C’est avec des sentiments partagés entre la déception et la résignation que nous avons accueilli la nouvelle voulant que la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) et la Fabrique de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin se soient entendues sur la vente du terrain de l’église Sacré-Coeur-de-Jésus.
Même si l’entente ne concerne que l’achat du terrain, elle implique que la Fabrique devra d’abord faire maison nette, c’est-à-dire libérer le terrain de toutes contraintes, soit l’église et le presbytère qui seront tous les deux démolis.
L’odieux de demander un permis de démolition, puis de raser les deux bâtiments, reviendra donc à la Fabrique et non à la CSSH, qui s’assure d’avoir le plus beau rôle des deux parties dans cette triste conclusion. Gageons que ce n’est sûrement pas en autorisant la démolition d’une toute première église à Saint-Hyacinthe, mais une cinquième à travers le diocèse depuis 20 ans, que Mgr François Lapierre souhaitait marquer la fin de son règne, lui qui a atteint l’âge de la retraite des évêques, soit 75 ans, le 16 juillet. Tout un cadeau de départ n’est-ce pas?
Entendons-nous bien : vendre une église est toujours une décision délicate à prendre. C’est encore plus sensible quand il est question d’en démolir une.
Et dans le cas de l’église Sacré-Coeur, construite par l’architecte René Richer, il faut ajouter un autre niveau d’inconfort puisque cette église s’élève sur le site de l’ancien Collège Sacré-Coeur, détruit par l’incendie qui a fait 46 morts le 18 janvier 1938.
Cette démolition prévisible a donc pour certains des airs de sacrilège.
Pour une toute première démolition à Saint-Hyacinthe, disons qu’on n’a pas pris l’église la moins significative du lot, même si les responsables de la Fabrique martèlent que la réhabilitation de l’église Sacré-Coeur n’était plus possible, du moins pour elle.
Et comme aucun acheteur sérieux ne s’est manifesté avec un projet de reconversion qui aurait permis de conserver l’église en tout ou en partie, et comme toutes les églises ne peuvent être transformées en salle de spectacles, la proposition de la CSSH était pour la Fabrique le projet le plus porteur, « en raison de sa vocation communautaire ».
La Commission scolaire compte en effet y aménager un parc-école à l’intention de la clientèle de l’école René-Saint-Pierre et des résidants du quartier, un projet auquel la Ville de Saint-Hyacinthe a déjà donné son accord de principe, même si aucune résolution n’en fait état. Pour cette école spécialisée qui offre des services spécifiques aux élèves qui vivent avec un handicap ou avec une difficulté d’adaptation relative au comportement, ce projet est une véritable bénédiction. Il faut dire que ce n’est pas l’école publique la plus choyée de la CSSH. Une injection d’amour lui sera bénéfique. Pour la CSSH, il s’agit même d’une excellente affaire. Elle dotera René-Saint-Pierre d’une cour d’école digne de ce nom sans affecter ses états financiers puisque l’achat du terrain et le remboursement des frais de démolition auront un effet nul sur son budget 2016-2017 puisqu’elle ajoutera un actif. Il faut savoir que l’argent [plus ou moins 500 000 $] qui servira à financer cette transaction n’aurait pu servir à acheter du matériel ou à rénover des locaux ou des classes. Donc, dans la mesure où on ne peut faire autrement que de raser les bâtiments, le fait de savoir que le site servira aux enfants de l’école René-Saint-Pierre apporte un certain réconfort. Plus de réconfort en tout cas que d’assister au pénible spectacle d’une église qui tombe en ruine. Cela dit, si la démolition se concrétise comme prévu au début de l’année 2017, il n’est pas dit que ce sera la dernière à Saint-Hyacinthe, et encore moins à travers le diocèse où l’Église gère la décroissance à tous les niveaux. D’autres décisions difficiles sont à venir. Il est utopique de croire que l’on pourra sauver toutes les églises. L’idée, c’est de conserver les bonnes, celles qui méritent de l’être. Et si on se fie à la Fabrique Saint-Thomas-d’Aquin, qui peut-on présumer doit avoir eu l’appui tacite de Mgr Lapierre avant de s’engager avec la CSSH, l’église Sacré-Coeur n’est pas du nombre.