« C’est une décision économique que nous avons prise. Malheureusement, dans cet aspect de la business, il faut mettre les émotions de côté, mais ça n’a pas été une décision facile à prendre. Mais maintenant qu’elle est prise, il faut boucler cette boucle. Il y a beaucoup de travail à faire du côté des employés, je dois donc continuer mon travail de chef d’orchestre pour m’assurer qu’on s’en va à la bonne place », a-t-il confié en entrevue avec LE COURRIER.
David Fontaine a aussi mentionné qu’il s’agit d’une décision éprouvante pour son père, Fernand, qui est devenu copropriétaire en 1976, puis l’unique propriétaire en 1981. « Ce n’est pas une décision qui a été prise de gaieté de cœur pour lui non plus, mais on est en affaires pour prospérer et quand on réalise qu’on ne s’en va plus où on voulait aller, on doit prendre une décision rationnelle », a-t-il déclaré.
Pas une faillite
David Fontaine a également confirmé que l’entreprise spécialisée dans la fabrication de fauteuils et de tabourets oscillants n’est pas en faillite et qu’aucun créancier ne perdra d’argent dans cette aventure. Néanmoins, il a admis que des fournisseurs et sous-traitants de Saint-Pie, de Saint-Hyacinthe et de Granby seront directement touchés par la fermeture.
« C’est vraiment la crise de la consommation actuelle qui nous a fait mal. Avec la hausse des taux d’intérêt, du prix de l’essence et de la nourriture, les gens ont moins d’argent et ils peuvent trouver des chaises Dutailier usagées encore en très bon état ou se tourner vers les produits chinois. Aux États-Unis, les impacts de la crise se font encore plus sentir », a expliqué M. Fontaine, dont la famille a déjà eu des usines chez nos voisins du sud. Actuellement, la famille Fontaine ne détient plus que les deux bâtiments de Dutailier à Saint-Pie.
Faible espoir de vendre
La fermeture annoncée fait suite à la mise en vente de l’entreprise de Saint-Pie, rapportée dans LE COURRIER à la fin mars, qui n’a pas porté fruit. David Fontaine ne croit pas que le vent tournera.
« Je ne peux pas fermer cette porte définitivement [à une vente in extremis], mais je serais très surpris. Il est rendu un peu tard. Les employés, les clients et les fournisseurs ont été mis au parfum et nous tombons dans un mode de liquidation. Quelqu’un serait un petit peu en retard pour arriver et faire une offre dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement », a-t-il affirmé.
Selon lui, la seule opportunité qui pourrait se présenter serait de vendre les actifs, dont les bâtiments.
Transition des employés
Dans ce contexte, les employés ont vu la fermeture venir, mais n’ont pas été moins secoués par la nouvelle pour autant. « Ç’a été un choc. Dire que certains employés s’y attendaient serait un grand mot, mais ça faisait longtemps qu’on se battait fort dans notre industrie », a relaté M. Fontaine.
D’ailleurs, à la suite de l’annonce du 3 mai en après-midi, chaque employé a été rencontré individuellement le 4 mai par les ressources humaines. Chacun devra maintenant prendre la décision de recourir ou non au service du comité de reclassement qui sera mis sur pied prochainement et qui sera dirigé par la directrice des ressources humaines.
Heureusement pour eux, déjà plusieurs entreprises ont contacté celle-ci dans l’espoir d’attirer cette précieuse main-d’œuvre.
« Nous leur avons dit de nous laisser le temps de terminer notre histoire, car nous avons besoin de nos employés jusqu’à la fin, et ils ont fait preuve de grand respect. Après une journée de congé le 5 mai, les employés étaient de retour le 8 mai et il s’agissait de la première journée du nouveau chapitre », a conclu David Fontaine.
