Il faut dire que les deux parties s’étaient gardées de commenter cette nouvelle lancée par le journaliste Lionel Levac. Rendons à César ce qui lui appartient puisque c’est lui qui a été le premier à ébruiter cette affaire en parlant de cette transaction qui pourrait dépasser le milliard de dollars. Rapidement, LE COURRIER avait été en mesure de se faire confirmer les tractations en cours et même d’en ajouter grâce à quelques sources bien placées.
On nous avait alors mentionné que c’est F. Ménard qui avait initié les démarches pour se départir de toutes ses activités liées à la production porcine et que trois gros joueurs avaient signifié leur intérêt. Du lot, c’est l’offre d’Olymel qui avait été retenue, nous disait-on. La vérification diligente était en cours et le tout aurait pu être officialisé d’ici décembre 2018. Et c’est ce que nous avions écrit en octobre.
Sauf que les semaines ont passé et rien ne s’était concrétisé.
Au point d’en faire douter plusieurs. Était-ce un coup de marketing ou un geste stratégique pour favoriser un quelconque renouvellement de contrat de travail chez F. Ménard? Les spéculations allaient bon train, mais chaque fois, nos sources nous disaient que le dossier était toujours actif, malgré une lenteur apparente. Il aura finalement fallu attendre neuf mois pour que l’entente se concrétise et que La Coop fédérée confirme sa mainmise prochaine sur les actifs porcins et des meuneries de F. Ménard, soit dès que le Bureau de la concurrence aura donné sa bénédiction.
Voilà une grosse nouvelle dans le milieu agroalimentaire québécois et régional, vu l’importance des deux joueurs. C’est une grosse nouvelle dont il faut se réjouir.
Dans la mesure où F. Ménard désirait vendre et que c’est elle qui a fait les premiers pas, on ne peut qu’apprécier le fait que ce soit La Coop fédérée et Olymel qui en bénéficient et non un géant de la transformation alimentaire ontarien ou encore américain.
Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec, a été l’un des premiers à féliciter La Coop fédérée pour ce bon coup, en soulignant à quel point il est important de conserver les actifs et l’expertise chez nous. Et dans la mesure où le nerf de la guerre de la croissance passe aujourd’hui par l’exportation sur les marchés internationaux, l’idée d’unir nos forces et nos compétences localement pour jouer dans la cour des plus grands n’est certainement pas trop mauvaise, pourrions-nous ajouter. Cela dit, petit joueur ou gros, on ne peut pas faire grand-chose face à la Chine, par exemple, quand celle-ci décide de fermer ses frontières à la viande québécoise ou canadienne. Il est cependant plus facile de trouver des solutions ou des marchés de rechange quand on est équipé pour la guerre.
À cet effet, la force de frappe québécoise qui résultera de cette transaction entre Olymel et F. Ménard est appréciable. Olymel, dont le siège social est sur la rue Pratte à Saint-Hyacinthe, représente 13 400 emplois de qualité au Canada, dont 9200 au Québec et 1595 dans la MRC des Maskoutains. À ces chiffres, vous pouvez maintenant ajouter ceux de F. Ménard, c’est-à-dire plus de 1200 personnes.
En 60 ans, la famille Ménard avait réussi à se faire un nom et une place enviable au soleil dans le secteur agroalimentaire. Sa production annuelle de plus de 1,1 million de porcs élevés dans plus de 300 fermes représente plus de 15 % de la production québécoise. On comprend donc pourquoi et à quel point elle devenait un actif de choix pour Olymel, ou pour toute entreprise du genre. Heureuse conclusion donc.
Reste maintenant à connaître les plans de la Coop fédérée pour les activités de meunerie de F. Ménard, dont pour la meunerie de Saint-Pie. Le projet de centre de séchage et de transbordement de grains à Saint-Dominique, évalué à 50 M$, passe aussi désormais dans le carnet d’Olymel. Aux dernières nouvelles, ce projet était sur la bonne voie devant la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Est-ce que La Coop fédérée voudra y donner suite? À suivre.