Ça fait pas mal le tour de nos certitudes. Tout le reste appartient à la catégorie des peut-être et des si. L’incertitude à la puissance 1000 traverse ce beau grand pays qui n’a rien d’un État américain, n’en déplaise à qui vous savez.
Bien malin celui ou celle qui serait en mesure de prédire aujourd’hui l’issue de cette élection qui nous pend au bout du nez et ce que nous réserve le prochain mois. C’est à la fois excitant et épeurant. J’ai beau chercher dans nos archives, je ne me souviens pas d’avoir déjà associé les mots « élection » et « excitation ».
C’est dire à quel point les premières semaines de Donald Trump à la Maison-Blanche ont bouleversé le paysage politique canadien en peu de temps. On peut parler d’un revirement de situation total, pour le plus grand bonheur des partisans libéraux qui peuvent rêver de conserver le pouvoir. Ces mêmes libéraux étaient pourtant une espèce menacée ou en voie de disparition il y a quelques semaines à peine, avant que Justin Trudeau ne lève les feutres pour de bon.
Début janvier, j’écrivais déjà dans cette page que la conclusion de la prochaine campagne électorale à Ottawa s’annonçait bien incertaine, même si les sondages du moment pointaient vers une victoire conservatrice. Les sondages ont viré cul par-dessus tête depuis!
L’attitude belliqueuse du président américain envers le Canada et le reste du monde jumelée à l’élection d’un nouveau chef, Mark Carney, à la tête du Parti libéral du Canada ont fait bouger les plaques tectoniques au pays.
Selon les plus récentes projections de l’agrégateur de sondage QC125 pour le Canada, le PLC est le mieux placé pour former le prochain gouvernement avec 39 % des intentions de vote. Les conservateurs suivent de très près à 37 %, avec une marge d’erreur, dans les deux cas, de plus ou moins 4 %. Publié cette semaine, le coup de sonde de la firme Angus Reid est même beaucoup plus rouge et tranchant. Il donne 46 % des intentions de vote aux libéraux contre 38 % pour les conservateurs. L’écart se creuse, les amis.
L’effet Carney est indéniable, l’effet Trump aussi. Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est tellement inspiré du populisme de Donald Trump dans l’espoir d’écraser les libéraux à tout prix qu’il peine aujourd’hui à s’en dissocier maintenant que ces rapprochements inquiètent l’électorat.
Oubliez la taxe carbone, la TPS, les pipelines et toutes vos autres préoccupations, la fameuse question de l’urne vise à déterminer qui sera le plus en mesure de tenir tête à Donald Trump dans cette guerre commerciale sans merci qu’il nous a déclarée. On cherche un leader, non un clone.
Jusqu’ici, les premiers jours de campagne n’ont pas permis de modifier les perceptions sur les deux principaux chefs. Carney et Poilievre ont même trouvé le moyen de promettre tous les deux des baisses d’impôts. Voilà de la vieille politique qui laisse plutôt songeur.
Dans le beau grand comté rebaptisé Saint-Hyacinthe–Bagot–Acton, le bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay part confortablement en tête du sprint électoral, lui qui a reçu l’appui de 47,5 % des électeurs au scrutin de 2021. Selon les projections de QC125, il est le favori dans le comté à ce stade-ci. Une victoire bloquiste est qualifiée de « probable » chez nous. On lui accorde pour l’instant 42 % des appuis contre 29 % pour son adversaire libérale Mélanie Bédard.
Une chose apparaît certaine dans le contexte actuel, considérant le regain du mouvement souverainiste canadien (!), SPST ne peut que perdre des plumes par rapport à son précédent résultat. La même logique s’applique au Bloc québécois et à ses 33 députés à la dissolution de la Chambre. La question est de savoir si Simon-Pierre et son parti en perdront un peu, beaucoup, énormément, à la folie.
Cette campagne s’annonce excitante au possible.