9 novembre 2023 - 03:00
La fin du Publisac
Une imprimerie et 175 emplois menacés
Par: Martin Bourassa
Un nuage d’incertitude plane au-dessus de l’imprimerie TC de Saint-Hyacinthe et de ses 175 travailleurs à la suite de la décision de l’entreprise de mettre fin à la distribution du Publisac à la grandeur du Québec d’ici le printemps prochain. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Un nuage d’incertitude plane au-dessus de l’imprimerie TC de Saint-Hyacinthe et de ses 175 travailleurs à la suite de la décision de l’entreprise de mettre fin à la distribution du Publisac à la grandeur du Québec d’ici le printemps prochain. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Quelque 175 employés sur le qui-vive pourraient bien perdre leur emploi au printemps prochain à l’imprimerie TC Transcontinental de Saint-Hyacinthe.

Voilà l’impact découlant de la fin définitive du Publisac d’ici mai 2024 à la grandeur du Québec, un système de distribution de circulaires d’aubaines livrées à domicile qui opérait depuis 46 ans. TC Transcontinental a annoncé la semaine dernière le remplacement de son Publisac par un feuillet unique combinant les circulaires de plusieurs détaillants baptisé raddar. Comptant 32 pages et distribué à près de 4 millions d’exemplaires, il sera désormais livré aux foyers québécois par l’entremise de Postes Canada plutôt que par des distributeurs indépendants.

« Nous regrettons les répercussions de la fin du Publisac sur plusieurs journaux hebdomadaires ainsi que nos partenaires distributeurs. Compte tenu des changements réglementaires et prévus en matière de distribution et de leurs contrecoups sur les plans opérationnel et financier, le modèle du Publisac se devait d’évoluer », a déclaré Patrick Brayley, vice-président principal de TC Imprimeries Transcontinental dans un communiqué transmis aux médias vendredi.

Mené par la Ville de Montréal et des environnementalistes convaincus, le mouvement anti-Publisac s’est propagé à plusieurs municipalités qui avaient entrepris à leur tour de modifier leur réglementation afin d’interdire sa distribution, forçant TC à modifier sa stratégie et à déployer une solution alternative par la poste.

Sous le choc

La rapidité avec laquelle TC opère la transition a surpris tout le monde dans l’industrie, à commencer par les employés de l’imprimerie de Saint- Hyacinthe. Il faut savoir que c’est à cet endroit qu’est imprimée depuis des années la presque totalité des circulaires qui se retrouvaient dans le traditionnel Publisac. Technologiquement parlant, elle n’est pas équipée pour y imprimer la circulaire réinventée de TC.

Les employés de l’imprimerie maskoutaine ont été mis devant le fait accompli jeudi dernier. « Ce fut une surprise totale pour nous, a confié un employé de longue date qui a refusé de s’identifier. Nous pensions que la transition vers raddar se ferait plus progressivement, sur un an ou deux. Personne ne l’avait vu venir. Les gens sont sortis de la rencontre assez abattus. C’est l’incertitude totale pour l’instant, mais on s’accroche à l’espoir qu’il y aura une conclusion positive, surtout les plus jeunes. »

En entrevue au COURRIER, François Taschereau, vice-président des communications d’entreprise et affaires publiques chez TC, a expliqué que le message livré par la direction à son personnel se détaillait en trois points. « On leur a dit qu’il y aurait une diminution de volume d’impression d’ici le mois de mai, qu’on recherchait activement de nouveaux contrats pour cette imprimerie et que nous nous engagions à leur revenir avec une mise à jour à la fin janvier. On regarde toutes les options possibles », a-t-il dit en refusant de dire si la reconversion de l’imprimerie pour y faire autre chose que des circulaires en était une.

En décembre 2019, lorsque la Ville de Montréal avait relancé l’idée de bannir le Publisac, la présidente du conseil de TC, Isabelle Marcoux, avait profité de son passage à Saint-Hyacinthe pour prévenir la députée Chantal Soucy des conséquences à envisager advenant que le mouvement d’opposition au Publisac devait s’étendre à la grandeur du Québec. C’est l’emploi des quelque 290 salariés de l’usine maskoutaine qui était en jeu à ce moment. La fermeture de cette imprimerie ne semblait pas être une menace à peine voilée, mais une évidence, avions-nous écrit.

Quatre ans plus tard, la fin du Publisac fait donc craindre le pire pour cette imprimerie fondée en 1976 par le Maskoutain Denis Chartier, père de Benoit, l’éditeur du COURRIER. Elle avait été acquise par Transcontinental en 1979.

Questionné par LE COURRIER, le maire de Saint-Hyacinthe a exprimé ses préoccupations. « C’est dommage, on se doutait que cette nouvelle (la fin du Publisac) arriverait un jour, mais l’avenir incertain des 175 emplois à Saint-Hyacinthe, c’est inquiétant. On espère qu’ils trouveront une alternative pour les conserver. À la Ville, cela n’a jamais été dans nos intentions d’interdire le Publisac, justement parce qu’on sait que nombreux emplois y sont attachés à Saint-Hyacinthe », a commenté André Beauregard.

Le président du syndicat représentant les employés de l’imprimerie de Saint-Hyacinthe, Jean Jodoin, n’avait pas été en mesure de communiquer avec nous avant la mise sous presse.

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