Dans le numéro publié la semaine dernière, Une Cité en ébullition depuis 20 ans, il faisait bon de revoir certains auteurs qui ont écrit les premières lignes de son histoire, de revisiter leurs souvenirs et de réfléchir avec eux à la suite des choses.
J’ai particulièrement apprécié les entrevues données par Guy Desrosiers, l’incontournable Mario De Tilly, André Barnabé, Nathalie Laberge et Maryse Dumont, et ce, pour diverses raisons. Et puisque les 20 premières années de la Cité appartiennent à son passé, c’est plutôt les considérations sur son avenir qui ont retenu mon attention et qui méritent la vôtre, sinon une réflexion collective plus vaste encore.
De façon générale, la croissance et la pérennité de la Cité de l’innovation reposent sur deux grands enjeux : sa désignation comme zone d’innovation par le gouvernement du Québec et sa densification et/ou l’accroissement de sa superficie actuelle. Et comme la Cité a pris naissance au cœur même de la zone agricole de Saint-Hyacinthe, par l’octroi de terrains de la part du MAPAQ, tout accroissement éventuel se fera au détriment de cette précieuse bande agricole. On revient toujours à cette même question : la préservation du territoire agricole à tout prix ou pas? Celle-ci se posera avec plus d’acuité encore au fur et à mesure que la Cité de l’innovation se remplira.
Aussi bien s’y intéresser dès maintenant, non? D’autant plus que Saint- Hyacinthe Technopole, le bras économique de la Ville de Saint-Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains, multiplie les efforts dans le but d’obtenir la désignation de Saint-Hyacinthe à titre de zone d’innovation en agroalimentaire. Cette consécration par Québec, qui distribue ces titres avec parcimonie depuis la création de ce programme, s’accompagne généralement d’investissements substantiels qui entraînent des retombées qui le sont encore davantage dans ces zones où la concertation entre les secteurs publics et privés, les entreprises, les institutions et les centres de recherche est encouragée, même nécessaire. Le projet maskoutain chemine lentement, mais sûrement. Il a l’avantage de s’inscrire dans notre ADN et d’être bien défini, contrairement à d’autres projets de zone d’innovation déployés ailleurs en région. Ma collègue de l’hebdomadaire Le Canada français à Saint-Jean-sur-Richelieu recommandait d’ailleurs récemment en éditorial aux décideurs de son milieu de voir moins grand et même de renoncer carrément à l’idée de devenir une zone d’innovation spécialisée en sécurité civile, publique et de défense. Vous ne lirez pas pareille mise en garde dans ce journal. Au contraire, je nous invite à voir grand et à accentuer les efforts pour la mise en place d’une zone d’innovation déjà très bien pourvue.
Nos envies de grandeur pourraient cependant être freinées par l’espace limité disponible au cœur de la zone réservée à la Cité de l’innovation agroalimentaire. L’un des grands architectes de cette Cité, Mario De Tilly, estime que pour consolider et assurer la pérennité du statut de Saint-Hyacinthe comme grand pôle d’innovation agroalimentaire, il importe d’assurer l’espace vital afin que notre parc technologique puisse continuer son expansion et de s’inscrire dans les grandes orientations nationales telles que les zones d’innovation. Maryse Dumont, directrice de la Cité de l’innovation agroalimentaire et cheffe du projet de zone d’innovation, confirme pour sa part que les demandes des entreprises sont déjà plus nombreuses que les espaces disponibles et qu’il y a lieu de se requestionner sur la requalification de certains espaces. Selon Mme Dumont, le principal défi lié au développement de la Cité n’est nul autre que le peu de terrains disponibles pour la développer dans son périmètre actuel. Elle considère à juste titre qu’il faudra donc s’assurer de maximiser les espaces et travailler en densité.
J’ajouterais qu’il faudra aussi faire des choix éclairés et s’assurer que tout ce qui s’implante dans les limites de la Cité réponde aux critères de base. Même si c’était pour la bonne cause, on a un peu pas mal étiré les critères pour permettre la relocalisation récente de l’entreprise CDMV. Le territoire Cité n’est pas aussi élastique que l’interprétation des règles de nos dirigeants malheureusement.