On va se le dire, imposer de nouvelles taxes à l’ensemble d’un groupe donné n’est habituellement pas un geste très populaire et très rentable politiquement parlant.

Cela explique sans doute pourquoi, selon un bref examen fait par nos collègues du Devoir qui se sont intéressés au sujet, l’imposition d’une taxe spéciale du genre serait inédite au Québec puisqu’aucun précédent n’a été trouvé.

C’est le genre de décision que l’on devrait prendre en dernier recours, faute de mieux, quand tout a été essayé. Ailleurs, les rares municipalités qui ont aussi mis de l’avant un fonds vert l’alimentent autrement que par une taxe à l’ensemble. On affecte au fonds de l’argent puisé dans la réserve générale, qui, elle, est financée par l’imposition de la taxe foncière. Cette approche est encore plus facile que l’autre, car moins risquée.

C’est l’approche qui avait été privilégiée il n’y a pas si longtemps par la Ville de Saint-Hyacinthe pour établir sa réserve dédiée au développement du logement social.

Le conseil avait flirté avec l’idée de marquer le coup avec l’ajout d’une nouvelle taxe, mais il s’était gardé une petite gêne. Pas avec le fonds vert et le développement durable. On pense qu’une taxe verte passera mieux en 2023 auprès du contribuable maskoutain soucieux de sauver la planète. D’autant plus que cette part n’est pas si grande. On parle d’environ 20 $ pour une résidence évaluée à 290 000 $, ce qui engraissera ce fonds vert d’une somme inférieure à 550 000 $ en 2023.

On s’en servira entre autres pour planter des arbres, ajouter des bornes de recharge et financer toute initiative qui est verte, durable et écoresponsable. Difficile d’être contre ça et c’est ce qu’a dû se dire la majorité du conseil actuel. Le conseiller David Bousquet n’est pas convaincu du bien-fondé d’une taxe directe à l’ensemble, tout comme certains experts qui montrent des réserves quant au mode de financement retenu et l’intention derrière tout cela. David Bousquet aurait préféré des taxes ou actions plus ciblées sur les stationnements ou sur les pollueurs-payeurs par exemple. Pas qu’on traite sur le même pied les citoyens responsables et ceux qui ne le sont pas. Ça se discute.

Avec sa taxe, la Ville a opté pour la voie rapide de la simplicité, pas de doute là-dessus. Et le pari semble avoir réussi si l’on se fie à l’absence de critiques jusqu’ici. Aucun citoyen ne s’est plaint au conseil et j’attends encore la première lettre ouverte indignée.

Que la Ville de Saint-Hyacinthe fasse du développement durable une priorité et qu’elle le manifeste en imposant une nouvelle taxe à l’ensemble en estimant que tout le monde doit faire sa part, je peux vivre avec ça sans problème. De ça aussi, on peut en débattre.

Ce qui me heurte un peu à travers ce grand coup de marketing pour se donner bonne conscience, c’est que la Ville est souvent dure à suivre. Les bottines ne suivent pas toujours les babines quand il est question d’environnement.

Elle pose des gestes contradictoires, vous ne trouvez pas? Quand on se soucie réellement de l’environnement, on ne conteste pas le montant des amendes que le ministère de l’Environnement nous impose à la suite d’une catastrophe écologique dans la rivière Yamaska. On n’efface pas des amendes imposées à une entreprise polluante sous prétexte qu’elle va corriger le tir et s’améliorer. Et on n’encourage pas l’étalement urbain en favorisant la construction domiciliaire dans un boisé ou même sur un ancien terrain de golf. On commence par donner l’exemple avant de taxer le peuple.