13 janvier 2022 - 07:00
Recours collectif
Une épée de Damoclès pend au-dessus de Sanimax
Par: Sarah-Eve Charland
L’entreprise Sanimax fait l’objet d’une demande d’autorisation d’action collective devant la Cour supérieure du Québec. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

L’entreprise Sanimax fait l’objet d’une demande d’autorisation d’action collective devant la Cour supérieure du Québec. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Malgré l’annonce de la mise en place d’une série de mesures pour tenter d’atténuer les désagréments liés aux odeurs, l’usine Sanimax fait maintenant l’objet d’une demande d’autorisation d’action collective devant la Cour supérieure du Québec.

Le document a été déposé le 4 janvier par deux Montréalais et concerne tous les résidents qui habitent à moins de 3,3 km de l’une des usines de Sanimax situées à Lévis, Saint-Hyacinthe et Rivière-des-Prairies. Près de 135 000 personnes pourraient être admissibles si la demande est autorisée. Les demandeurs exigent un dédommagement de 500 $ par mois incommodé par les odeurs et de 1300 $ pour dommages moraux et punitifs. Ils estiment donc que les dommages s’élèvent à plus de 100 M$.

Le Maskoutain Jean-Michel St-Germain milite depuis de nombreuses années afin d’obliger l’entreprise à mettre en place des actions concrètes permettant d’éliminer les odeurs infectes à l’usine de Saint-Hyacinthe. Il salue l’initiative, mais craint que les demandes incluses dans le document juridique n’éliminent pas réellement la pollution odorante. La demande en action collective suggère que les camions déplaçant les carcasses soient désignés comme des véhicules transportant des déchets biomédicaux. Cette désignation obligerait l’entreprise à utiliser des camions hermétiques et réfrigérés à une température inférieure à 4 °C.

« L’action collective a de l’allure, mais je ne pense pas que les camions biomédicaux aideraient. L’entreprise laisse parfois des camions de carcasses pendant des jours dans le stationnement pour que les carcasses dégèlent. C’est comme laisser du steak haché en pleine chaleur. Ça sent mauvais », déplore-t-il.

Agrandissement des installations

Sanimax prévoit notamment d’agrandir et de moderniser son site maskoutain en 2022, ce qui permettrait d’effectuer le déchargement des cadavres d’animaux à l’intérieur de l’usine et à portes closes. Selon l’entreprise, cette logistique devrait permettre de réduire significativement les odeurs perceptibles dans le secteur de Sainte-Rosalie.

« S’ils agrandissent leur usine, je veux qu’ils nous garantissent qu’il n’y aura pas d’odeurs. S’ils ne veulent pas, ça veut dire qu’il y en aura encore. Ce sont de mauvais voisins », poursuit M. St-Germain.

Selon le conseiller municipal de Sainte-Rosalie, Donald Côté, le projet de modernisation n’a été présenté que verbalement à la Ville. Aucun projet n’a été déposé officiellement. Il ajoute que l’agrandissement ne servira pas à augmenter la production, mais bien à transborder la marchandise à l’intérieur.

Il n’a d’ailleurs pas été surpris d’apprendre la demande d’autorisation d’action collective déposée en Cour supérieure. Le dossier fait l’objet de plaintes constamment à la Ville. « Tout ce qu’on peut faire, c’est surveiller la situation et donner des constats d’infraction, mais Sanimax conteste toujours les constats », mentionne M. Côté.

Le maire André Beauregard estime que la solution réside dans l’intervention des paliers gouvernementaux supérieurs. Selon lui, le ministère de l’Environnement devrait intervenir plus souvent dans le dossier des odeurs. Malgré tout, il affirme que la Ville a collaboré avec l’entreprise pour trouver des solutions et qu’elle le fera aussi souvent et longtemps que nécessaire.

« On a travaillé avec [l’entreprise] pour essayer de trouver un plan de redressement. C’est un enjeu majeur pour les citoyens. Sanimax est aussi consciente qu’elle a du travail à faire. Elle s’est engagée à mieux communiquer avec les citoyens et à agrandir pour réduire les odeurs. On souhaite que ça se fasse avant l’été. On les accompagne là-dedans », ajoute M. Beauregard.

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