23 avril 2020 - 14:26
Une Maskoutaine inquiète à Abidjan
Par: Véronique Lemonde
Malgré des mesures de prévention pour éviter la propagation du coronavirus, dont un couvre-feu de 21 h à 5 h chaque jour et la fermeture de la ville, les rues d’Abidjan sont toujours vivantes et pleines de gens. Photo gracieuseté

Malgré des mesures de prévention pour éviter la propagation du coronavirus, dont un couvre-feu de 21 h à 5 h chaque jour et la fermeture de la ville, les rues d’Abidjan sont toujours vivantes et pleines de gens. Photo gracieuseté

Mélissa Archambault habite présentement à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. Photo gracieuseté

Mélissa Archambault habite présentement à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. Photo gracieuseté

Pour la Maskoutaine d’origine Mélissa Archambault, voyager est une seconde nature. Partie sur les routes africaines à vélo, au départ du Maroc, la jeune femme a quitté le Québec il y a plus d’un an et demi. Depuis novembre dernier, c’est à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, qu’elle s’est installée pour quelques mois afin de travailler pour une fondation suisse qui y a un pied-à-terre. Pour l’heure, la progression de la COVID-19 dans le pays l’inquiète beaucoup.

En date du 19 avril, 46 nouveaux cas confirmés de la COVID-19 avaient été enregistrés en Côte d’Ivoire, portant à 847 le nombre total de cas, dont 260 guérisons et neuf décès. « Il y a des mesures de prévention à Abidjan depuis le 12 mars environ. Les écoles et les lieux culturels sont fermés et les rassemblements de plus de 50 personnes ne sont pas permis. Aussi, le pays a fermé ses frontières terrestres, aériennes et maritimes », indique Mélissa Archambault.

Cependant, comme dans plusieurs pays africains, la distanciation sociale et physique n’est pas très réaliste, selon la voyageuse. « Les maires des diverses communes d’Abidjan tentent de prendre des mesures, mais certains ne veulent pas interdire la vente sur la rue, car souvent, il s’agit du seul revenu de bien des personnes. Les gens n’ont pas nécessairement de frigo et vivent beaucoup en autosuffisance. Le confinement total des gens n’est pas réaliste dans le contexte africain malheureusement », explique-t-elle.

Protégée malgré tout

Comme plusieurs expatriés vivant en Côte d’Ivoire, Mélissa a la chance de pouvoir habiter un grand appartement dans le quartier des affaires avec gardes de sécurité. « Ma colocataire, une Suisse, et moi, nous avons fait des provisions dans les premiers jours de mesures et je me sens tout de même sécurisée ici. Nous ne sortons pas et nous faisons du télétravail. Il y a vraiment deux rythmes de vie dans la capitale : les expats qui peuvent se payer des appartements de haut standing et la population locale qui vit dans de tout autres conditions. Donc, deux manières de vivre la crise de la COVID-19. Pour les locaux, l’aspect survie prime sur la santé publique bien entendue. »

Cependant, Mélissa est quand même inquiète de la situation et a pensé fortement à revenir au Québec. Il y a deux semaines, le vol qui lui était proposé était au tarif de 5000 $ et il s’agissait d’un aller simple vers Toronto. « Je ne reviendrai pas dans ces conditions, à ce prix, surtout si je suis ensuite prise à Toronto où je ne connais personne. C’est sûr que je m’ennuie de mon monde, mais en même temps, je peux vivre le confinement ici également. Je ne suis pas à plaindre, mais l’idée de revenir plane toujours dans ma tête. J’ai plusieurs contacts avec ma famille, elle voit où j’habite, mon appartement, et cela la rassure tout de même. »

Depuis le dimanche 29 mars, le Grand Abidjan est maintenant isolé du reste du pays. Le gouvernement a choisi d’y interdire la circulation de personnes entre la capitale économique et l’intérieur du pays dans le but de ralentir la progression de l’épidémie de coronavirus.

Mélissa Archambault, elle, continue de se faire observatrice d’une situation troublante, en espérant que des tensions sociales n’apparaîtront pas dans la population avec toutes ces mesures.

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