21 mai 2015 - 00:00
Patrimoine industriel
Un promoteur granbyen défend E.T. Corset
Par: Benoit Lapierre
Pierre Laflamme devant l’Imperial Tobacco, cet ancien complexe industriel de Granby pour lequel il a eu un coup de coeur il y a cinq ans. Photo Alain Dion | La Voix de l’Est

Pierre Laflamme devant l’Imperial Tobacco, cet ancien complexe industriel de Granby pour lequel il a eu un coup de coeur il y a cinq ans. Photo Alain Dion | La Voix de l’Est

Pierre Laflamme devant l’Imperial Tobacco, cet ancien complexe industriel de Granby pour lequel il a eu un coup de coeur il y a cinq ans. Photo Alain Dion | La Voix de l’Est

Pierre Laflamme devant l’Imperial Tobacco, cet ancien complexe industriel de Granby pour lequel il a eu un coup de coeur il y a cinq ans. Photo Alain Dion | La Voix de l’Est

Le nouveau propriétaire de l’ancienne usine Imperial Tobacco, de Granby, Pierre Laflamme, a tout tenté ces derniers jours pour empêcher qu’à Saint-Hyacinthe, l’irréparable soit commis dans le dossier E.T. Corset.

En apprenant que le plus vieux bâtiment industriel de Saint-Hyacinthe était menacé de démolition, M. Laflamme a vivement réagi, « par solidarité » dit-il, envers les Maskoutains qui chérissent leur ville et son histoire. Il a tout de suite contacté le maire Claude Corbeil, de même que le promoteur Stéphane Arès, le demandeur d’un permis pour démolir la E.T. Corset, datant de 1892.

« Il y a des gens qui aiment faire de l’argent en démolissant et d’autres, en conservant des choses. Le maire Corbeil m’a demandé si j’étais allé voir en dedans, comme il l’a fait avec le promoteur et son expert. Je lui ai répondu : quand tu veux démolir, tu mandates quelqu’un qui va venir convaincre tout le monde qu’il n’y a plus rien de bon dans le bâtiment. Cette chanson-là, ce n’est pas la première fois que je l’entends. »

M. Laflamme signale que la Régie du bâtiment n’est pas venue dire que la E.T. Corset était dangereuse et qu’elle devait être démolie. Il en conclut que la seule raison pour laquelle le promoteur Arès veut la raser, c’est qu’il estime la somme de travail trop importante pour restaurer l’ancienne usine. « Mais est-ce que c’est rentable de récupérer et de convertir un édifice patrimonial? Si ça ne l’était pas, je ne serais plus à Granby depuis cinq ans. »

C’est au printemps 2010 que ce promoteur montréalais a fait l’acquisition, sur un coup de coeur, de la majeure partie du vieux complexe industriel Imperial Tobacco, de la rue Cowie à Granby. L’ensemble était demeuré durant 38 ans la propriété de l’homme d’affaires Gérald Scott, qui louait des espaces à des artistes locaux. M. Laflamme a acquis les grands bâtiments du côté sud de la rue pour une somme proche de leur évaluation municipale – 1,6 million $ – et a accéléré leur transformation en lofts multi-usages : des logements, mais aussi des ateliers dont sont friands les artistes et des travailleurs autonomes comme les graphistes et les techniciens en informatique. « Il y a près de 200 personnes qui vivent et travaillent à l’Impérial. J’ai 70 locataires, et il y en avait 40 au début. J’ai doublé mon chiffre d’affaires en cinq ans », souligne-t-il avec fierté. Lui qui a maintenant changé 200 des quelque 700 fenêtres d’origine qui garnissent les murs de ses vieux bâtiments mentionne que l’Imperial et la E.T. Corset ont été conçues avec les mêmes techniques et les mêmes matériaux, comme ces grosses poutres en cèdre de l’Ouest d’une autre époque. « Dans 100 ans, tout ça sera encore debout, et Granby conservera un bel héritage de son passé. Mais les petits condos blancs que M. Arès veut construire à la place de la E.T. Corset, ils auront été défaits rendu-là. J’ai parlé cinq minutes avec lui au téléphone. Je lui ai proposé de lui racheter la E.T. Corset pour 400 000 $ (il l’a payée 350 000 $ ce printemps), mais il m’a répondu qu’il n’en était pas question et qu’il faudrait que je lui en donne beaucoup plus. »

Pierre Laflamme trouverait désolant que la Ville de Saint-Hyacinthe accorde le permis de démolition sans prendre au moins la peine de demander une contre-expertise par un consultant indépendant qui s’y connaît en bâtiment ancien. « Que la Ville ne protège pas son plus vieux bâtiment industriel parce que quelqu’un, dont l’intention est connue, lui a dit qu’il n’y avait rien à faire avec, je trouve ça assez effrayant. Il y en a plein, des projets de revitalisation. À Coaticook, la Ville a été assez intelligente il y a 10 ans pour protéger la Belding Cortichelli quand un promoteur a voulu l’acheter pour récupérer la brique. L’usine vient d’être transformée en hôtel par le même promoteur belge qui a réalisé les lofts commerciaux du Château Saint-Ambroise, à Montréal (ancien compexe industriel Merchant Mills and Co.). Dans le Mile End, Ubisoft (jeux vidéo) a aussi installé ses ateliers dans une ancienne usine de textile. À San Francisco, à New York, partout on met en valeur le patrimoine industriel », fait valoir Pierre Laflamme.

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