Rappelons que le promoteur a annoncé en juillet son intention d’y construire un complexe de six à huit étages pour retraités actifs sur les terrains occupés par cinq immeubles à logements qui abritent une vingtaine de locataires. Aucune acquisition n’a toutefois été réalisée pour l’instant. Le projet doit aussi se réaliser sur une partie du stationnement municipal situé derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde, un espace déjà promis par la Ville de Saint-Hyacinthe pour la somme de 1 M$.
C’est d’ailleurs à cet endroit qu’a démarré la marche de lundi, organisée par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, qui avait fait venir des participants de Sorel, de Valleyfield, de Beauharnois, de Québec et de Montréal pour l’occasion. Le cortège s’est d’abord déplacé directement devant les propriétés visées par le projet de Groupe Sélection, sur l’avenue Saint-François, là où les évictions sont redoutées. David-Alexandre Grisé, porte-parole du comité maskoutain Logemen’mêle, a déploré que les citoyens se retrouvent trop souvent relégués au second plan par la Ville de Saint-Hyacinthe « au nom d’un sacro-saint développement [économique], même durable ». Une action de visibilité comme celle-ci se veut donc une manière de « faire un contrepoids devant les tentations et la dépendance fiscale de notre municipalité à l’égard des entreprises privées », a-t-il affirmé.
Le succédant, Richard Mongrain, résident du centre-ville résolument opposé à la vision de densification prise par les élus, a soulevé l’impact des procédures en cours sur les locataires, la plupart des aînés, qui doivent composer avec le stress d’une possible éviction. « Arrêtez de dire que la Ville de Saint-Hyacinthe appuie les locataires dans leurs démarches, c’est faux. Ces personnes-là ne veulent pas partir. C’est du harcèlement qu’ils font », a-t-il argué.
Le prochain arrêt des manifestants s’est fait à l’emplacement où se trouvaient auparavant trois immeubles à logements sur la rue Marguerite-Bourgeoys, démolis par la Ville en 2017 pour faire place à plus de cases de stationnement. La citoyenne Chantal Goulet a rappelé l’historique de ce dossier où l’opposition citoyenne était pourtant parvenue à amorcer un processus qui aurait pu aller jusqu’au référendum. Finalement, la Municipalité a plutôt retiré son règlement, ce qui n’a pas empêché la démolition et l’utilisation de cet espace comme stationnement, a-t-elle rappelé.
Revendications
Les manifestants ont finalement abouti devant l’hôtel de ville pour porter leur message de protéger le droit au maintien des locataires dans leur milieu, particulièrement dans un contexte où les logements abordables se font de plus en plus rares à Saint-Hyacinthe. Les manifestants réclamaient ainsi l’intervention du maire Claude Corbeil pour empêcher la démolition des cinq immeubles à logements visés. David-Alexandre Grisé a aussi soulevé la nécessité d’élaborer une politique spécifique en matière de logement à Saint-Hyacinthe. Les organisateurs souhaitaient aussi interpeller la ministre de l’Habitation du Québec, Andrée Laforest, pour réclamer une réforme de la Régie du logement qui renforcerait les droits des locataires.
Richard Mongrain a par ailleurs profité de la tribune pour lancer une campagne de sociofinancement qui vise à soutenir la contestation judiciaire en cours contre le règlement de la Ville de Saint-Hyacinthe permettant les immeubles allant jusqu’à huit étages dans certains secteurs en bordure de la rivière. L’objectif est fixé à 40 000 $, a-t-il indiqué en présentant son initiative qu’il a nommée « Saint-Hyacinthe debout ».
Le candidat bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay était également de la marche. Affirmant que les locataires concernés « méritent toute notre solidarité », il s’est engagé à faire du logement une priorité s’il était élu et à travailler avec la Ville en ce sens si elle le souhaite, a-t-il commenté.