, la famille Joly, en 2015. À ce moment, les médias avaient annoncé que la vente avait été faite à l’ancienne directrice générale Lyne Lamothe et à un groupe d’investisseurs. Jamais l’identité de messieurs Novello et Camalleri n’avait été mentionnée. Ils auraient racheté les parts de Mme Lamothe en 2017.

En 2019, l’arrivée de nouveaux administrateurs avait ensuite été saluée dans un reportage de l’hebdomadaire La Pensée de Bagot à Acton Vale. Le directeur général était alors présenté comme étant Georges Berbari, qui se présente sur le réseau LinkedIn comme directeur général de Netpak-Gaudet. Nous avons tenté de le joindre chez Netpak où l’on nous a indiqué qu’il n’était plus à l’emploi de l’entreprise depuis une semaine, ce qui coïncide avec la faillite de Gaudet.

On croit comprendre que le recours à un prête-nom avait pour but d’éviter d’éveiller l’attention des autres clients de Netpak et compétiteurs de Gaudet. Or, il semblerait que l’implication de Netpak au sein de Gaudet était devenue un secret de polichinelle dans l’industrie.

« C’était connu oui, en tout cas je le savais, a commenté Denis Martin, président directeur général de Martin Dessert. Ce qui m’étonne, c’est plutôt d’apprendre que le nom des dirigeants de Netpak n’apparaissait pas au Registre des entreprises. »

Les noms de Netpak et de sociétés qui lui sont apparentées ou à ses dirigeants apparaissent toutefois noir sur blanc sur la liste des créanciers non garantis de Pâtisserie Gaudet et compte tous ensemble pour plus de 7,6 des 23,8 M$ des dettes de Gaudet.

Les dirigeants d’Emballages Netpak n’ont pas rappelé LE COURRIER. David-Alexandre Genest nous a fait savoir hier que les propriétaires ne donneraient pas d’entrevue à ce stade-ci.

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