8 juillet 2021 - 07:00
Vaccins : tenter un sprint en ayant les chaussures lacées ensemble…
Par: Le Courrier

Vous n’êtes peut-être pas encore au courant, mais l’humanité prend part à la plus grande course du siècle : la course à l’immunité collective. Actuellement, nous tirons de la patte, mais il y a un moyen fort simple de nous en sortir triomphants : lever les brevets sur les vaccins de la COVID-19.

À ceux qui pensent qu’il suffit de vacciner au moins 70 % des Québécois pour mettre fin à cette pandémie, sachez que vous faites fausse route. Nous serons seulement en sécurité lorsque 70 % de la population mondiale aura reçu ses deux piqûres. Vous me direz que d’ici cinq à dix ans, nous aurons bien assez de doses pour passer à l’aiguille tous les bras du monde, mais il sera trop tard. Selon plusieurs experts, tout le monde doit être immunisé d’ici la fin 2022 pour atteindre le fil d’arrivée vainqueur.

Cependant, un mur se dresse entre notre objectif et nous : les brevets. Ils permettent aux compagnies d’être les seules à exploiter la technologie qu’ils ont auparavant développée. Par le fait même, cela limite la capacité de production de cette technologie.

Pendant que certains pays développés vaccinent au rythme de Usain Bolt, d’autres n’ont même pas encore pris leur départ. C’est-à-dire que les pays riches vaccinent actuellement des personnes plus jeunes, en bonne santé et à faible risque de contracter la COVID-19, alors qu’ailleurs, le personnel de la santé, les personnes âgées et d’autres groupes à risques n’ont pas encore eu de première dose. Ce problème d’inégalité naît du manque de doses disponibles et cette insuffisance provient elle-même des brevets sur les vaccins. Les compagnies pharmaceutiques qui ont développé les différents vaccins ne peuvent pas en produire assez pour protéger un peu plus de 7 milliards d’humains dans les délais.

Si nous faisons un bond en arrière, nous nous rappellerons que l’industrie pharmaceutique a bénéficié d’un financement public et d’un partage des connaissances mondiales pour élaborer les vaccins que nous connaissons aujourd’hui. Alors, pourquoi la formule magique ne pourrait -elle pas aussi être publique?

Comme il fallait s’en douter, la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique fait office d’obstacle dans notre course effrénée. Assises bien confortablement sur leurs millions, les compagnies pharmaceutiques s’opposent à la levée des brevets afin de conserver leur poule aux « médailles d’or ». Pourtant, la pharmaceutique américaine Pfizer a annoncé au début du mois de mai avoir réalisé des profits de 900 millions de dollars au premier trimestre de 2021. Il semble que cette modique somme ne soit pas suffisante pour qu’elle vienne en aide à la population mondiale.

À l’heure actuelle, le Canada est en queue de peloton. Pendant que les États-Unis, la France et la Russie ont pris position en faveur de la levée des brevets, nous demeurons silencieux. Alors, prenons-nous part à cette course ou attendons-nous que le virus mute et qu’il devienne plus mortel et résistant aux vaccins? À mon avis, il est temps d’attraper nos souliers de course et de lever ces brevets pour offrir au monde entier les deux doses qu’il mérite.

Noémie Dion, étudiante de 5e secondaire à l’École secondaire Saint-Joseph

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