8 février 2024 - 03:00
Usine Northvolt : dommages collatéraux anticipés sur la zone agricole
Par: Le Courrier
La Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie est grandement préoccupée par l’annonce de la compensation qui sera exigée à Northvolt et qui lui accorde le droit de détruire 13 hectares de milieux naturels et humides sur le site de la future usine de batteries à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand.

Rappelons que cette compensation devra se traduire par la création, la restauration ou la conservation d’un seul milieu naturel d’une superficie de 30 à 50 hectares à proximité du site.

« Il n’y a pas de règle du un pour un en mesure compensatoire puisque le milieu d’origine qui sera détruit a toujours une valeur écologique supérieure à celui qui sera créé. On doit donc aménager un milieu humide anthropique d’une superficie plus importante pour limiter les impacts sur la biodiversité. De toute évidence, ce milieu humide de remplacement de 30 à 50 hectares d’un seul tenant se retrouvera en zone agricole », affirme Jérémie Letellier, président de l’UPA de la Montérégie.

Ce projet compensatoire viendrait donc amputer la zone agricole de manière inacceptable. L’UPA de la Montérégie a toujours défendu l’idée que les milieux humides naturels devraient être conservés et que de nouvelles activités ne devraient pas être autorisées par le ministère de l’Environnement dans ceux-ci quand elles peuvent être implantées ailleurs. Le concept « Éviter – Minimiser – Compenser » de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques doit être respecté en priorisant d’éviter la destruction.

Le choix de l’emplacement de l’usine apparaît de plus en plus questionnable, car le site est situé dans la couronne sud de Montréal, là où la biodiversité est la plus riche, où les terres agricoles sont les plus fertiles et où les pressions d’urbanisation sont parmi les plus importantes. Il est clair que la construction de l’usine de Northvolt nécessitera la mise en place de nouvelles infrastructures routières et de transport d’énergie qui elles aussi sacrifieront inévitablement des terres agricoles exceptionnelles.

« Au même titre que le territoire agricole ne peut être considéré comme un espace en attente de développement urbain, il ne doit pas non plus devenir le site de création de milieux humides anthropiques de remplacement pour les riches entreprises! Combien d’hectares de notre garde-manger devront encore être sacrifiés pour satisfaire l’appétit de multinationales? », questionne M. Letellier.

La société québécoise est en évolution en matière d’aménagement du territoire. Rappelons que la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire est un marqueur majeur qui jette enfin les bases pour un aménagement plus durable de notre territoire. Le gouvernement du Québec a adopté de nouvelles orientations en cette matière, dont la préservation et la mise en valeur des milieux naturels et du territoire agricole. De plus, à la suite de la COP15 tenue l’an dernier, le gouvernement du Québec a adopté un Plan Nature 2030 assorti d’un budget de 650 M$ avec l’objectif de protéger les milieux naturels et la biodiversité dans le sud du Québec. Or, force est de constater que le projet Northvolt va totalement à l’encontre de cette démarche.

Au-delà du débat actuel sur l’absence de BAPE, si jamais le projet va de l’avant, la Fédération de l’UPA de la Montérégie exige que le gouvernement fasse preuve de cohérence et d’exemplarité en matière de protection du territoire agricole.

La Fédération de l’UPA de la Montérégie

image