C’est en 1992 que le président-directeur général de Ben-Mor, Benoît Frappier, en a eu assez de travailler pour la compagnie de cordes à linge Steel Plast à Granby et a décidé de créer sa propre entreprise. Malgré la réticence de sa famille, il s’est lancé et ce fut une libération pour lui.
C’est sous l’abri de voiture de sa maison de Sainte-Marie-Madeleine que M. Frappier a fait ses premiers pas dans le monde de l’entrepreneuriat et il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour parvenir à faire prospérer son entreprise.
« De 1992 à 1999, Ben-Mor a déménagé quatre fois. Elle s’est promenée à Saint-Hyacinthe en commençant par la rue Duplessis, puis Trudeau, ensuite le boulevard Laurier à Douville et finalement ici, sur la rue Lemire. Elle doublait de taille toutes les années », raconte-t-il.
Afin que son entreprise soit rentable malgré des moyens financiers limités et donc peu de machineries, Benoît Frappier faisait fonctionner l’usine 24 heures par jour de six à sept jours par semaine. C’est seulement après dix ans qu’il est parvenu à mettre fin au quart de travail de nuit. « Nous avions réussi à avoir une très bonne capacité de production à ce moment », explique-t-il.
C’est aussi dans les années 2000 que Ben-Mor a diversifié ses produits. Aux câbles de 5/16 de pouce et moins se sont ajoutées les élingues de levage. Cette décennie a aussi été celle où des associés se sont joints à lui, dont Éric Rompré et Richard Plante, qui travaillent toujours pour l’entreprise à ce jour. Aujourd’hui, l’entreprise dessert les commerces de détail, les industries et les forces armées.
Imbattable
C’est aussi à l’aube des années 2000 que Ben-Mor a commencé à raser la compétition au Québec. « Notre service se démarquait totalement et c’est encore le cas aujourd’hui alors que nous mettons les clients au centre de nos discussions pour créer des produits. Nous sommes devenus des leaders dans le domaine au Québec en à peine huit ans », affirme M. Frappier.
Forte de sa croissance fulgurante et de son marché bien établi, l’entreprise a également commencé à procéder à des acquisitions. Ses premières furent Strata division de RCR international à Boucherville en 2001, puis en 2003, son ancien employeur, Steel Plast, qui avait des places d’affaires à Granby, à Toronto et à Calgary. Ensuite, en 2006, elle s’installa pour la première fois aux États-Unis en achetant Continental Cables. Elle a d’ailleurs fait sa deuxième acquisition américaine cet hiver, 16 ans plus tard, en mettant la main sur les trois usines de la société américaine Fortune Rope & Metal. Entre les deux, Ben-Mor a conquis le Canada en acquérant en 2008 Turner and Seymour, un fabricant de chaînes en Ontario, Sling Tech à Toronto en 2012 et cinq entreprises dans l’Ouest canadien de 2017 à 2022. « Les acquisitions nous ouvrent l’esprit et nous permettent de voir comment les compagnies travaillent ailleurs et d’apprendre de ça. Nous achetons seulement les meilleurs », affirme M. Frappier.
« Après nos premières acquisitions, nous avons commencé à nous faire appeler pour des projets d’envergure et à attirer du personnel de qualité. Encore aujourd’hui, les gens nous choisissent », déclare le PDG. Actuellement, la majorité des dirigeants de ses usines sont des femmes et toutes les usines sont gérées par des Québécois. De plus, 95 % des postes sont pourvus. Selon Benoît Frappier, cela s’explique par le fait que les employés sont plus intéressés à travailler pour une entreprise canadienne que pour des entreprises étrangères installées au Canada. D’ailleurs, M. Frappier confirme qu’il n’est aucunement dans les plans de vendre Ben-Mor à des étrangers.
Ben-Mor 2.0
Comme le président aime bien l’appeler, Ben-Mor 2.0 a commencé à pointer le bout de son nez en 2021. Un programme de rachat par sa fille Mélanie et son associé Louis Tétreault a été prévu sur neuf ans. De plus, les associés de Benoît Frappier portent désormais le nom de vice-présidents exécutifs et jouent, avec lui, un rôle de mentors auprès de la relève, regroupée sous le groupe d’orientation. À eux s’ajoutent les vice-présidentes finances et système informatique ainsi que production et ressources humaines, Karine Paquette et Claude Carrière.
Le principal défi est de diminuer la dépendance aux produits chinois, qui sont de commodité et non de haute qualité, et aussi de réduire l’incertitude quant aux relations complexes avec ce pays.
Dans la division détail de Ben-Mor, tous les produits de quincaillerie proviennent de la Chine, à l’exception de la corde à linge, des boîtes à linge et des attaches pour chien. Au départ, cela représentait 80 % des achats et, entre 2020 et 2023, ce pourcentage a diminué à 60 %. D’ici la fin de l’année, il devrait être de 50 % et, en 2024, de 40 %. Cela sera possible grâce aux marchés de niche et de haute performance et aux acquisitions américaines.
De plus, le but est de poursuivre la croissance. Déjà, depuis la création du groupe d’orientation en 2021, la croissance a bondi de 40 % et Benoît Frappier prévoit qu’elle sera exponentielle. « C’est un bateau qui ne rentre plus dans la rivière. Il vogue maintenant dans la mer avec ses 375 employés. Il va y avoir de beaux défis, mais ma fille a la même ambition que j’avais, mais avec un fort réseau en plus », conclut M. Frappier.