Puisque le bail est d’une durée minimale de 25 ans, l’organisme sans but lucratif privé, considéré comme le bras économique de la Ville de Saint-Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains, est assuré de toucher des revenus de 50 M$ d’ici la fin de l’entente de location. En contrepartie, la construction du bâtiment de 135 000 pieds carrés, répartis sur deux étages, nécessitera un engagement financier de 30,5 M$ de la part de Saint- Hyacinthe Technopole. Un financement de 29,5 M$ a été souscrit auprès de trois créanciers pour assurer sa réalisation.
Jamais jusqu’ici les détails financiers de l’entente liant le centre de distribution de produits et services vétérinaires à l’organisme maskoutain n’avaient été révélés, hormis la durée du bail au moment de l’annonce publique du projet en mars 2021. C’est en consultant le plus récent rapport annuel d’Investissement Québec que LE COURRIER a pu découvrir certaines modalités de l’entente négociée entre les deux parties. « En avril 2021, la Société a signé une convention de bail pour une durée de 25 ans pour la location d’un immeuble à construire. Le loyer estimatif est d’un montant de 2 M$ par année et sera payable à partir de la date de prise de possession de l’immeuble par la Société. Selon la direction, la date de début de la construction est prévue pour mai 2021 et la date de prise de possession est prévue à l’été 2022 », peut-on lire dans une courte note à la page 216.
Spécialisée dans la distribution de produits vétérinaires pour les grands animaux et les animaux de compagnie, CDMV est une filiale à part entière d’Investissement Québec, le bras financier de l’État québécois. Ce statut explique pourquoi il doit rendre des comptes publiquement sur ses engagements contractuels dans son rapport annuel, contrairement à Saint-Hyacinthe Technopole qui consent uniquement à rendre publics ses états financiers annuels à l’insistance de la Ville de Saint-Hyacinthe.
DE L’ENTREPOSAGE DANS LE PARC TECHNOLOGIQUE
Le siège social de CDMV est installé à Saint-Hyacinthe depuis sa fondation en 1972. Avant de s’implanter dans ses locaux actuels, à l’intersection des boulevards Casavant et Choquette, il a occupé divers emplacements, entre autres sur les rues Beauparlant et Sicotte.
Selon nos informations, c’est par crainte de voir CDMV et ses quelque 200 employés quitter Saint-Hyacinthe au profit de la Rive-Sud – la Ville de Longueuil a été évoquée – que Saint- Hyacinthe Technopole a consenti à l’installer à l’intérieur du périmètre de la Cité de la biotechnologie, un endroit plus ou moins approprié pour une entreprise qui œuvre principalement dans la distribution de produits vétérinaires.
Outre abriter des bureaux administratifs, la majeure partie des nouveaux locaux servira de centre de logistique pour l’entreposage des marchandises. Il n’y a aucun espace de laboratoire dans les plans et il ne s’y fait aucune recherche appliquée.
Consacré au secteur bioalimentaire, le parc technologique maskoutain couvre une superficie de 10 millions de pieds carrés qui a été cédée à l’organisme la Cité de la biotechnologie, qui est à l’origine de Saint-Hyacinthe Technopole. Selon les ententes liant les parties, ce parc technologique inauguré en 2003 devait servir exclusivement « à l’industrie innovante dans les secteurs agroalimentaire, vétérinaire et agroenvironnemental ».
En principe, Saint-Hyacinthe Technopole doit obtenir l’accord du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) avant de développer un projet dans cet espace.
Comme nous le révélions en janvier 2021, le MAPAQ n’a toutefois pas jugé bon s’opposer au déménagement de CDMV dans la Cité. « CDMV offre des services importants à l’industrie vétérinaire par son rôle de premier plan dans l’industrie pharmaceutique animale et dans l’amélioration de la santé animale au Québec et par le développement de solutions innovantes pour ce pan de la chaîne agroalimentaire », avait alors justifié un porte-parole du MAPAQ interrogé par LE COURRIER.
En plus d’assurer la présence à long terme d’un employeur majeur à Saint-Hyacinthe, le bail avec CDMV permet à Saint-Hyacinthe Technopole de consolider ses finances.
Sans égard au remboursement du prêt qui va avec la construction d’un immeuble de 30 M$, on mesure toute l’importance d’un bail annuel de 2 M$ à la lecture des plus récents états financiers de l’organisme, en date du 31 décembre 2020.
Pour l’année 2020, l’ensemble des revenus de location (loyers de base) de ses bâtisses industrielles s’élevaient à 1,9 M$, soit une somme inférieure au loyer annuel de 2 M$ qu’elle touchera grâce au bail conclu avec CDMV. Précisons que le parc immobilier de Saint-Hyacinthe Technopole est formé de sept bâtisses industrielles dans lesquelles on trouvait pas moins de 21 entreprises/locataires au 31 décembre 2020.
Pour toute l’année 2020, l’ensemble des revenus de Saint-Hyacinthe Technopole totalisaient 4,3 M$, incluant une subvention de 1,2 M$ provenant de la Ville de Saint-Hyacinthe.