4 avril 2024 - 03:00
Éclipse solaire totale du 8 avril
Une expérience inoubliable, selon des experts
Par: Adaée Beaulieu
L’astrophysicien valois Jean-René Roy considère que tous devraient vivre l’expérience de l’éclipse solaire totale du 8 avril en se protégeant les yeux adéquatement. Photo gracieuseté

L’astrophysicien valois Jean-René Roy considère que tous devraient vivre l’expérience de l’éclipse solaire totale du 8 avril en se protégeant les yeux adéquatement. Photo gracieuseté

Claude Germain, le président du Club d’astronomie maskoutain, et le réputé astrophysicien originaire de la région d’Acton Vale Jean-René Roy sont unanimes : l’éclipse solaire totale du 8 avril ne laissera personne indifférent.

« Après avoir vu une éclipse solaire totale, j’ai accompli un de mes rêves », a déclaré M. Roy, qui a été marqué par son expérience. C’est après avoir complété son doctorat sur les éruptions solaires en 1973 qu’il a vu sa première éclipse solaire complète sur le lac Winnipeg en 1979. Il se rappelle que les enfants jouaient dans la neige, puis se rendait au télescope pour observer l’éclipse. « Il y avait beaucoup de familles et c’était un moment d’amusement », a-t-il raconté.

Il considère les mesures mises en place par certains centres de services scolaires au Québec pour empêcher les jeunes de voir l’éclipse comme exagérées et relevant « presque de l’obscurantisme ».

Bien qu’il ne se considère pas comme un chasseur d’éclipses, il se déplacera sans hésiter de Lévis aux Cantons de l’Est le 8 avril, si le ciel est dégagé, pour observer ce phénomène à nouveau 45 ans plus tard.

Il y croisera peut-être Claude Germain, qui se dirigera vers Bromont, si le temps est clément. Selon les conditions météorologiques attendues, celui qui a la fibre de l’explorateur est aussi prêt à se déplacer aux États-Unis ou au Nouveau-Brunswick pour voir la lune cacher le soleil. Il prendra la route la veille.

En 2017, il s’était rendu jusqu’au Nebraska pour voir une éclipse solaire et avait finalement dû poursuivre son périple jusqu’au Wyoming pour se trouver sous un ciel découvert. À Saint-Hyacinthe, les probabilités d’un ciel dégagé ne sont pas trop reluisantes pour le 8 avril avec 10 % de chances de voir l’éclipse.

« Les mordus d’éclipses vont voyager à travers le monde pour les voir et parfois payer de 15 à 20 000 $. Il y en a en moyenne deux par année sur la Terre, mais parfois, elles sont en plein milieu de l’océan ou en Antarctique, par exemple », a expliqué M. Germain.

Profiter du moment

Claude Germain compare une éclipse totale à une apparition divine. Lui et Jean-René Roy ont raconté qu’à l’époque de la civilisation mésopotamienne, les éclipses étaient vues comme des présages, par exemple d’épidémie. Les humains de l’époque préféraient que le ciel soit couvert pour ne pas les voir.

Pourtant, selon M. Germain, il s’agit d’une expérience à vivre en groupe pour observer la réaction des autres et aussi celle des animaux lorsque la noirceur tombe. Il invite les observateurs à délaisser la technologie pour ne pas manquer ce moment éphémère lorsque les lunettes peuvent être retirées. Seuls des jumelles ou un télescope avec un filtre spécialisé peuvent être utilisés tout au long de l’expérience.

Jean-René Roy souligne que le soleil sera à une belle altitude pour l’observer, mais que les observateurs le trouveront particulièrement petit. M. Roy a expliqué que la couronne solaire offrira un magnifique spectacle. Habituellement, elle n’est pas perceptible, car elle est un million de fois moins brillante que le soleil.

« Tant que nous n’en avons pas vu une, nous ne savons pas ce que nous manquons. Ce spectacle est à des années-lumière des autres. Personne ne peut rester indifférent. Ça nous change tous. Nous vivons au rythme de l’éclipse. Quand la totalité arrive, il est presque impossible de ne pas crier. Nous perdons nos moyens », a décrit M. Germain pour résumer la force du phénomène.

Une occasion d’enseignement unique

Pour Jean-René Roy, l’éclipse totale sera un moment privilégié pour faire de l’éducation scientifique, notamment sur les mouvements de la lune et du soleil. Il a d’ailleurs souligné que l’alignement parfait des deux astres ne se produit pas n’importe où ni n’importe quand. Cette année marque un moment exceptionnel alors que l’activité solaire sera presque à son maximum, laissant voir les taches solaires et plus d’aurores boréales. « Il faut vraiment tout faire pour que les jeunes puissent la voir », a-t-il conclu.

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