16 juillet 2020 - 13:54
Demande de dézonage de la MRC dans le dossier Exceldor
Un refus préliminaire de la CPTAQ
Par: Martin Bourassa

La CPTAQ laisse entrevoir un autre rejet de la demande d’agrandissement du parc industriel Olivier-Chalifoux en zone agricole, ce qui risque de compromettre le projet d’Exceldor. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La CPTAQ laisse entrevoir un autre rejet de la demande d’agrandissement du parc industriel Olivier-Chalifoux en zone agricole, ce qui risque de compromettre le projet d’Exceldor. Photo François Larivière | Le Courrier ©

C’est une véritable douche froide que vient de servir la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) à la MRC des Maskoutains, à la Ville de Saint-Hyacinthe et à l’entreprise Exceldor. Dans une orientation préliminaire rendue le 29 juin, en prévision d’une décision finale, elle vient de refuser le dézonage d’une superficie agricole de 23,64 hectares. Celle-ci devait permettre l’agrandissement du parc industriel Olivier-Chalifoux et ultimement servir à l’aménagement d’un abattoir Exceldor.

C’est la deuxième fois en l’espace de deux ans que la CPTAQ sert une orientation préliminaire défavorable dans ce dossier. À la première occasion, cette demande était portée par la Ville de Saint-Hyacinthe. Ce n’est que 11 mois après l’orientation préliminaire négative que la CPTAQ avait confirmé sa décision. Au lieu de contester celle-ci, la Ville de Saint-Hyacinthe avait plutôt décidé de refiler la balle à la MRC. C’est cette dernière qui est revenue à la charge devant la CPTAQ le printemps dernier, en reprenant essentiellement le même argumentaire que la Ville de Saint-Hyacinthe.

Avec un résultat identique jusqu’ici. Dans l’orientation préliminaire, dont LE COURRIER a obtenu copie, la CPTAQ ne paraît pas tellement impressionnée par la stratégie employée par la Ville de Saint-Hyacinthe et la MRC des Maskoutains.

La nouvelle demande visait les mêmes fins et la même superficie, avec sensiblement le même argumentaire et les mêmes pièces justificatives, que la demande précédente qu’elle avait été en mesure d’apprécier et de rejeter.

« La Commission estime que la présente demande ne se distingue pas suffisamment de la demande précédente pour justifier une appréciation différente. »

Aux yeux de la Commission, l’issue semble toute désignée : la démonstration faite par la Ville que peu d’espaces sont disponibles pour le développement industriel hors de la zone agricole conjuguée aux conditions agricoles exceptionnelles du secteur incite à penser que le développement industriel doit aussi prendre en considération d’autres ressources que les terres agricoles environnantes. « La Commission estime encore plus pertinent l’élément de densification des espaces disponibles hors de la zone agricole et le regard vers d’autres municipalités de la MRC semble plus que jamais les avenues à considérer. La Commission va plus loin, la vision des autres espaces doit dépasser les limites de la présente MRC compte tenu de la très grande qualité des sols et de la portée plus que régionale de l’entreprise Exceldor. Quant à la disponibilité de la main-d’œuvre de Saint-Hyacinthe, la Commission s’interroge sur cette motivation que créerait l’entreprise et du bassin de candidats réellement disponibles localement. »

Premières réactions

Invité par LE COURRIER à commenter ce nouveau développement dans le dossier, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, a reconnu sans détour qu’il s’agit d’un revers important. « Je suis extrêmement déçu et préoccupé pour la suite du dossier », a-t-il admis, rappelant l’investissement qui est en jeu ici : 200 M$ et 600 emplois, peut-être le double à terme.

M. Corbeil a indiqué que les différents partenaires impliqués se rencontreront la semaine prochaine pour « faire le tour » de cette orientation et convenir de la posture à adopter pour la suite. « On ne baisse pas les bras », a-t-il bien spécifié, tout comme lorsque la première décision défavorable était tombée.

Même son de cloche du côté de la préfet de la MRC des Maskoutains, Francine Morin, qui ne cache pas sa déception face à cette orientation défavorable qui touche aussi les employés actuels et futurs de l’entreprise ainsi que le monde agricole. « L’agroalimentaire, c’est ici que ça se passe », a-t-elle lancé pour illustrer l’importance de conserver Exceldor chez nous.

Mme Morin veut également prendre le temps d’analyser avec ses partenaires les différentes stratégies pour parvenir au résultat souhaité.

Demanderesse dans le dossier, la MRC a jusqu’à la fin juillet pour présenter ses observations écrites ou pour demander une rencontre publique avec la Commission, dans l’espoir de renverser la vapeur en vue de la décision finale dans ce dossier.

Avec la collaboration de Rémi Léonard

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