6 août 2020 - 13:51
Une bataille de signatures
Par: Rémi Léonard
La démarche du Groupe Robin pour chercher des appuis dans la population en faveur de son projet immobilier dans le district Bois-Joli a finalement abouti. Au moment de mettre sous presse, mercredi, le règlement de zonage devant permettre la réalisation de la première phase du Quartier M, adopté pas plus tard que lundi soir au conseil, était déjà « réputé approuvé par les personnes habiles à voter », a confirmé Brigitte Massé, directrice des communications à la Ville de Saint-Hyacinthe.

Après vérification, 71 signatures valides ont été déposées à l’hôtel de ville, alors que le minimum requis était de 53, sur un nombre d’électeurs total fixé à 104. Rappelons que cette avenue, appelée demande de renonciation au scrutin référendaire, ou pétition positive, vient annuler la tenue d’un registre, et ultimement d’un référendum de secteur, qui aurait normalement pu se tenir à la suite de l’adoption du règlement par le conseil. Il s’agit d’une procédure jamais expérimentée auparavant à Saint-Hyacinthe. Règle générale, le conseil préfère plutôt retirer un règlement que d’aller en référendum.

Une sorte de campagne électorale

Depuis des semaines, le Groupe Robin et les citoyens opposés à son projet en bordure de l’avenue des Grandes-Orgues font des pieds et des mains pour recueillir les signatures des citoyens du secteur. La dernière pétition des opposants avait même recueilli 124 noms. Étrange décompte sachant que le nombre total d’électeurs dans la zone était établi à 104 par la Ville. Pour avoir fait un porte-à-porte exhaustif du secteur, les citoyens sont pourtant convaincus qu’il y a au moins 145 personnes habiles à voter dans la zone. La majorité nécessaire est donc loin d’être celle que prétend la Ville, d’après les opposants, qui entendent contester le résultat de la démarche.

Quant à Nellie Robin, la présidente du Groupe Robin, si les opposants sont parvenus à rassembler 124 signatures, c’est simplement en allant au-delà de la zone concernée. Elle maintient plutôt que ce dénouement ne fait que confirmer ce qu’elle ressent depuis le début sur le terrain en parlant aux résidents du secteur, c’est-à-dire qu’une majorité d’entre eux approuve son projet. « Ç’a été un peu comme une élection », a-t-elle commenté en parlant de cette démarche où les points de vue différents se sont mesurés. Elle a aussi rappelé avoir procédé à quelques modifications après avoir rencontré les opposants.

Trop de signatures

Le nombre de signatures recueillies par les uns et les autres illustre toutefois un autre paradoxe : plusieurs citoyens ont visiblement signé à plus d’une reprise des déclarations en apparence contradictoires. Comment comptabiliser leur voix, alors? Il semble que la dernière signature en date soit celle qui compte dans ce genre de situation, mais le quiproquo est néanmoins révélateur d’une certaine confusion chez les résidents du secteur à propos de toutes ces démarches.

Ceux qui sont venus s’exprimer à l’hôtel de ville ce lundi en sont toutefois sortis amers. Pour eux, il est clair qu’ils ont été menés en bateau depuis le début, ayant suivi toutes les démarches recommandées dans un système qui leur était complètement inconnu il y a quelques mois à peine. « On a fait rire de nous », a tranché l’un d’eux. « En cas de confusion, on dirait que la Ville penche automatiquement en faveur du promoteur », ont-ils aussi accusé. Ils ont également déploré le « ton infantilisant » des élus lorsqu’ils se sont présentés devant eux pour faire valoir leur position.

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