25 mars 2021 - 07:00
Un couple décède de la COVID à cinq jours d’intervalle
Unis, jusqu’au bout…
Par: Véronique Lemonde
Almanzor Vermette et son épouse Thérèse Laliberté, de Saint-Simon, sont tous les deux décédés de la COVID-19 à seulement quelques jours d’intervalle, en décembre dernier. Photo gracieuseté

Almanzor Vermette et son épouse Thérèse Laliberté, de Saint-Simon, sont tous les deux décédés de la COVID-19 à seulement quelques jours d’intervalle, en décembre dernier. Photo gracieuseté

Pour Sylvie Vermette, malgré la COVID, c’est le meilleur scénario de fin de vie qui pouvait arriver à ses parents, Almanzor Vermette et Thérèse Laliberté, tous deux décédés à quelques jours d’intervalle, le 18 et le 23 décembre 2020, du virus. Elle le dit à contrecœur, mais elle n’aurait pu imaginer une fin différente pour ces deux inséparables qui auraient célébré 70 ans de mariage en juin prochain. Une vie ensemble, toujours, jusqu’à la fin.

Le couple avait quitté Saint-Simon – où il a habité toute sa vie, élevé trois enfants et géré une production laitière, porcine et maraîchère – pour s’installer aux Jardins de la Gare, à Saint-Hyacinthe, en décembre 2019. Relativement épargnée par la COVID au départ, la résidence privée a vu l’apparition de plusieurs cas parmi ses résidents en décembre.

« À leur arrivée, mes parents étaient sur un étage sans soins, puis mon père a eu besoin de plus de soins au fil de l’année et ils ont été transférés au deuxième étage de la résidence. Ils avaient la même chambre en arrivant et, au deuxième étage, ils étaient encore dans la même chambre. Ils ont vécu ensemble toute leur vie, ils étaient très soudés et prenaient soin l’un de l’autre. Les gens qui les connaissaient disaient souvent “quand tu en vois un, tu vois l’autre!” », se remémore leur fille Sylvie Vermette.

C’est Almanzor Vermette qui a contracté la COVID-19 le premier. Puis Thérèse. Très rapidement, l’homme de 95 ans s’est retrouvé déshydraté et a subi des douleurs musculaires importantes. « Ma mère, c’était plus dans les poumons que s’est jetée la COVID, mais elle se portait mieux que lui. Ils ont alors été transférés dans la zone chaude de la résidence au quatrième étage, encore dans la même chambre. Puis, le 16 décembre, mon père allait de mal en pis. Ils ont été transportés tous les deux en ambulance jusqu’à Honoré-Mercier au septième étage. La vie fait bien les choses, car encore une fois, ils étaient dans la même chambre, une chambre de quatre lits. »

Main dans la main

Le 17 décembre, Sylvie Vermette a été autorisée à visiter ses parents à l’Hôpital Honoré-Mercier. « Mon père souffrait beaucoup, c’était dur de voir ça. J’ai demandé au personnel d’essayer d’orienter le lit de ma mère de manière qu’elle puisse toujours garder un œil sur son mari. Puis, dans la nuit du 18 décembre, il est mort. Ce que j’ai su le lendemain en retournant à l’hôpital, c’est que le personnel avait rapproché le lit de ma mère de celui de mon père, complètement collé. Ainsi, ma mère lui tenait la main quand il est décédé. Je trouve que le personnel a été extraordinaire. C’est triste, mais c’est beau en même temps. Elle était là pour lui jusqu’à la fin. »

Cependant, à la suite de cette perte, Thérèse Laliberté a vu son état se détériorer et s’est éteinte à son tour le 23 décembre. « Je n’ai jamais vu ma mère dans un état de tristesse de la sorte qu’après le décès de son mari. Elle a juste lâché prise, je crois. La COVID est arrivée dans nos vies et, sincèrement, nous n’en voulons pas du tout à la résidence ou à l’hôpital. La tristesse m’a envahie, mais je n’ai pas vécu de colère comme telle. C’est arrivé et nous n’y pouvions pas grand-chose. Ce sont des situations si difficiles pour le personnel soignant. »

Pour l’instant, la famille d’Almanzor Vermette et de Thérèse Laliberté attend toujours la levée des mesures sanitaires pour organiser une cérémonie religieuse à l’église de Saint-Simon en hommage au couple. « Ils étaient très connus dans leur communauté et nous voulons leur rendre hommage à leur juste valeur et que les gens qui les connaissaient puissent être là. Nous attendrons donc aussi longtemps que possible pour leur organiser une cérémonie », conclut Mme Vermette.

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