7 mai 2020 - 14:09
Un retour en classe nécessaire, selon les pédiatres
Par: Rémi Léonard
Le Dr Jocelyn Lavigne voit d’un bon œil le retour en classe des élèves après six semaines loin de leurs camarades. Photo Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est

Le Dr Jocelyn Lavigne voit d’un bon œil le retour en classe des élèves après six semaines loin de leurs camarades. Photo Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est

Partagés entre le désir de voir les enfants reprendre un semblant de vie normale et l’inquiétude de les exposer à la COVID-19, tous les parents ont une décision délicate à prendre ces jours-ci. Alors, à l’école ou à la maison?

Devant ce dilemme, les pédiatres du Québec ont pris position dès le 23 avril en faveur du retour en classe pour la grande majorité des enfants. C’est qu’il y a « plus d’avantages que d’inconvénients » à reprendre la scolarisation à ce moment-ci, a résumé le Dr Jocelyn Lavigne, chef du département de pédiatrie du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, au cours d’une rencontre de presse téléphonique.

C’est particulièrement vrai pour les élèves qui connaissaient déjà des difficultés d’apprentissage avant le confinement et pour qui un prolongement pourrait contribuer à « creuser l’écart » avec leurs camarades, a évoqué le Dr Lavigne. Plus largement, le médecin spécialiste soutient que la « situation d’isolement » dans laquelle se trouvent certains enfants ne peut durer indéfiniment. Pour assurer un développement sain, ils doivent en effet pouvoir « entrer en relation avec leurs pairs », a-t-il rappelé. Des propos qui rejoignent ceux du gouvernement Legault, qui insiste beaucoup depuis quelques jours sur les impacts du confinement sur la santé mentale des Québécois, enfants comme aînés.

D’autres signaux comme la chute des signalements à la DPJ, l’arrêt de la distribution des petits déjeuners dans les écoles ou la diminution des soins de première ligne font aussi dire aux pédiatres du Québec que les « dommages collatéraux d’un confinement prolongé sont déjà trop nombreux et inquiétants », a statué leur association.

En contrepartie, les risques associés à la COVID-19 chez les enfants restent faibles. Cette maladie n’est « pas dangereuse pour la très vaste majorité » d’entre eux, affirme l’Association des pédiatres du Québec, qui en arrive à une position limpide : « un retour progressif à la vraie vie pour nos enfants n’est pas seulement souhaitable, il est nécessaire ».

C’est en effet davantage pour les personnes vulnérables, en particulier les aînés, qu’il faut rester prudent. Plusieurs s’inquiètent ainsi que les enfants de retour à l’école deviennent des vecteurs de la maladie, une crainte qui n’est pas encore confirmée. Inévitablement, le respect des consignes de distanciation sociale dans toute la population restera certainement un impératif.

Au choix des parents

Disant tout même bien comprendre l’inquiétude des parents, le Dr Lavigne leur rappelle que la décision finale leur appartient et qu’ils doivent faire un choix avec lequel ils seront « confortables ». Les cas plus particuliers où il est déconseillé que l’enfant retourne à l’école concernent surtout les maladies auto-immunes, cardiaques ou pulmonaires.

Rien n’indique que les enfants atteints d’autres types de maladies chroniques sont plus affectés par le coronavirus, a indiqué le pédiatre. Dans tous les cas, mieux vaut consulter son médecin si l’enfant a un problème de santé.

Pour ceux qui feront le choix de reprendre l’école, le Dr Lavigne conseille d’être à l’affût de l’apparition de symptômes, les plus fréquents étant la fièvre, la toux et la perte du goût et de l’odorat. Plus récemment, il a aussi été observé que les enfants atteints pouvaient développer une rougeur ou une teinte violacée sur un orteil, ou plus rarement le doigt. Il réfère aussi au guide d’autosoins du gouvernement que tous les foyers ont reçu par la poste il y a maintenant quelques semaines.

Plus simplement, le pédiatre recommande également d’adopter de saines habitudes de vie (alimentation, sommeil, activité physique) pour être prêt à affronter le coronavirus, mais aussi d’autres maladies, et ce, même si « le risque zéro n’existe pas », a-t-il rappelé.

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