Sur la liste dressée par la LNH, le porte-couleurs du Drakkar de Baie-Comeau apparaît au 62e rang des patineurs nord-américains au classement des espoirs. Seulement cinq joueurs de la LHJMQ le devancent sur cette liste non exhaustive.
« Je suis excité, confie Alexis Bernier en entrevue avec LE COURRIER à l’approche du moment tant attendu. C’est un rêve d’enfant, c’est sûr. Mais je ne tiens rien pour acquis. Ce n’est rien de garanti pour le futur, mais en étant repêché, ça me donnera la possibilité d’aller au camp d’entraînement [d’une équipe] et d’ensuite prouver que c’était une bonne décision de leur part. »
Réputé pour son efficacité défensive, son jeu physique et son aisance dans les deux sens de la patinoire, le hockeyeur de 6’1’’ et 196 lb a néanmoins dû faire preuve de résilience et d’abnégation dans sa jeune carrière pour espérer un jour être repêché dans la LNH.
« Je n’ai jamais été sur les radars [des programmes nationaux], relate avec humilité l’ancien des Gaulois de Saint-Hyacinthe. Je ne suis pas le gars le plus flamboyant sur la glace. Je n’ai jamais été invité au camp d’Équipe Québec ou d’Équipe Canada. Après mon année M18 AAA, les 100 meilleurs joueurs au Canada étaient invités à un camp et je n’avais pas reçu d’invitation. Puis, cette année, au Combine [de la LNH], j’étais parmi les 100 meilleurs joueurs au monde de mon âge. J’ai toujours élevé mon niveau et travaillé plus fort à la suite de déceptions pour m’en servir comme motivation. »
Au Combine, où les meilleurs espoirs de la LNH se livrent à différents tests physiques, Alexis Bernier a d’ailleurs impressionné. Il a notamment obtenu le deuxième meilleur résultat au test de la puissance moyenne développée au vélo, le cinquième au saut en longueur sans élan et le septième à un test d’agilité.
Le défenseur s’est aussi démarqué sur la patinoire tout au long de la saison avec le Drakkar de Baie-Comeau. En plus de participer aux succès collectifs de l’équipe, qui a été championne de la saison régulière et finaliste des séries éliminatoires dans la LHJMQ, le Valériennois a présenté l’un des meilleurs différentiels de tout le circuit chez les défenseurs en terminant la saison à +38, et ce, alors qu’il était utilisé plus de 20 minutes par match (22 ou 23 minutes en moyenne, précise-t-il).
« J’avais un rôle important avec l’équipe cette saison. Je jouais dans toutes les situations, autant en avantage numérique qu’en désavantage numérique. »
Alexis a aussi contribué offensivement plus qu’à son habitude avec une récolte de 31 points en 67 matchs, une production presque deux fois plus grande que la saison précédente.
« Plus jeune, j’étais plus défensif, mais je développe davantage mon jeu offensif depuis quelques années. Ce n’est pas mon principal atout, mais c’est un plus qui peut me servir », analyse-t-il.
« Je suis un défenseur capable de jouer dans toutes les situations et qui peut amener du jeu physique, ajoute-t-il plus tard dans la conversation. Il y a un côté mean [méchant] dans mon jeu et il n’y a plus beaucoup de défenseurs comme ça. Ils sont tous axés sur l’offensive et veulent être le prochain Cale Makar, mais mon intensité et ma discipline peuvent m’aider. Ma progression a été très bonne dans les dernières années, donc si je continue comme ça, en faisant confiance à mes valeurs et à mon identité sur la glace, je pense que je peux faire ma place. »
L’expérience de son père
Alexis Bernier ne sera pas le premier de sa famille à être repêché par une équipe de la LNH. Son père, David Bernier, qui a notamment joué avec le Laser de Saint-Hyacinthe dans la LHJMQ à l’époque, avait été repêché dans le circuit Bettman dans les années 1990. Il l’a même été deux fois plutôt qu’une : en 7e ronde par les Oilers d’Edmonton en 1996 et en 8e ronde par les Ducks d’Anaheim en 1998. Mais le paternel n’a finalement jamais disputé de match dans la LNH.
« Mon père me l’a dit : il a été repêché deux fois et ça n’a pas marché. Le repêchage, c’est une chose, mais ce n’est pas garant du futur. C’est ce que tu vas faire après qui est important. Parfois, il suffit d’être à la bonne place au bon moment », philosophe le jeune défenseur.
Alexis n’hésite pas à se tourner vers son père lorsqu’il a besoin de conseils, sachant qu’il comprend ce qu’il traverse. « Il l’a vécu, donc je peux lui en parler. Quand je jouais mon hockey mineur ici, à Saint-Hyacinthe, c’était lui mon coach jusqu’à ce que je tombe dans la structure du Vert et Noir [de l’école Fadette] et des Gaulois. Il ne m’a jamais mis de pression, mais il était toujours là pour m’aider. »
Le hockeyeur, qui a célébré ses 18 ans le 21 juin, fait d’ailleurs le voyage à Las Vegas avec son père, sa mère et sa sœur. Un moment qui sera évidemment spécial pour toute la famille. Mais Alexis garde les deux pieds sur terre.
« C’est là que le vrai travail commence. Tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, c’est une chose, mais il me restera encore deux ans à Baie-Comeau et ensuite j’aimerais jouer professionnel à 20 ans, en passant par la ligue américaine pour faire ma place. Avec mon style de jeu, je pense que ça pourrait être réalisable », conclut-il.
