Pour faire une histoire courte, les députés de tous les partis ont résolu à l’unanimité de laisser le dossier suivre son cours devant cette instance et de ne pas s’immiscer dans le dossier en imposant un décret. Si le chien de garde du territoire agricole persiste dans son refus d’autoriser le dézonage de la terre visée par Exceldor à l’extrémité du parc Olivier-Chalifoux, seul un décret gouvernemental aurait le pouvoir d’infirmer cette décision.
Les commissaires de la CPTAQ ont jusqu’ici rendu une orientation défavorable au projet poussé par la Ville de Saint-Hyacinthe, mais le processus n’est pas terminé. Il reste théoriquement une chance de convaincre la CPTAQ de donner son aval. La MRC des Maskoutains et Exceldor se sont en effet prévalus du droit à une audience publique pendant laquelle ils devront se montrer convaincants et présenter leurs arguments de la dernière chance.
En pratique, on voit mal ce qu’ils auront de nouveau à soumettre aux commissaires pour les ébranler. D’autant plus que d’habiles interventions ont pu être orchestrées par l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). On l’a déjà dit et on le répète, l’UPA est une formidable machine de guerre quand vient le temps de mousser ses revendications.
Dans le présent dossier, Exceldor et la Ville de Saint-Hyacinthe n’ont pas été de taille à rivaliser avec elle. Pas plus sur le plan des idées présentées devant la CPTAQ que sur le plan des relations publiques pour gagner la faveur de l’opinion publique.
Devant la CPTAQ, il n’y a pas eu plus habile que l’UPA de la Montérégie pour discréditer la démarche de la Ville de Saint-Hyacinthe et l’embarrasser en présentant de potentiels plans B à Saint-Hyacinthe, à Saint-Pie ou à Saint-Damase. La Ville de Saint-Hyacinthe a passé plus de temps à réfuter ces options qu’à expliquer le bien-fondé de la sienne.
Et quand la Ville de Saint-Hyacinthe a tenté de faire sortir les appuis locaux et régionaux en sollicitant le milieu d’affaires maskoutain, l’UPA a répliqué par la bouche de ses canons.
Localement, un syndicat de base a fait un peu de théâtre en convoquant la presse pour l’envoi de demandes d’accès à l’information à la MRC et à la Ville de Saint-Hyacinthe. On a appris que la Ville avait jusqu’ici dépensé un peu moins de 100 000 $ pour tenter d’obtenir son dézonage. Faut-il s’en offusquer? Pas vraiment. La réalité maskoutaine étant ce qu’elle est, on ne va quand même pas reprocher à la Ville de Saint-Hyacinthe de chercher par ce moyen légal et d’assurer son développement, elle qui se trouve ceinturée de terres agricoles.
De mémoire de rédacteur en chef, l’UPA de la Montérégie a été beaucoup moins revendicatrice, inconfortable et indignée quand est venu le temps d’installer ses locaux administratifs en plein cœur d’une zone industrielle de Saint-Hyacinthe, même si cela jurait un peu dans le décor de la Cité de la biotechnologie agroalimentaire, vétérinaire et agroenvironnementale de Saint-Hyacinthe à l’époque.
Le tapage de l’UPA et tout le battage médiatique ont aussi réussi à faire rayonner le dossier en dehors de la région. On a vu ces dernières semaines des acteurs du milieu agricole et politique prendre la plume pour s’opposer aux vues de la Ville et d’Exceldor, en rappelant l’indépendance et l’importance de la CPTAQ. Tous ces appuis ont-ils été spontanés? Votre réponse à cette question est aussi bonne que la mienne.
Et que penser maintenant de la motion présentée à l’Assemblée nationale par la députée de Marie-Victorin, fief du siège social de l’UPA, sinon que le syndicat a marqué des points faciles. Faciles, dans la mesure où, motion ou pas, le gouvernement de François Legault avait déjà pris la décision de ne pas imposer de décret. Les lecteurs du COURRIER le savent depuis plusieurs semaines. Cette motion est un simple rappel des faits.
Mais c’est aussi et surtout le rappel d’une contradiction politique : ce qui est bon pour Google à Beauharnois n’est pas bon pour Exceldor à Saint-Hyacinthe.