29 février 2024 - 03:00
Un rêve de vie rurale vire au cauchemar
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Caroline Dubois et son conjoint sont exaspérés des problèmes d’eau à La Présentation. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Caroline Dubois et son conjoint sont exaspérés des problèmes d’eau à La Présentation. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Depuis 2016, Caroline Dubois réside dans le rang Salvail Nord à La Présentation. En quête d’un mode de vie serein, elle et son conjoint, Léon Perreault, ont décidé de s’installer en milieu rural et d’y fonder une famille. Conscients du lot de défis que comporte la vie en région, ils ne s’attendaient toutefois pas à ce que l’accès à l’eau potable soit si difficile à avoir, un besoin essentiel qu’ils n’arrivent toujours pas à combler.

Le couple a aujourd’hui deux enfants et a accès à l’eau seulement par un puits de surface. Mme Dubois soutient qu’aux dernières élections, ils ont eu de fausses promesses concernant le problème d’approvisionnement en eau potable.

Au lieu de s’améliorer, la situation s’est plutôt dégradée. « Il y a des herbicides, des engrais et des coliformes fécaux dans notre eau. Peut-être qu’ils ne sont pas en quantité immense, mais il y a quand même des traces de ces substances. Personne ne veut avoir ça dans l’eau qu’il boit », soutient Mme Dubois.

Les Présentationnois sont lassés de toutes les promesses non tenues des élus et comptent maintenant sur leurs propres moyens pour sortir de cette impasse. Pour avoir accès à de l’eau potable, ils sont forcés d’acheter de l’eau en bouteille en tout temps. « On a aussi des animaux de ferme à abreuver. Même si on a pu traiter certains composants de l’eau du puits par nous-mêmes, on ne peut toujours pas la boire. »

En entrevue avec LE COURRIER, Caroline Dubois cache mal son exaspération face à cette situation. L’enseignante en chimie au Cégep de Saint-Hyacinthe relève aussi qu’elle n’est pas la seule à vivre cette situation, mais bien tout le voisinage autour.

« On a souvent demandé à la Municipalité de nous donner un coup de main, mais la réponse était qu’il n’y avait pas de solution pour notre secteur. Lorsqu’on a senti qu’on drainait notre énergie, on s’est dit qu’on allait se débrouiller en achetant le matériel requis pour avoir de l’eau pour les tâches quotidiennes. Nos équipements qu’on a développés au fil des ans nous permettent d’avoir de l’eau pour prendre une douche et laver la vaisselle et le linge, pas plus. La solution idéale serait de raccorder les résidences de notre quartier à l’eau courante. […] Si le raccord s’avère problématique pour le moment, il serait appréciable de faciliter l’accès à l’eau potable en ajoutant un point d’accès près des résidences. Ceci nous permettrait d’avoir de l’eau en situation d’urgence. »

Des promesses non tenues

Lors des dernières élections municipales, Mme Dubois avoue qu’elle a été particulièrement attirée par le discours de Louise Arpin, candidate à la mairie devenue mairesse de La Présentation.

« Mme Arpin avait proposé une solution temporaire puisque la liaison de l’aqueduc n’était pas possible. Elle disait qu’elle trouvait cette situation inconcevable et avait par conséquent suggéré qu’il y ait une citerne en bout de chemin à laquelle on pourrait avoir accès ou qu’on pourrait tout simplement l’appeler pour aller porter de l’eau à notre propriété. L’idée n’était pas parfaite, mais elle était alléchante et Mme Arpin avait promis qu’elle allait se pencher sur ce problème dont elle saisissait parfaitement l’ampleur. Rien de cela n’a été fait. »

Un lien de confiance brisé

Depuis cet épisode et après quelques vaines tentatives de la part de l’enseignante, le couple s’investit corps et âme dans l’entretien d’équipements et mise sur ses propres compétences pour alléger ce fardeau. « Je suis chanceuse parce que ma formation en chimie m’aide réellement à gérer tout ça. Mon mari a l’habileté nécessaire pour manier nos installations. On est des personnes résilientes et c’est ce qui nous a aidés un peu à surmonter cette épreuve. »

En juin 2022, les habitants de ce secteur ont reçu un document municipal qui leur imposait de payer l’eau potable au mètre cube qu’ils allaient chercher eux-mêmes de la municipalité et de le faire selon un horaire strict.

« À la place de nous aider, on nous exige des frais qu’on doit débourser pour aller chercher de l’eau potable. En recevant ce document, je suis tombée des nues. Je trouve particulier qu’on soit le seul secteur à avoir reçu cet avis, ce n’est pas équitable. On doit maintenant investir notre temps et notre argent pour aller chercher de l’eau potable », a souligné Mme Dubois. Elle explique que, pour remplir le puits, cela requiert huit voyages minimum.

« Comment la Municipalité peut-elle avoir le budget nécessaire pour le déménagement dans un nouveau bureau municipal ou l’aménagement d’un terrain de tennis, d’une surface de dek hockey et de pistes à rouleaux, alors qu’on n’a toujours pas d’eau potable? Elle a par ailleurs investi des sommes importantes pour connecter à l’aqueduc une ferme laitière, mais pour les humains, il ne semble pas y avoir de budget », a-t-elle déploré.

La mairesse de La Présentation indique que le prolongement de l’aqueduc entre sa municipalité et celle de Saint-Denis-sur-Richelieu ne peut pas se faire en un claquement de doigts. Il y a plusieurs étapes à suivre. « L’entente conclue avec la Régie de l’aqueduc intermunicipal du Bas-Richelieu (AIBR) stipule que la capacité d’alimenter en eau potable une grande partie de La Présentation est limitée. Il faut voir si tous les citoyens seraient intéressés à payer ce genre d’investissement très coûteux. Il faut également que l’ensemble des Présentationnois soit d’accord parce qu’il y en a certains qui sont déjà desservis. »

Mme Arpin souligne de plus qu’elle n’a jamais promis aux citoyens qu’ils n’allaient jamais payer pour avoir de l’eau potable. « Je n’ai jamais fait cette promesse. Ce sont les élus qui ont pris la décision de faire payer l’eau potable aux citoyens. L’eau provenant de l’AIBR est aussi payante, elle n’est pas à profusion. Je sais que le problème se situe au niveau des puits et que, parfois, les citoyens manquent d’eau, mais il faut qu’ils payent l’eau qu’ils vont chercher eux-mêmes. Une solution permanente, je n’en ai pas actuellement. »

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