« C’est la paroisse mère de Saint-Hyacinthe, celle qui a donné naissance à 16 autres aux alentours », a souligné Nicole Dion Audette, la conseillère du district Hertel-Notre-Dame, lors d’une petite visite des lieux mardi. Véritable lieu de mémoire, l’église abrite même dans sa crypte les restes du fondateur de la ville, le sieur Hyacinthe Delorme. La façade de l’édifice actuel, datant de 1861, contient également des pierres ayant servi aux constructions antérieures, dont certaines remontent à 1796.
Comme ce pan important du patrimoine régional devait nécessairement être protégé, même après la fin de son utilisation comme lieu de culte, c’est la Ville de Saint-Hyacinthe qui a procédé à son acquisition en 2017 et c’est le 1er juillet prochain qu’elle en prendra officiellement possession. Une dernière célébration se tiendra donc le dimanche 23 juin, à 14 h, pour marquer la clôture au culte de l’église. Les paroissiens et tous les citoyens qui souhaitent assister à cet événement marquant sont invités à cette messe qui sera présidée par Mgr Christian Rodembourg, évêque de Saint-Hyacinthe.
Ce n’est qu’un au revoir
Il s’agira davantage d’un au revoir que d’un adieu puisque l’église ne sera évidemment pas démolie, même si elle risque d’être fermée durant un bon moment. À sa réouverture, c’est plutôt un musée d’art et de société que risquent de retrouver les Maskoutains dans une église transformée. La municipalité souhaite en effet en faire l’un des trois éléments centraux du pôle culturel qui doit voir le jour à plus ou moins long terme autour de la rue Girouard.
Rappelons que la première étape de ce vaste projet est déjà en route du côté de l’ancien édifice de la Fédération des caisses Desjardins, juste de l’autre côté de la rue. Le maire Claude Corbeil a déjà été clair sur le fait qu’il s’agissait de la priorité de ce pôle en trois volets. Avec la récente entente conclue au Séminaire, le déménagement du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe vers le monastère des Adoratrices du Précieux-Sang risque de s’imposer éventuellement, a aussi soulevé Mme Dion Audette. Rien n’empêche les projets de cheminer en même temps, mais le musée pourrait tout de même patienter quelques années. Entretemps, « on ne restera pas les bras croisés », a assuré Mme Dion Audette, en indiquant qu’un carnet de santé du bâtiment serait réalisé, puis différentes analyses sur les possibilités d’aménagement pour le futur musée. Retrouver le tombeau du sieur Delorme, actuellement enfoui quelque part dans la crypte, pourrait aussi constituer un travail archéologique intéressant.
La municipalité s’est par ailleurs engagée à conserver le terrain situé devant l’église « à l’état de parc », a également rappelé Mme Dion Audette. Cet espace pourra d’ailleurs permettre de créer un lien privilégié vers la future bibliothèque, a-t-elle aussi souligné.
Berceau des Dominicains
L’histoire de l’église Notre-Dame-du-Rosaire est également indissociable de celle des Dominicains, qui ont été présents de 1873 à 2017, a rappelé le chanoine Denis Lépine. C’est à Saint-Hyacinthe que les quatre premiers religieux de cet ordre, venus de France, prennent racine dans le Nouveau Monde. Le couvent adjacent au bâtiment, bâti en 1892, logeait d’ailleurs les novices durant leur formation.
Le chœur situé tout à l’arrière de l’église rappelle d’ailleurs cette vocation. L’impressionnante pièce ornée de boiseries servait de lieu de rassemblement pour réciter les prières. « C’est véritablement le berceau des Dominicains au Canada », a souligné le chanoine Lépine en parlant des lieux. Ce dernier a aussi tenu à souligner le support exceptionnel accordé depuis une quarantaine d’années par l’agente de pastorale Jeannine Spronken, qui connaît l’église et son histoire sur le bout des doigts.