20 octobre 2022 - 07:00
Un professeur de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe honoré
Par: Adaée Beaulieu
Le Dr David Silversides, de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, a remporté un prix de l’Association canadienne des médecins vétérinaires. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le Dr David Silversides, de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, a remporté un prix de l’Association canadienne des médecins vétérinaires. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le Dr David Silversides, qui travaille depuis 32 ans comme professeur titulaire au département de biomédecine vétérinaire de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, a reçu dernièrement le Prix du praticien des petits animaux de l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV).

Cette récompense reconnaît sa contribution à la pratique et à l’avancement de la médecine des animaux de compagnie grâce à son site web Labgenvet.ca. « L’objectif est de faire le lien entre ce qui se passe en génétique, en médecine vétérinaire et ce qui concerne les éleveurs », explique le professeur.

Labgenvet.ca, qui signifie Laboratoire de génétique vétérinaire, a été créé il y a environ six ans pour répondre à une lacune, soit l’absence d’informations scientifiques en français sur les mutations de l’ADN qui causent les maladies génétiques simples chez les animaux de compagnie. Dr Silversides a fait une relecture des écrits scientifiques publics en anglais sur le sujet et en a fait une traduction vulgarisée. Il indique que sa contribution en est une d’éducation.

Le site web dispose d’un outil de recherche pour la base de données sur les maladies génétiques grâce au codage réalisé bénévolement par le Dr Guy Labbé alors qu’il était étudiant de cinquième année à la Faculté. De plus, pour chaque race de chien, il est possible de savoir le risque de contracter la maladie par le biais de la fréquence des mutations des maladies génétiques indiquée en pourcentage.

« Récemment, il y a eu une évolution dans les connaissances et les technologies génétiques. Avant, toutes les maladies génétiques simples étaient acceptées, car nous n’avions pas le choix. Maintenant, nous pouvons identifier les animaux porteurs », raconte-t-il.

Dr Silversides a fait lui-même sa part pour identifier les animaux porteurs, mais qui ne sont pas malades pour autant, en réalisant des tests ADN pendant onze ans, soit jusqu’en 2021. Il n’a pas voulu expliquer pourquoi ceux-ci ont pris fin. L’identification des animaux porteurs permet d’éviter de les faire se reproduire entre eux et donc d’éliminer les maladies génétiques simples. De façon théorique, une maladie peut être éliminée en une génération, soit deux ans chez les chiens, et une mutation de celle-ci en deux générations. Les tests ADN peuvent être réalisés peu importe l’âge de l’animal et même avant qu’il ne soit porteur d’une maladie génétique.

Un autre outil intéressant sur le site web est la calculatrice de consanguinité qui permet de savoir à quel point deux animaux domestiques sont semblables et donc de voir s’il est préférable qu’ils ne se reproduisent pas entre eux. C’est l’ingénieur Benoît Bouchard qui a réalisé bénévolement le codage pour cet outil.

De façon générale, c’est la femme du vétérinaire, Diana Raiwet, qui s’est occupée de mettre à jour le site web régulièrement. Dr Silversides désire, pour sa part, en faire un projet de retraite et souhaite ensuite trouver de la relève. Il ne désire pas vendre son site web à des intérêts privés.

Faire bouger les choses

« Les connaissances et les technologies nous donnent le pouvoir de faire disparaître les maladies génétiques simples. Il y a eu des avancées depuis environ 10 à 15 ans, mais ce n’est pas facile d’introduire quelque chose de nouveau dans un système établi. Avec le pouvoir vient une responsabilité collective de faire quelque chose », déclare Dr Silversides.

« Ce qu’il manque, c’est le vouloir politique et collectif de faire avancer les choses », ajoute-t-il.

Il explique que le fait qu’il y a de nombreux éleveurs canins complique aussi les choses. Il donne l’exemple des porcs qui ne sont plus porteurs de maladies génétiques simples depuis les années 1990, car les grandes compagnies de génétique ont agi. Il indique néanmoins que des progrès sont possibles chez les chiens par exemple. Une association d’éleveurs de Setters irlandais s’est d’ailleurs mobilisée à la même époque pour enrayer une maladie génétique spécifique.

Pour Dr Silversides, ce prix représente une valorisation de tout le travail accompli. C’est d’ailleurs la première fois en environ 15 ans que le prix est remis à une vétérinaire du Québec.

« Je rame à contre-courant. Je suis en compétition avec beaucoup de choses importantes déjà établies. Ce n’est pas facile de faire de nouvelles choses », conclut-il.

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