« Comme Québécois, tu grandis en te disant que tu veux gagner la Coupe Stanley un jour. Jusqu’à ce que j’aille 20 ans, j’espérais le faire comme joueur, mais ça n’a pas fonctionné. Depuis que je suis impliqué dans le recrutement, c’était devenu un objectif aussi pour moi. C’était vraiment incroyable comme feeling de pouvoir vivre ça et de soulever le trophée », a-t-il confié en entrevue téléphonique avec LE COURRIER depuis Las Vegas.
En voyant que les Knights pouvaient en finir à la maison dans le match 5 contre les Panthers de la Floride, tout le personnel de l’équipe avait été invité à assister à cette soirée qui s’annonçait historique pour l’organisation. C’est d’ailleurs le seul match auquel Pouliot a assisté durant les séries.
« J’étais au combine de la ligue nationale pendant toute la première semaine de juin, souligne-t-il au bout du fil. Notre travail, c’est de préparer le repêchage, donc on a quand même beaucoup de choses à gérer jusqu’au combine. Notre focus était là-dessus, même si on regardait les matchs à distance. On a su seulement après avoir gagné le match 4 qu’on allait à être présents à Vegas. »
Le fils du renommé entraîneur Mario Pouliot s’estime d’ailleurs chanceux d’avoir pu vivre ce moment d’anthologie en étant présent sur place.
« Ça a été une journée parfaite. L’ambiance était exceptionnelle. De pouvoir vivre ça, je n’ai pas de mots pour le décrire. C’était assez spécial. »
Là depuis le début
Cette conquête des Golden Knights est d’autant plus spéciale pour Raphaël Pouliot puisqu’il est l’un de ceux qui font partie de l’organisation depuis le tout début. Il avait été engagé comme recruteur en 2016, en préparation de l’arrivée de l’équipe dans la LNH lors de la saison 2017-18.
« On a quand même beaucoup de membres de notre staff qui sont là depuis le jour 1. On a grandi ensemble et on a appris à travailler ensemble », souligne-t-il, en évoquant notamment les noms de George McPhee et Kelly McCrimmon, qui sont aujourd’hui respectivement président des opérations hockey et directeur général des Golden Knights.
Sur la patinoire, un seul joueur issu du repêchage faisait partie de l’alignement de Las Vegas durant cette conquête, soit Nicolas Hague. Or, plusieurs facteurs expliquent cette réalité, indique le recruteur maskoutain.
« La première année, on pensait qu’on allait bâtir l’équipe via le repêchage, mais finalement, ce n’est pas arrivé comme ça vu qu’on a eu du succès dès notre première saison. On travaille dans le hockey pour essayer de gagner. Le but n’est pas de collectionner des espoirs et des choix au repêchage, c’est de trouver une façon de gagner. Il y a beaucoup de joueurs qu’on a repêchés qui ont servi dans des échanges majeurs. On regarde Jack Eichel, c’est un des meilleurs exemples. On a donné un joueur du repêchage d’expansion, Alex Tuch, un espoir qu’on avait repêché, Peyton Krebs, et un choix de première ronde. Ivan Barbashev aussi, on a donné un joueur qu’on avait repêché pour aller le chercher, même chose pour Mark Stone. »
Un rôle bonifié
Au fil des saisons, Raphaël Pouliot a pris du gallon au sein de l’organisation, et ses responsabilités au sein du personnel de recrutement ont été bonifiées.
« Au début, je couvrais juste la LHJMQ. Là, je fais un travail qu’on dit crossover, donc je me promène partout en Amérique du Nord et dans le monde. J’aide mes boss à dresser la liste finale en vue du repêchage. J’essaie de voir tous les joueurs pour lesquels ils ont de l’intérêt durant la saison. […] C’est la première saison où je vais vraiment partout. C’était supposé arriver avant, mais la pandémie a ralenti un peu ça. J’adore ça. Quand on fait nos meetings, j’ai un mot à dire sur la majorité des joueurs. »
Pouliot avait à peine 25 ans lorsqu’il a été embauché par les Golden Knights. Avant ça, il avait été dépisteur en chef des Huskies de Rouyn-Noranda pendant deux saisons dans la LHJMQ.
« C’était quand même intimidant à ma première année parce qu’on avait un staff plus vieux. J’avais 25 ans et il y avait des gens dans l’équipe qui avaient 25 ans d’expérience. Mais ça reste que j’ai toujours grandi dans le hockey… », affirme-t-il.
Rapidement, il a gagné la confiance de l’organisation, ce qui lui a permis de gravir les échelons.
« À ma première année, j’avais fait une bonne recommandation pour le repêchage sur un joueur qui est sorti dans les rondes plus tard. Le staff était plus ou moins sûr de ce que j’amenais, mais comme c’était la première année qu’on était ensemble, personne n’était encore sûr de ce que chacun pouvait amener à l’équipe. Finalement, ce joueur-là est devenu un bon joueur dans la ligue nationale, il a progressé rapidement, donc ça m’a donné de la crédibilité au sein de notre équipe », raconte Raphaël Pouliot.
À peine les célébrations terminées, le Maskoutain a dû se remettre au boulot dans le cadre de nombreuses rencontres en préparation au repêchage qui se déroulera à Nashville les 28 et 29 juin.
« Ça devrait être un bon repêchage. Il y a beaucoup de bons joueurs cette année », analyse Raphaël Pouliot.
Las Vegas sera la dernière équipe à sélectionner un joueur en 1re ronde, avec le 32e choix au total. À moins d’un échange, les Knights devront ensuite attendre en 3e ronde pour leur sélection suivante. À l’heure actuelle, l’équipe possède cinq choix au prochain repêchage.