Une année terrestre relate ainsi en toute intimité l’expérience de la maternité de Sarah Brunet Dragon, une grossesse somme toute normale, selon la principale intéressée. « Donner la vie, c’est aussi en quelque sorte une année où on se met au monde soi-même. Ça change beaucoup de choses, dont notre regard sur le monde », soutient-elle. Cela a aussi changé sa façon d’écrire, elle qui avait à la fois « beaucoup de temps, mais pas de temps » pour le faire. « Plus rien ne fonctionne comme avant : je dormais mal et j’avais le cerveau plus brumeux », relate-t-elle.
Cela ne l’a tout de même pas empêchée d’écrire dès les premiers mois de sa grossesse jusqu’à quelques jours après son accouchement, à l’été 2019. Certains de ses poèmes ont été écrits dans les 24 heures suivant son accouchement! « Par la suite, ça a été de la réécriture et beaucoup de macération. » Belle coïncidence, elle était à nouveau enceinte au moment de la réécriture, ce qui lui a permis d’être « encore à l’affût de ses sensations » à cette étape.
Sarah Brunet Dragon voit Une année terrestre comme un « album photo », des petits moments transformés en poèmes intimes avec chacun leur titre. Elle n’irait pas jusqu’à dire que ce recueil est « universel », mais croit que beaucoup de personnes se reconnaîtront à travers ses textes, même des femmes qui n’ont pas connu la maternité. « Pour moi, la maternité a été une révélation, une expérience humaine et je pense que ça peut rejoindre toute personne qui a aussi connu des expériences humaines transformatrices. »
Trash, une naissance?
Notons que si le titre peut laisser place à interprétation quant au thème abordé dans le recueil, l’image en couverture est beaucoup plus évidente : on y voit un corps féminin couvert d’une serviette et d’un placenta et un petit pied de bébé y apparaît. L’autrice nous apprend qu’il ne s’agit pas d’une photo « stagée ».
« C’est une photo prise lors d’une véritable naissance, avec l’autorisation de la maman bien sûr! Je tenais à mettre ce genre de photo en couverture; pour moi, c’était naturel, mais je me suis surprise à devoir défendre ce choix. C’est drôle de penser que ça peut être trash de présenter quelque chose d’aussi commun, d’aussi naturel qu’une naissance! », philosophe-t-elle.
L’autrice estime aussi que son recueil présente la maternité sous un jour différent de ce qu’on trouve maintenant dans le discours culturel. « On voit de plus en plus la mère imparfaite, qui regrette d’avoir eu des enfants. On dirait que c’est vieux jeu de vouloir un enfant. J’ai écrit d’un point de vue d’une femme qui aime la maternité, qui vit une grosse normale avec ses contraintes normales. La maternité, ça peut être souhaitable et beau », soutient-elle.
Celle qui habite maintenant à Mont-Saint-Hilaire n’a aucun autre livre en chantier en ce moment et il n’est pas certain qu’elle aborde à nouveau la maternité dans un prochain ouvrage. « J’ai l’impression que j’aurais de la misère à ne pas me répéter, mais la maternité est un vaste sujet et, assurément, ce que j’ai vécu va imprégner la suite des choses », commente-t-elle.