« Au départ, c’était censé être un musée régional avec Expression et le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. Ensuite, ça a fait place à un complexe culturel [regroupant les deux organismes] avec la bibliothèque sous un même toit, puis, à partir de 2017, c’est devenu le pôle culturel », s’est remémoré le directeur général d’Expression, Marcel Blouin, dans une entrevue accordée au COURRIER plus tôt cette année.

M. Blouin est d’ailleurs la seule personne toujours impliquée dans le projet de pôle culturel à avoir participé aux différentes étapes depuis le jour 1.

Les balbutiements du projet avaient pris la forme d’une résolution adoptée par la Ville de Saint-Hyacinthe, en 2008, afin qu’Expression devienne un musée régional en collaboration avec le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, a-t-il rappelé.

Près de quatre ans plus tard, en 2012, l’inclusion de la bibliothèque T.-A.-St- Germain dans le projet a fait surface. L’idée était de regrouper les trois organismes sous un même toit dans un complexe culturel. Une table de concertation avait d’ailleurs été créée et elle réunissait notamment les présidents et les directeurs de chaque organisme. La conseillère municipale actuelle du district Bois-Joli, Claire Gagné, était la présidente de la Médiathèque maskoutaine à ce moment.

Le projet a pris une tournure inattendue en 2017 lorsque l’idée d’un complexe culturel a été abandonnée au profit de celle d’un pôle culturel. Plutôt que d’être regroupés sous un même toit, les trois organismes visés allaient plutôt être logés dans des immeubles séparés au sein d’un même quadrilatère avec l’achat par la Ville de l’église Notre-Dame-du-Rosaire, du monastère des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang et, finalement, du bâtiment vendu par la Fédération des caisses Desjardins au coin de l’avenue Bourdages et de la rue Girouard Ouest.

Dans la foulée de ces changements, l’idée d’un musée régional d’art et de patrimoine regroupant Expression et le Centre d’histoire a également été abandonnée afin que chacun continue de se consacrer à une mission distincte. C’est à ce moment qu’il a été décidé qu’Expression allait devenir un musée d’art et de société, pour lequel il continuera de mettre en valeur l’art contemporain tout en partageant des objets témoignant des réalités régionales.

Les premiers seront les derniers

Même si elle a été la dernière à grossir les rangs de ce qu’est devenu le pôle culturel, la bibliothèque T.-A.-St-Germain est pourtant la première à avoir emménagé dans ses nouveaux locaux, cet automne. Pendant ce temps, Expression et le Centre d’histoire continuent d’attendre de leur côté.

« Je ne suis pas surpris parce qu’à partir du moment où il y a eu le projet de complexe culturel, on voyait bien que le gros joueur, c’était elle, avait affirmé Marcel Blouin en début d’année. Si on compare les budgets aussi, ça n’a rien à voir. Même chose pour le service à la population. Les bibliothèques aujourd’hui, oui il y a des livres, mais elles sont devenues des lieux où les gens peuvent aller se détendre aussi. Elles jouent un rôle social, même au-delà de la culture, des connaissances et de l’éducation. »

Selon les projections actuelles de la Ville, il serait étonnant de voir le musée d’art et de société se réaliser d’ici les cinq prochaines années. Certes, le DG d’Expression aimerait que le dossier progresse plus rapidement, mais il se montre patient.

« Le pôle culturel, où on en est rendu avec les coûts [projetés] et l’avancement, je vois quand même ça d’un bon œil, mais c’est sûr qu’on peut être déçu du temps que ça prend et aussi de la facilité – ou de la non-facilité – que la Ville a à travailler avec les autres paliers gouvernementaux. »

À terme, Marcel Blouin est convaincu que le projet de musée d’art et de société sera important pour la pérennité d’Expression, en plus d’être majeur pour la région maskoutaine.

« En faisant un musée, ça consolide notre place à long terme. Il n’y a pas de musée à Saint-Hyacinthe, donc il est temps qu’il y en ait un », a conclu M. Blouin.