En raison des travaux de mise aux normes de la station de pompage Pratte, la Ville de Saint-Hyacinthe n’avait pas eu d’autre choix que d’arrêter la station, causant un déversement d’eaux usées dans la rivière Yamaska. L’opération finement planifiée s’est déroulée du 4 au 5 novembre 2022 et aura duré 19 heures au lieu des 48 heures prévues. L’OBV Yamaska a évalué les effets de ce déversement dans un rapport obtenu par LE COURRIER. En voici les conclusions.
Des prélèvements ont été effectués à six endroits différents sur la rivière dans un rayon de six kilomètres, avant, pendant et après l’opération. L’OBV Yamaska a suivi plusieurs indicateurs sur la qualité de l’eau pour dresser le portrait de la situation, dont la présence de coliformes fécaux, d’azote ammoniacal et de phosphore ainsi que le pourcentage de l’oxygène dans la rivière.
L’oxygène a diminué sans atteindre le seuil considéré comme dangereux par le ministère de l’Environnement et a remonté après l’arrêt du déversement, ne créant pas l’asphyxie des espèces aquatiques. La valeur la plus basse du pourcentage d’oxygène dissous a été de 63,8 %, ce qui est considéré comme faible selon le Ministère, mais acceptable. Toutefois, ce minimum est jugé comme étant une eau de mauvaise qualité.
Selon les résultats prélevés après l’arrêt du déversement, l’organisme n’a pas observé de mortalité de poissons ou de mulettes. Il a aussi analysé l’Indice des diatomées de l’Est du Canada (IDEC), un indicateur sur l’état de santé d’une algue unicellulaire. Les résultats n’ont pas montré de différence notable après l’événement.
L’organisme a aussi procédé à des échantillonnages le 17 octobre dernier afin d’évaluer si la rivière est de retour à une chimie normale. L’OBV n’a pas encore reçu les résultats. Des analyses sont également en cours par des firmes externes pour évaluer d’autres éléments comme l’IDEC.
Mauvaise qualité de l’eau
Même si la faune et la flore aquatique ne semblent pas avoir subi d’effets négatifs de ce déversement, la qualité de l’eau s’est grandement détériorée durant l’événement. Le poste de pompage Pratte dessert 46 780 personnes, soit 82 % de la population de Saint-Hyacinthe. En se basant sur la consommation habituelle des gens, la Ville estime qu’environ 23,9 millions de litres d’eaux usées se sont déversés dans la rivière, selon un scénario pessimiste. Un plan de communication avait été déployé dans les semaines précédant l’opération afin d’inciter les résidents à réduire leur consommation d’eau durant cette fin de semaine là. Saint-Hyacinthe juge donc que le volume rejeté s’approcherait davantage de 20 millions de litres.
Les coliformes fécaux se sont donc retrouvés en grande quantité dans la rivière. La majorité des résultats étaient toutefois inférieurs à 500 UFC/100 ml, ce qui correspond à une eau de qualité satisfaisante permettant la plupart des usages, peut-on lire dans le rapport. À quelques reprises, les prélèvements ont donné de moins bons résultats. Les données se sont parfois élevées à entre 1000 et 4000 UFC/100 ml, classifiant l’eau de douteuse à très mauvaise, risquant de compromettre tous les usages. Le 7 novembre 2022, les concentrations étaient toutes redescendues.
Les données concernant les matières en suspension, l’azote ammoniacal et le phosphore ont révélé une eau douteuse ou de mauvaise qualité pendant le déversement, mais se sont stabilisées dans les jours qui ont suivi.
Rideaux de turbidité
Parmi les mesures de mitigation, la Ville avait installé deux rideaux de turbidité, soit un en travers de la rivière dans le prolongement de l’avenue Pratte et un autre à l’exutoire du poste de pompage Bibeau, dans le prolongement de l’avenue Vaudreuil. « À l’œil, lors du déversement, la couleur de l’eau suggérait que le rideau a fait un bon travail de rétention des matières en suspension. » L’organisme souligne qu’au moment du retrait des rideaux, d’importantes quantités de matière noire ont été observées dans le rideau. Le rapport conclut donc que cette mesure de mitigation a été efficace.