3 septembre 2020 - 12:02
Rentrée au Cégep de Saint-Hyacinthe
Une session en bonne partie à distance
Par: Rémi Léonard
Emmanuel Montini, directeur général du Cégep de Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©

Emmanuel Montini, directeur général du Cégep de Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©

Lors de la plus récente rentrée collégiale, fin août, la traditionnelle congestion automobile sur Boullé et la vive frénésie qui anime le carrefour central du Cégep de Saint-Hyacinthe se sont faites plus discrètes. Ce n’est pas que moins d’étudiants fréquentent l’établissement, mais ils le feront plus souvent devant leur ordinateur qu’assis sur les bancs d’école.

Il s’agit bien évidemment d’une conséquence des mesures mises en place pour faire face à la pandémie de COVID-19 qui a frappé le Québec et dont la deuxième vague est toujours redoutée. Comme l’a expliqué en entrevue au COURRIER le directeur général du cégep, Emmanuel Montini, le concept de « bulle » employé dans les écoles primaires et secondaires se révèle tout simplement impossible à appliquer au collégial. La distanciation de deux mètres se doit donc d’être respectée entre tous les étudiants et leurs professeurs pendant la session d’automne.

Résultat : la capacité des classes devient soudainement beaucoup plus restreinte. Une classe de taille normale ne peut accueillir qu’à peine 14 étudiants dans certains cas, ce qui correspond à très peu de groupes. C’est pourquoi l’enseignement à distance est privilégié pour une majorité de cours. Dans le cas de la formation continue, elle se fera « essentiellement à distance », a précisé M. Montini.

Une pensée pour les nouveaux

Dans l’enseignement régulier, ce sont surtout les cours pratiques et les laboratoires qui seront donnés sur place. Une exemption notable concerne cependant les étudiants de première année. Il n’était simplement « pas acceptable » qu’un jeune rentre au cégep sans avoir à se présenter au campus durant sa première session, a soutenu Emmanuel Montini, en citant comme exemple des programmes préuniversitaires plus théoriques, comme Arts, lettres et communication ou Sciences humaines. Un minimum d’un cours en classe toutes les deux semaines est donc prévu pour ces étudiants afin qu’ils développent un sentiment d’appartenance et entrent minimalement en contact avec leurs collègues, tout en restant à deux mètres bien sûr.

Le DG est d’ailleurs très conscient que les enjeux de motivation et de santé mentale seront particulièrement à surveiller au fil de la session en raison de l’isolement qui pourrait gagner certains étudiants. Avec la distance, l’encadrement peut également devenir insuffisant pour d’autres étudiants à besoins particuliers.

Voilà pourquoi plusieurs initiatives tenteront de pallier cette situation, comme des capsules vidéos qui pourront guider les étudiants sur les études à distance. Des ressources supplémentaires pour ajouter certains professionnels seront également déployées, a indiqué M. Montini. Le support habituel offert aux étudiants, que ce soit par le biais des aides pédagogiques individuels (API) ou du Service d’aide à l’intégration des élèves (SAIDE), sera d’ailleurs accessible directement au campus ou à distance, au choix de l’étudiant.

Certains locaux, de toute façon trop petits pour accueillir une classe complète, pourront plutôt servir de local de travail pour les étudiants qui auraient besoin d’un environnement moins distrayant qu’à la maison. D’autres espaces seront aménagés pour offrir une connexion internet et une alimentation électrique à ceux qui voudraient amener leur portable pour travailler, a aussi décrit M. Montini.

Une autre préoccupation sera de soutenir les professeurs dans l’enseignement à distance, un changement radical pour plusieurs. Côté technologie, il a d’ailleurs fallu bouger à vitesse grand V pour s’adapter à cette nouvelle réalité. « Avant la pandémie, nous avions trois ou quatre classes virtuelles. Maintenant, c’est des centaines. On a progressé de dix ans en quelques mois », a illustré le DG, qui souligne d’ailleurs les « efforts incroyables » déployés par le personnel et les étudiants pour s’adapter dans les circonstances. Des pépins informatiques ont tout de même affecté les deux premiers jours de classe, avant de rentrer dans l’ordre par la suite, a-t-il reconnu.

Alors qu’on aurait pu craindre une baisse de la fréquentation dans le contexte incertain de la COVID, le nombre d’étudiants à la rentrée atteignait tout de même 4714 à Saint-Hyacinthe, pratiquement le même nombre que l’année dernière, ce qui est encourageant, selon Emmanuel Montini. Il faudra garder un œil sur les possibles abandons en cours de session et sur les inscriptions à l’hiver pour voir si la pandémie aura un impact négatif à rebours sur les cégeps, a-t-il ajouté.

Panoplie d’ajustements

Pour loger des classes entières, des espaces comme des gymnases et d’autres locaux non traditionnels ont dû être réaménagés en salles de classe. Dès qu’on met le pied dans l’établissement, on remarque un peu partout l’abondant affichage installé pour guider les usagers dans les corridors, offrir des rappels sur les consignes sanitaires de base ou indiquer les limites d’utilisation du mobilier, entre autres.

D’autres mesures ont également été mises en place, comme l’utilisation d’un produit spécial qui peut neutraliser le virus de la COVID sur les surfaces. Appliqué dans les endroits jugés plus à risque comme les entrées ou les vestiaires, il peut être efficace jusqu’à six mois, a expliqué M. Montini. À sa connaissance, le Cégep de Saint-Hyacinthe est le seul établissement collégial à avoir tenté l’expérience au Québec.

Des lecteurs optiques pour les cartes des étudiants et du personnel ont aussi été installés pour enregistrer les arrivées et les départs. En fonction à la deuxième semaine de la session, le système compile ainsi des informations qui se révéleraient précieuses advenant la détection d’un cas positif et d’une enquête de la santé publique. En même temps, M. Montini a admis qu’en l’absence du cloisonnement qu’offre le concept de « bulle », le cégep ne peut pas vraiment se permettre une éclosion sans compromettre sérieusement ses activités.

Autres dossiers

À travers tous ces bouleversements, l’établissement se cherche toujours un intérim à la direction des études et de la vie étudiante, un poste clé dans la haute direction, en raison de l’absence prolongée de David Pilon pour des raisons personnelles. Le poste est vacant depuis le mois de février et le directeur général assume ces fonctions dans l’intervalle, a indiqué Emmanuel Montini. Le recrutement en temps de COVID n’est pas optimal, a-t-il reconnu. Un autre changement a également été réalisé dernièrement à la direction des ressources humaines après le départ de Karine Mercier vers le Cégep Édouard-Montpetit.

Grâce à un nouvel aménagement réalisé par la Ville durant l’été, l’avenue Boullé compte enfin deux voies d’entrée et deux voies de sortie, une configuration qui devrait permettre d’atténuer les heures de pointe parfois pénibles des dernières années. Paradoxalement, 2020 sera sans doute l’année où les usagers en auront le moins besoin, mais l’amélioration restera pour le futur. Autre chantier à venir, le Cégep de Saint-Hyacinthe compte toujours sur son deuxième accès vers la cour arrière qui viendra rejoindre l’échangeur du futur tunnel Casavant. Des travaux sont d’ailleurs en cours pour asphalter une portion du stationnement arrière et réaliser l’embranchement qui le reliera à la future rue.

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