1 février 2024 - 03:00
Lucie Marquette Gagnon
Une amoureuse des arts nous a quittés
Par: Maxime Prévost Durand
Fervente alliée du milieu des arts et elle-même artiste, Lucie Marquette avait coprésidé la campagne de financement lors de la construction du Centre des arts Juliette-Lassonde avec son mari, André H. Gagnon. Photothèque | Le Courrier ©

Fervente alliée du milieu des arts et elle-même artiste, Lucie Marquette avait coprésidé la campagne de financement lors de la construction du Centre des arts Juliette-Lassonde avec son mari, André H. Gagnon. Photothèque | Le Courrier ©

Pour plusieurs, Lucie Marquette était « Mme Gagnon », l’inséparable moitié du défunt homme d’affaires André H. Gagnon. La Maskoutaine avait un autre grand amour dans sa vie, les arts, ayant elle-même développé une carrière d’artiste visuelle qui l’a menée jusqu’à New York. À l’âge de 85 ans, Mme Marquette a poussé son dernier souffle le 23 janvier.

Aux prises avec une santé devenue plus fragile, Lucie Marquette Gagnon était hébergée à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe depuis trois ans. Mais elle n’avait rien perdu de sa personnalité joviale, assure sa fille, Ève Chantal Gagnon, dans un entretien téléphonique avec LE COURRIER.

« C’était une femme enjouée et ricaneuse, qui avait une soif de vivre incroyable, raconte-t-elle. Malgré la maladie, elle était toujours contente d’être entourée et d’avoir la visite. Elle aimait les gens. Elle vivait en fonction du moment présent et elle avait une grande résilience. »

Aux côtés de son mari, André H. Gagnon, Lucie Marquette avait notamment coprésidé l’ambitieuse campagne de financement du Centre des arts Juliette-Lassonde au moment de sa construction, en 2004. Tout près de 2,5 M$ avaient été amassés grâce aux efforts du couple, qui avait réussi à convaincre plus de 700 décideurs d’investir dans la culture. Il s’agissait de l’une de ses plus grandes fiertés.

La Maskoutaine avait également été impliquée au sein du conseil d’administration du Centre Expression de Saint-Hyacinthe dans les années 1990, époque à laquelle sa propre carrière d’artiste fleurissait.

En plus de participer à plusieurs expositions collectives, Lucie Marquette a décroché quelques expositions en solo, notamment à Expression et au Studio du Québec à New York, peut-on retracer. Elle signait ses toiles sous le pseudonyme Amaël, « un nom inventé, un nom angélique qui venait de ses initiales », souligne sa fille Ève Chantal.

Cette vocation aux arts visuels est arrivée plutôt tardivement dans la vie de Mme Marquette. Après avoir consacré sa vie de jeune femme à sa famille et à l’entreprise familiale bâtie par son mari, qui était surnommé « M. Rona », la Maskoutaine avait fait un retour aux études en terminant un baccalauréat en histoire de l’art. Elle avait ensuite entrepris sa propre carrière artistique, se démarquant par ses tableaux abstraits et une peinture de la matière et du relief. Ses tableaux ont été exposés au Québec, mais aussi à l’étranger, notamment en France et au Japon.

« Sa fibre entrepreneuriale, elle l’a exploitée à travers l’art », soutient son fils Stéphane, qui décrit sa mère comme « une amoureuse des arts et de la vie ».

« Le point culminant pour elle a été de faire un solo à New York en 1995 », ajoute Ève Chantal.

L’art a d’ailleurs toujours fait partie intégrante des valeurs de la famille Gagnon. « Il y avait toujours des artistes qui venaient chez nous, se remémore la fille de Mme Marquette. Mes parents étaient des collectionneurs d’art québécois. »

Même après son implication à Expression, Lucie Marquette continuait de rendre fréquemment visite au centre d’exposition de Saint-Hyacinthe pour apprécier le travail des artistes qui y étaient exposés, jusqu’à ce que sa condition ne le lui permette plus.

« On voyait qu’elle avait un intérêt pour la culture en général. Je tiens d’ailleurs à remercier ce couple qui n’est plus, qui a toujours voulu que se développe la culture à Saint-Hyacinthe », affirme le directeur général d’Expression, Marcel Blouin, en saluant au passage la mémoire d’André H. Gagnon.

Un tableau signé Amaël, tiré de l’exposition qu’elle avait faite à Saint-Hyacinthe, fait d’ailleurs partie de la collection d’Expression.

Lucie Marquette a vécu une vie en plusieurs étapes. Avant de trouver l’amour de sa vie, de fonder sa famille et de s’épanouir comme artiste et philanthrope, elle a vécu une enfance plutôt difficile. Dernière enfant d’une famille nombreuse, elle a vu ses parents mourir jeunes, si bien qu’elle a vécu son adolescence dans un pensionnat.

La dernière partie de sa vie a été marquée par la maladie. Elle a notamment été victime d’un arrêt cardiovasculaire et d’une embolie pulmonaire qui ont miné sa condition. Après la mort de son mari André H. Gagnon, en 2017, elle a emménagé chez sa fille. Cette dernière, épaulée par une infirmière à domicile et une dame de compagnie, s’est occupée de sa mère jusqu’à ce qu’elle doive être admise à l’Hôtel-Dieu il y a trois ans après une hospitalisation pour une embolie pulmonaire au cours de laquelle elle a contracté la COVID-19.

« Elle a toujours eu la présence de sa famille jusqu’au bout, mentionne Ève Chantal Gagnon. Même lorsqu’elle était à l’Hôtel-Dieu, il y avait quelqu’un avec elle pratiquement chaque soir. On allait écouter des films avec elle. On est une famille très unie. »

En plus de ses trois enfants, Ève Chantal, Stéphane et Jean-François, Lucie Marquette laisse dans le deuil 11 petits-enfants, trois arrière-petits-enfants et de nombreux proches qui l’ont côtoyée tout au long de sa vie. Mme Marquette sera exposée aujourd’hui, le 1er février, de 14 h à 17 h et de 19 h à 21 h au complexe funéraire Ubald Lalime. Les funérailles seront célébrées le vendredi 2 février à 14 h à la cathédrale de Saint-Hyacinthe.

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