18 avril 2024 - 03:00
Développement immobilier
Vaut mieux prévenir
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Je ne sais pas trop pourquoi je me fais un devoir d’assister chaque année à la conférence annuelle du maire de Saint-Hyacinthe devant la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe. Pour avoir le luxe de la critiquer sans doute, parce que la plupart du temps, elle me laisse sur mon appétit.

L’exercice 2024 présenté le 5 avril au Centre de congrès n’a pas fait exception. J’attends encore le punch près de deux semaines plus tard. Essentiellement, André Beauregard s’est livré à un bilan bien tardif de mi-mandat. Du réchauffé pour ceux comme moi qui suivent de près l’actualité municipale.

La journaliste Sarah-Eve Charland a dû y penser à deux fois afin de faire ressortir un élément digne de retenir l’attention plus qu’un autre dans le reportage produit à la suite de cette conférence sans couleur ou saveur particulière.

Gageons qu’elle a dû envier son collègue de notre journal Les 2 Rives à Sorel-Tracy qui a vu et entendu le maire de l’endroit, Patrick Péloquin, annoncer en grande pompe des investissements de 500 M$ dans sa municipalité lors d’une allocution prononcée devant un parterre de gens d’affaires ces derniers jours.

À Saint-Hyacinthe, nous n’avons rien trouvé de plus excitant que d’insister sur la grande priorité de l’administration actuelle, qui passe par la nécessité d’investir dans la modernisation des infrastructures et l’augmentation de l’offre en matière de logements, deux éléments qui vont bien entendu de pair.

L’idée d’accroître l’accessibilité au logement teintera une majorité d’actions et de décisions de nos décideurs sur la scène municipale d’ici la fin de l’actuel mandat en novembre 2025. C’est une bonne chose compte tenu de l’intensité de la crise du logement au Québec et à laquelle la région de Saint-Hyacinthe n’échappe pas. Le taux d’inoccupation famélique milite pour que l’on consacre beaucoup d’énergie à faciliter l’émergence de nouveaux développements immobiliers, une préoccupation qui remonte au règne du maire Claude Corbeil, à partir de l’année 2013.

Mais dérouler le tapis rouge aux pieds des promoteurs immobiliers ne doit pas se faire au détriment des propriétaires ou locataires actuels et de longue date. Même si l’objectif d’accélérer et d’accroître l’offre locative et résidentielle est louable et même souhaitable, il ne faut jamais perdre de vue le concept de l’accessibilité sociale inhérente au développement harmonieux et coordonné du milieu.

L’actualité maskoutaine est riche de mises en garde. Si Saint-Hyacinthe a encadré et complexifié la démarche de démolition du pâté de maisons situé à proximité de l’école Lafontaine et de l’ancienne église Christ-Roi afin d’assurer la relocalisation de l’ensemble des locataires, on a senti le conseil beaucoup moins concerné par le sort qui attend les propriétaires de maisons mobiles d’un secteur de Sainte-Rosalie.

Et que dire du peu de considération envers les résidents de Sainte-Marie-Madeleine pris par surprise par l’émergence soudaine et jugée envahissante du projet W.-Laurier dans leur cour arrière. Cette soudaineté l’aurait été un peu moins si le voisinage avait été abonné au COURRIER puisque nous avions consacré des reportages à ce projet immobilier en novembre 2023 et en février 2024.

Le Service de l’urbanisme a d’ailleurs pris soin d’inclure les liens vers nos reportages (!) quand il a avisé la Municipalité voisine du démarrage du chantier à peine trois jours avant l’amorce des travaux. Bien qu’il fût parfaitement dans son droit, on aurait pu s’attendre à ce que le promoteur prenne les devants, qu’il soit proactif et qu’il rassure le voisinage sur ses intentions et les mesures d’atténuation qu’il envisage, s’il y a lieu. Cela ne semble pas avoir été fait, selon les gens qui se sont confiés au COURRIER ces derniers jours. Dans un monde idéal, on pourrait s’attendre à ce que la Ville de Saint-Hyacinthe accompagne et sensibilise les promoteurs à l’importance de l’intégration harmonieuse de leur projet.

Pour son prochain passage devant la Chambre de commerce, André Beauregard pourrait peut-être nous surprendre en nous annonçant une nouvelle réglementation qui obligera un jour tous les promoteurs immobiliers à tenir une réunion d’information citoyenne avant le démarrage d’un projet. Ou une réglementation qui les forcerait à accorder une entrevue au COURRIER avant d’envoyer la pépine, si c’est plus simple à gérer.

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