Plusieurs ont vu un pays qu’ils croyaient connaître devenir soudainement un pays étranger. C’est souvent ce qui arrive quand on regarde l’autre avec nos propres yeux; on le voit à travers notre réalité, pas la sienne. Si on se mettait à sa place, on verrait autre chose. On verrait la colère de ceux pour qui le rêve américain était devenu un cauchemar éveillé entre trois Mc-jobs, une tonne de dettes et une mondialisation qui rime avec trahison.
Normal de vouloir rejeter l’élite et le système, juste dommage de voter pour celui qui a fait fortune en bâtissant ses immeubles avec de l’acier chinois, des travailleurs sous-payés et en refilant la facture de ses faillites aux contribuables. Mais tsé, quand ça fait longtemps qu’on t’a abandonné sur le bord de la route, t’es prêt à monter dans le premier véhicule qui s’arrête, même s’il est grossièrement polluant.
Et si les démocrates n’ont jamais répondu aux questions pourtant légitimes des « orphelins du système », c’est qu’ils n’ont jamais voulu les entendre, n’ayant d’oreille que pour les banquiers de Wall Street. (Oh, si vous pensiez que Clinton c’était la gauche, rappelez-moi de ne jamais vous demander mon chemin, je me retrouverais dans le champ au premier virage). Hillary, c’était la droite dont il fallait se débarrasser. Et le Donald, l’extrême droite qui l’a fait. Sa victoire n’effacera pas ses mensonges, ses insultes, sa misogynie ou son racisme. Au contraire, elle alimentera ceux qui se nourrissaient de cette colère. Et ça ne pourra que donner des États très Désunis.