22 juin 2023 - 07:00
Hôpital Honoré-Mercier
Un seul médecin à l’urgence la nuit la fin de semaine pour une durée indéterminée
Par: Adaée Beaulieu
Le Dr Jocelyn Dodaro espère que l’urgence pourra compter à nouveau deux médecins la nuit la fin de semaine à partir de l’automne. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Dr Jocelyn Dodaro espère que l’urgence pourra compter à nouveau deux médecins la nuit la fin de semaine à partir de l’automne. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Seulement 10 jours après l’ouverture de la nouvelle urgence plus fonctionnelle de l’Hôpital Honoré-Mercier, LE COURRIER a appris qu’elle doit se débrouiller avec un seul urgentologue plutôt que deux entre 2 h et 6 h du matin la fin de semaine depuis le 17 juin.

La situation perdurera tant qu’une entente n’aura pas été conclue entre la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) et le ministère de la Santé afin que la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) reçoive l’ordre de rémunérer plus d’heures à un second médecin.

Le Dr Jocelyn Dodaro, le chef du département des urgences du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est en poste à l’Hôpital Honoré-Mercier, espère avoir gain de cause à l’automne, mais invite d’ici là la population à éviter le plus possible l’urgence dans les périodes concernées. Il a sensibilisé la FMOQ en mars 2022 et à nouveau ce mois-ci en plus du ministère de la Santé et du Collège des médecins. « Je crois qu’on va réussir, mais il faudra y mettre beaucoup de jus de bras », a-t-il lancé en entrevue au COURRIER.

C’est une décision rendue en décembre 2022 mettant fin à l’entente en vigueur pendant la pandémie qui a cessé la rémunération complète d’un second médecin de nuit. C’est donc celle en vigueur auparavant qui autorisait une banque de 1464 heures annuellement, équivalant à quatre heures par nuit pour les sept jours de la semaine, qui est revenue en vigueur. Dr Dodaro exige le double, soit 2928 heures, équivalant à huit heures par nuit.

Grâce à des heures en banque, il avait réussi à conserver deux médecins la nuit la fin de semaine entre le 1er janvier et le 16 juin, mais là, il n’en a plus la capacité. Il répète donc l’exercice de 2016 qui consistait à doubler le nombre d’urgentologues seulement certaines nuits. Il a donc sacrifié les jours et les heures où il y a le moins d’achalandage.

Toutefois, la situation était différente à l’époque alors que l’hôpital avait reçu certains forfaits de banques d’heures supplémentaires. Jusqu’en 2016, il y avait un seul médecin la nuit. Parfois, il n’était pas possible de répondre à tous les besoins des patients, mais la situation générale ne permettait pas de justifier l’ajout d’un second médecin. Selon Dr Dodaro, la situation a toutefois évolué depuis alors que le vieillissement de la population s’est fait sentir, tout particulièrement dans les dernières années. Entre 2019 et 2023, l’âge moyen des personnes fréquentant l’urgence de l’hôpital a augmenté de 1,5 an, atteignant 63,8 ans.

Dr Dodaro a aussi mentionné qu’au-delà du nombre de patients traités qui doit justifier une telle augmentation des effectifs, la gravité des cas est un facteur à considérer. Il a soutenu que beaucoup de cas de grande ampleur sont pris en charge à l’urgence.

Mesures mises en place

« Je fais tout en mon pouvoir pour que ça n’affecte pas les patients », a déclaré Dr Dodaro. Les trois médecins de soir resteront présents deux heures de plus, soit jusqu’à deux heures du matin. Lorsque le médecin de nuit arrivera, il se chargera de désengorger la salle d’attente, tandis que ceux de soir stabiliseront les patients sur civière. Le matin, les trois médecins de jour arriveront respectivement à 6 h, à 7 h et à 8 h. Il y aura donc deux médecins à l’urgence entre 6 h et 7 h et trois entre 7 h et 8 h la fin de semaine. Les autres jours de la semaine, quatre médecins pratiquent en principe de jour, mais ce nombre a été réduit pour éviter l’épuisement.

Des changements ont néanmoins dû être apportés. Le médecin de nuit ne se déplace plus pour effectuer des constats de décès entre 2 h et 6 h du matin la fin de semaine. Selon Dr Dodaro, cela ne change rien puisque les corps restent dans leur lit et que leur état n’a pas le temps de se détériorer. De plus, dès septembre, un projet déjà en fonction à l’Hôpital Pierre-Boucher à Longueuil sera mis en place à l’Hôpital Honoré-Mercier afin de réaliser des constats de décès à distance.

Une note a aussi été envoyée aux médecins traitants qui, outre les urgentologues, sont sur appel la nuit. Puisque l’urgentologue est seul entre 2 h et 6 h la fin de semaine pour tout l’hôpital, il doit raccourcir ses temps de déplacement sur les étages. Les autres médecins ont donc été invités à intervenir rapidement.

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