La première chose à savoir, c’est qu’il ne s’agit pas d’une exception. La valeur des propriétés a explosé partout au Québec, du moins dans les municipalités qui procèdent à la mise à jour de leur rôle triennal d’évaluation en date du 1er janvier 2025. À titre d’exemple, la valeur des maisons unifamiliales a progressé de 64 % à Shawinigan, de 59,8 % à Trois-Rivières et de 44 % à Varennes. Partout, on parle également de variations historiques.
À Saint-Hyacinthe, la progression de la richesse foncière, établie en additionnant la valeur de tous les immeubles toutes catégories confondues, est assez spectaculaire, merci. En hausse de 39,6 % par rapport à 2022 (7,7 G$), elle atteint maintenant 11,5 G$. Je rappelle qu’il aura quand même fallu attendre dix ans, de 2001 à 2011, pour qu’elle passe de 2 à 4 G$.
Les Nostradamus de malheur qui prédisaient l’effondrement du marché immobilier en début de pandémie se sont donc plantés. Et encore, ces valeurs sont le reflet de la vigueur du marché à l’été 2023.
Maintenant, faut-il se réjouir de voir le prix des maisons atteindre de si hauts sommets? Tout dépend de votre situation, même si règle générale, il est toujours positif de voir ses investissements prendre de la valeur et fructifier.
Mais les premiers acheteurs qui prévoient l’achat d’une maison ne l’auront pas facile, et même les locataires pourraient en subir les contrecoups puisqu’habiter dans un immeuble qui s’est apprécié coûte forcément plus cher à assurer.
J’ai quand même été surpris de constater que, dans une proportion de 75 %, les quelque 265 lecteurs qui ont pris la peine de répondre à notre question Internet considèrent que l’explosion du rôle d’évaluation n’est pas une bonne nouvelle pour les propriétaires. Plusieurs redoutent sans doute l’effet qu’aura le nouveau rôle sur la préparation du compte de taxes 2025.
Mais n’ayez crainte, celui-ci ne bondira pas de 50 %. Les élus vont réduire le taux de la taxe foncière de façon à éviter un choc tarifaire aux propriétaires. Le maire André Beauregard a indiqué la volonté du conseil d’en arriver à établir un taux de taxe qui restera « raisonnable » et à contenir l’augmentation du compte de taxes d’une maison moyenne à l’intérieur d’une cible de 3 %. À ce niveau, elle serait quand même supérieure à l’indice des prix à la consommation.
On devine que la préparation du budget 2025 ne doit pas être un exercice de tout repos, à la veille d’une année qui sera électorale. Il serait quand même étonnant qu’on nous arrive, comme l’an dernier, avec deux nouvelles taxes écoresponsables. Mais on pourrait être tenté de préparer le terrain aux nécessaires et coûteuses dépenses d’infrastructures, tout spécialement au niveau du traitement et de la distribution de l’eau potable.
Avant longtemps, il faudra adresser et assumer la facture qui viendra forcément avec la mise aux normes de l’usine d’épuration et du réseau.
Les élus actuels et ceux qui suivront auront des choix difficiles devant eux. Hâte de voir s’ils seront capables de contenir longtemps la dette à l’ensemble. Peut-être seront-ils plutôt tentés de rehausser leur seuil psychologique. Ils nous sortiront peut-être qu’on peut très bien vivre avec une dette supérieure à 100 M$, voire 125 M$, considérant la nouvelle richesse foncière de 11,5 G$.
Si tous les propriétaires n’ont pas sauté de joie en prenant connaissance du rôle d’évaluation, nos élus, eux, y ont sans doute vu une soudaine marge de manœuvre dont ils auront grandement besoin pour justifier leurs dépenses futures et notre niveau d’endettement.
Ils pourront donc continuer de s’en donner à cœur joie, s’ils le souhaitent.