5 novembre 2020 - 14:18
Ville de Saint-Hyacinthe
Une embauche sème (encore) la discorde
Par: Rémi Léonard

Me Hélène Beauchesne partira officiellement pour la retraite au début 2021. 

Capture d’écran | NousTv Saint-Hyacinthe

Me Hélène Beauchesne partira officiellement pour la retraite au début 2021. Capture d’écran | NousTv Saint-Hyacinthe

La Ville de Saint-Hyacinthe se prépare à accueillir sa nouvelle directrice des services juridiques et greffière afin de prendre la relève de Me Hélène Beauchesne, qui partira bientôt pour la retraite après 33 ans de service à la Ville.

L’embauche de sa successeure, confirmée lundi soir par le conseil, a toutefois été vivement critiquée par le représentant de La Providence, Bernard Barré, qui aurait une fois de plus souhaité qu’on priorise une candidature locale plutôt qu’une personne de l’extérieur. Outre Linda Roy, conseillère de Saint-Thomas-d’Aquin, qui lui a apporté son support, tous les autres membres du conseil ont plutôt appuyé la recommandation du comité de sélection, qui a préféré la candidate qui présentait davantage d’expérience dans le monde municipal.

Il s’agit de Geneviève Lauzière, qui a notamment occupé l’an dernier le poste de greffière adjointe pour la Ville de Sainte-Julie, après trois ans passés à la Ville de Saint-Amable en tant que greffière et directrice générale adjointe, d’après son profil LinkedIn. Des expériences similaires se retrouvent également dans son parcours du côté des villes de Beaconsfield, de Granby et de Cowansville. Mme Lauzière travaille présentement comme conseillère en audit de performance pour la Commission municipale du Québec, toujours selon le profil consulté.

Un air de déjà-vu

Il faut savoir que des désaccords de ce genre n’ont rien d’inédits à Saint-Hyacinthe puisque l’embauche de candidats locaux a toujours été l’un des chevaux de bataille du conseiller Barré, qui tente inlassablement de faire valoir ce point auprès de ses collègues, sans grand succès jusqu’ici. Nos archives renferment nombre d’exemples de pareilles prises de bec, même sous l’administration précédente du maire Claude Bernier.

Dans le cas qui nous occupe, il semble cependant que le candidat local avait particulièrement retenu l’attention de M. Barré, qui a parlé d’un « jeune notaire […] avec beaucoup de potentiel », mais qui comptait moins d’expérience dans le monde municipal. « On avait une belle occasion de lui donner cette expérience-là », quitte à prendre le temps de l’encadrer adéquatement, a-t-il exprimé. Il a alors servi l’exemple d’un candidat maskoutain dont il avait encouragé l’embauche dans les années 1980 et qui a finalement fait toute sa carrière à Saint-Hyacinthe. « Je n’ai jamais été inquiet qu’il s’en aille dans une autre Ville. Il était chez lui », a-t-il plaidé en votant contre la résolution. Mme Roy a fait de même, se disant « 100 % en accord » avec M. Barré sur cette question.

La tension monte

L’échange aurait pu en rester là, comme à de maintes reprises par le passé, mais cette fois, le bouillant représentant de La Providence a littéralement explosé après que sa collègue Annie Pelletier lui a demandé s’il avait un « préjugé envers les personnes de l’extérieur ». « On n’a pas de préjugé. […] On dit juste que, quand on arrive à la fin et que c’est [serré], on peut-tu donner une chance à nos concitoyens », a-t-il lancé en élevant la voix. « Je suis en beau maudit à soir. Parfait, vous m’avez allumé », a-t-il continué, exposant alors des détails qu’il n’avait visiblement pas l’intention d’aborder au départ.

Il a en effet rappelé que la première exigence affichée sur l’offre d’emploi spécifiait que le candidat devait être membre du Barreau du Québec ou de la Chambre des notaires du Québec. « Mme Lauzière est-elle avocate ou notaire? » a-t-il lancé avec défi au maire Corbeil, qui n’a pas voulu répondre à cette question. « Ça fait sept ans que je suis ici et ça fait sept ans que vous votez contre chaque fois qu’un candidat ne vient pas de Saint-Hyacinthe. Je vais vous dire c’est quoi le rôle d’un comité de sélection. […] C’est de trouver la candidature la plus apte pour le poste, sans discrimination de lieu », a riposté le maire Corbeil, visiblement irrité de ce débat qui ne cesse de revenir périodiquement au sein du conseil.

Après la séance, le maire a précisé sa pensée : ce n’est qu’à « compétences égales » qu’on peut réellement favoriser une candidature locale, a-t-il exprimé. Une posture comme celle prônée par M. Barré serait même « discriminatoire » en regard des droits de la personne et ne tiendrait pas d’un point de vue légal, a aussi souligné le directeur général, Louis Bilodeau. L’idée d’ajouter dans les critères de sélection la « connaissance du milieu » plutôt que le lieu de résidence n’a pas été proposée par M. Barré, mais il pourrait possiblement s’agir d’un compromis entre les deux positions, tout en écartant au passage la question de la discrimination.

Transition à venir

D’ici au départ de Me Beauchesne, Mme Lauzière sera officiellement directrice adjointe des services juridiques, un nouveau poste qui restera uniquement le temps d’effectuer la transition. Elle entrera donc en fonction le 30 novembre et c’est le 1er février 2021 que Geneviève Lauzière deviendra officiellement la directrice des services juridiques et greffière.

Lundi soir, le point suivant à l’ordre du jour a lui aussi été contesté puisqu’il s’agissait encore là d’une embauche d’un candidat provenant de l’extérieur de la municipalité. Il s’agissait cette fois d’un poste de préposé à l’accueil et aux permis au Service de l’urbanisme. C’est encore M. Barré et Mme Roy qui ont voté contre l’embauche. M. Barré a déploré que sur les 47 candidatures maskoutaines reçues, aucune n’ait été retenue, et ce, même si en fin de course, trois des cinq candidats les plus intéressants étaient Maskoutains.

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