11 janvier 2024 - 03:00
carte blanche
Un toit
Par: Christian Vanasse
Christian Willie Vanasse

Christian Willie Vanasse


Par ma fenêtre, je regarde tomber les flocons à plein ciel. Ah! comme la neige a neigé! disait Nelligan. Aujourd’hui, il pourrait ajouter : « Ma vie est un jardin de givre… de grésil, de verglas, de slush, pis tout ça peut changer d’une minute à l’autre sans avertir! »

Si je peux m’amuser de nos hivers tout à l’envers, c’est que, par chance, j’ai une maison, de l’électricité pour la chauffer, même du bois si Hydro vient à manquer. Draps, couvertures et gros chaussons pour le dedans, mitaines, bottes et manteau pour le dehors. J’arrive à faire rimer la froide saison avec plaisir, poésie et chauds caleçons.

Mais ce n’est pas donné à tout le monde. Je pense à tous ces gens qui dorment dehors ces temps-ci. Si voir une tente sous la neige était anecdotique il y a quelques années, c’est maintenant une banalité et pas qu’à Montréal. Partout au Québec, le phénomène est en constante progression, crise du logement aidant.

Et ce ne sont pas que des itinérants. Ce sont maintenant des familles, avec des enfants, des gens avec des emplois. Des fois, c’est pas des tentes, c’est leur char, leur pick-up, leur minivan, mais ils campent. Jusqu’à ce qu’on leur dise de décamper. Toutes les villes sont prises avec ce nouveau dilemme. Tolérer ou démanteler. Pourtant, la jurisprudence est claire : lorsque les villes ne sont pas en mesure d’offrir un nombre suffisant de places de refuge, elles ne peuvent interdire à quelqu’un de s’abriter la nuit afin de protéger sa sécurité et sa vie.

Dans une société si riche et nordique, l’idée qu’on puisse enlever à quelqu’un sa seule protection contre le froid devrait nous indigner.

Ah! comme la neige a neigé!

Qu’est-ce que le spasme de vivre

À la douleur que j’ai, que j’ai.

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