29 septembre 2016 - 00:00
Deux morts dans une ferme porcine de Saint-Valérien
Une communauté sous le choc
Par: Maxime Prévost Durand
Une communauté sous le choc

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Une communauté sous le choc

Une communauté sous le choc

La tragédie qui a coûté la vie au producteur agricole Alain Beaudry et à son employé Anthony Lalumière, mardi, a ébranlé toute une communauté à Saint-Valérien-de-Milton. Propriétaire d’une ferme porcine avec sa femme et deux de ses enfants, M. Beaudry était un agriculteur bien connu dans la région.


« On est tous à terre, a lancé avec émotion la mairesse de Saint-Valérien-de-Milton, Raymonde Plamondon, jointe par LE COURRIER mercredi. On connaissait bien M. Beaudry, il était très impliqué dans le milieu agricole et dans la communauté. De réaliser que ça s’est passé et que ces gens-là ne sont plus là, c’est un choc. »

Après avoir acquis les terres de son père, Alain Beaudry avait lancé la ferme Beau Porc en 1978 avec sa femme Sylvie Cabana. Leurs enfants Billy et Cindy s’étaient joints à l’entreprise familiale en 2006 et 2010. Au cours des dernières années, ils avaient étendu leurs secteurs de production aux grandes cultures. 

La famille Beaudry cultive plus de 625 hectares de terres en grandes cultures dans cinq municipalités différentes, en plus de posséder une maternité d’une centaine de truies et plus de 2 000 porcs à l’engraissement. M. Beaudry était aussi impliqué auprès du syndicat de l’UPA des Maskoutains Nord-Est.

Anthony Lalumière, le jeune employé qui a aussi péri dans la tragédie, avait terminé ses études secondaires à la Polyvalente Hyacinthe-Delorme en 2015. Des travaux qui tournent mal

Des travaux de réparation d’une pompe à purin sont à l’origine de l’accident qui a coûté la vie aux deux hommes mardi après-midi, dans un bâtiment de la ferme Beau Porc situé sur le chemin Saint-Dominique, à Saint-Valérien.

Le scénario le plus probable jusqu’ici est à l’effet que M. Beaudry ait été incommodé par du sulfure d’oxygène, un gaz très nocif qui émanait de la préfosse dans laquelle il descendait à l’aide d’une échelle pour exécuter les travaux de réparation. Il aurait pu perdre conscience pour ensuite chuter au fond de la préfosse. En tentant de sauver son patron, le jeune Anthony Lalumière serait également tombé dans la préfosse, sans doute lui aussi incommodé après avoir inhalé le gaz.

Les pompiers ont dû user d’une extrême prudence dans le cadre de leur intervention, érigeant un périmètre de sécurité dès leur arrivée et en utilisant un appareil respiratoire pour procéder à l’opération de sauvetage. Ils ont réussi à sortir les victimes à l’aide de perches attachées à leur ceinture. Malgré des manœuvres de réanimation avec des défibrillateurs cardiaques, les décès ont été constatés à l’hôpital.

Des intervenants éprouvés

La tragédie a affecté plusieurs pompiers qui ont tenté de sauver les deux hommes.

« C’est un petit milieu tissé serré ici, on se connait tous. Ce n’est pas facile depuis hier », a témoigné le directeur du SSI de Saint-Valérien, Sylvain Laplante, mercredi matin.

Ce dernier connaissait bien Alain Beaudry, tout comme d’autres pompiers volontaires de la région, dont certains sont aussi producteurs agricoles. « Quand on connait les victimes, c’est toujours plus difficile émotionnellement. […] Comme nos pompiers sont affectés par ce qui est arrivé et que nos équipements sont en décontamination, les pompiers de Saint-Dominique et Saint-Hyacinthe répondront aux appels de Saint-Valérien pour les prochains jours. »

Une enquête et de la prévention

Des enquêteurs de la Sûreté du Québec et de la CNESST se sont rendus à la ferme du chemin Saint-Dominique afin de mieux comprendre ce qui a pu se produire. La CNESST évaluera également les méthodes employées afin de déterminer si toutes les précautions nécessaires avaient été prises pour effectuer les travaux.

La mairesse de Saint-Valérien ne compte pas attendre les résultats de l’enquête pour relever le niveau de prévention dans une municipalité où la production porcine a une grande place.

« Dès lundi, une résolution sera adoptée au conseil pour demander des rencontres d’informations avec la CNESST pour s’assurer que nos producteurs agricoles soient bien au fait des précautions à prendre », a soutenu Raymonde Plamondon.

Au printemps, une situation similaire s’était aussi produite à Saint-Valérien, mais le producteur concerné avait réussi à s’en sortir. « Il y a six mois, une autre personne était passée près de perdre la vie de la même façon. Pour une petite municipalité, ça fait beaucoup. Je pense qu’il y a une urgence d’agir et on doit faire encore plus de prévention », a-t-elle conclu.

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