13 décembre 2018 - 12:01
Nouveau zonage au centre-ville
Un processus impossible à bloquer
Par: Benoit Lapierre
Riche de son expérience de 2017 dans le dossier Réseau Sélection, un projet de tour de 15 étages qui avait suscité une forte opposition citoyenne, la Ville de Saint-Hyacinthe a changé d’approche dans sa volonté de densifier le centre-ville, près de la rivière, avec le concours des promoteurs immobiliers.

Elle a agi cette fois de manière à priver la population des leviers qui auraient pu lui permettre de bloquer le processus si elle avait procédé par de simples modifications du zonage (voir autre texte).

« Pour réaliser la vision que nous a proposée le consultant Daoust Lestage et à laquelle adhère tout le conseil municipal, il y avait une solution simple : ajuster notre plan d’urbanisme. La loi n’exige pas qu’il y ait toujours possibilité de contestation, et ça accélère le processus pour tout mettre en place […] Il y a un potentiel incroyable de développement résidentiel en bordure de la rivière », a répondu lundi le directeur général, Louis Bilodeau, au point de presse sur le PTI.

Il reconnaît donc que l’un des résultats recherchés par cette modification du plan d’urbanisme était de prévenir les blocages possibles puisque la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme ne prévoit aucune étape d’approbation populaire en pareil cas (voir autre texte).

Les promoteurs dans le coup

À la séance d’information du 7 novembre sur « le concept de la future Promenade Gérard-Côté et l’état d’avancement de divers sujets d’intérêt concernant le centre-ville », la Ville n’a pas tout dit aux citoyens qui avaient répondu à l’invitation, mais les promoteurs immobiliers présents savaient, eux, qu’elle préparait une importante modification du plan d’urbanisme visant à densifier le centre-ville sans rencontrer d’obstacles.

« Nous avons interpelé les promoteurs et nous les avons invités à se manifester. Qui seront-ils? On ne peut pas encore le définir, mais on espère avoir du monde qui va le faire. On leur dit : manifestez-vous », a admis le maire Claude Corbeil. Il affirme que, même si beaucoup de choses sont maintenant décidées, le nouveau comité Chantier centre-ville sera utile, notamment à l’intérieur du volet commercial.
La firme Réseau Sélection a-t-elle gardé le contact avec la Ville? M. Corbeil ne l’a pas confirmé, mais il n’a pas nié non plus. De même, personne n’a répondu par la négative lorsque LE COURRIER a demandé aux représentants de la Ville si celle-ci avait relancé son opération d’achats d’immeubles dans le secteur, rue Saint-Simon notamment, comme le veut une rumeur qui circule. « Il n’y a rien d’officiel et même s’il y en avait, on ne vous le dirait pas. Il faut négocier », a glissé le directeur des Finances, Michel Tardif, sourire en coin.

Mais sur ce point, la directrice générale adjointe, Chantal Frigon, a été catégorique : si la Ville fait d’autres acquisitions, ces espaces demeureront des biens publics. « La Ville n’achète pas de terrain pour eux [les promoteurs] », soutient-elle. Notons qu’une dépense de 2 575 500 $ est est prévue pour d’autres achats de propriétés en 2019.

Si toutes les transformations planifiées par la Ville à l’est de la rue Marguerite-Bourgeoys se concrétisent, le stationnement public qui s’y trouve et qui dessert notamment le Centre des arts avec ses 249 cases aura totalement disparu à plus ou moins brève échéance. Cette perte sera en partie compensée par les 52 cases créées en 2017 par la démolition de trois édifices à logements à l’angle Marguerite-Bourgeoys et Mondor – la Ville prévoit l’asphalter l’an prochain – et du nouveau stationnement qui longera la rue Mondor, une fois démolie une autre série de bâtiments. Il comptera « près de 80 cases » et sera aménagé en 2019 au coût de 175 000 $. Le maire Corbeil signale que des cases tarifées au centre-ville redeviendront gratuites et que la Ville pourra aussi utiliser les 140 cases disponibles derrière l’édifice de la Fédération des caisses Desjardins, lequel abritera la nouvelle Bibliothèque T.-A.-St-Germain vers 2020. « On va s’ajuster au fur et à mesure », promet-il.

Caron d’accord

Croisé à l’hôtel de ville après le point de presse, le conseiller du district Cascades, Jeannot Caron, a réagi comme un élu qui endosse totalement le projet de densification du centre-ville, lorsqu’interpelé par LE COURRIER. « Si vous me posez des questions, je vais vous répondre la même chose que lui », a-t-il lancé, en pointant Louis Bilodeau, qui venait de passer.

En 2017 pourtant, M. Caron avait combattu le projet Réseau Sélection durant sa campagne électorale. Il s’opposait entre autres à la disparition du stationnement qui se trouve du côté ouest du Centre des arts, le site choisi pour la tour. « Je n’approuve pas ce projet-là, pas de la façon dont il a été présenté et surtout pas au centre-ville », avait-il déclaré en annonçant sa candidature aux élections.

Il disait préconiser une vision d’avenir respectueuse du caractère à la fois historique, patrimonial, communautaire et commercial du centre-ville.

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