12 mai 2022 - 07:01
Concept architectural de la promenade Gérard-Côté
Viendront-ils?
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


Derrière le Centre des arts Juliette- Lassonde, dans le stationnement de la bibliothèque, le long de la rue des Cascades et même sur le toit de la centrale électrique qui n’appartient même pas à la Ville de Saint-Hyacinthe. À croire que l’architecte de la firme Daoust Lestage est resté accroché sur la touche « arbre » sur Adobe Photoshop.

Il est maintenant possible d’apprécier davantage de quoi pourrait avoir l’air cette promenade revampée dans sa partie centre-ville. La Ville de Saint-Hyacinthe s’est enfin décidée à sortir au grand jour le concept architectural de cette promenade 2.0, le jour même où l’on s’affairait à raser l’Hôtel Ottawa incendié près du Marché public. L’image d’une revitalisation du centre-ville ne pouvait être plus concrète qu’à ce moment précis.

L’objectif est de créer un effet « wow » pour que les gens, les résidents et les consommateurs affluent au centre-ville et se réapproprient les berges de la Yamaska.

C’est la version maskoutaine du film Field of Dreams, Le champ des rêves avec Kevin Costner, où il suffit de construire un terrain de baseball en plein champ de maïs pour que d’anciennes gloires viennent y jouer devant une foule de gens nostalgiques. Est-ce que notre promenade et sa place des spectacles auront cet effet? Rien n’est moins certain, car aucune étude d’impact n’a été produite à ce sujet. On nous vend donc des arbres et beaucoup d’espoir.

Il faut d’ailleurs prendre ce plan pour ce qu’il est. Ce n’est pour l’instant qu’une proposition, un simple concept. Il faut voir ces plans comme une projection futuriste de ce à quoi pourrait ressembler le secteur, si on a le courage de nos ambitions en dépensant quelques dizaines de millions de dollars, peut-être même 40. Oui, ce n’est pas donné. C’est même disproportionné compte tenu des besoins, mais cela, nous l’avons souvent dit et redit, sans grand résultat jusqu’ici.

Mais ceux qui rêvent d’espace et de verdure seront servis à souhait, car ce plan annonce moins de voitures, moins d’espaces de stationnement, moins d’asphalte et plus aucune bretelle d’accès pour permettre aux voitures de circuler sous le pont Barsalou. On l’a vu, entendu et lu, cette dernière idée déplaît fortement au conseiller de La Providence, Bernard Barré. Sauf qu’il semble bien seul sur son île. Son pétage de coche à la séance publique du 19 avril n’ayant pas eu de suite, on peut donc tenir pour acquis que la bretelle va prendre le bord. Au mieux, Nostradamus Barré pourra se vanter d’avoir vu venir le coup, si jamais la circulation dans le secteur de la rue Bourdages et de la rue des Cascades devait tourner au cauchemar.

Parlant de circulation, les plans architecturaux sont plus ou moins fiables. Ils laissent entrevoir une rangée d’arbres là où se trouve l’unique accès au stationnement de la nouvelle bibliothèque, sur la rue Bourdages Nord. Ils suggèrent plutôt une sortie vers l’arrière de la bibliothèque et qui déboucherait sur la rue Girouard. Cette fabulation aurait déjà été écartée. L’accès unique et direct sur Bourdages serait irrévocable malgré ce que suggère le croquis. Problèmes de fluidité et de sécurité à l’horizon, cela semble évident. Rappelons que le conseiller David Bousquet a avoué à ce sujet que la solution idéale pour accéder et sortir de la bibliothèque n’aurait pas encore été encore trouvée. Ce n’est quand même pas anodin comme dossier à régler.

Comme on peut le voir sur les plans et les esquisses, tout est très tendance et épuré autour de la promenade et de la place des spectacles. Il y a peu à redire. Ne manque en fait qu’une rue piétonne. Les concepteurs n’ont toutefois pas poussé leur fantasme aussi loin puisque, comme vous le savez déjà, ce sont les commerçants qui mènent au centre-ville. Du côté commercial d’ailleurs, les concepteurs ont tout de même joué d’audace en imaginant un petit café, le Café Gérard, collé à la promenade et à la place des spectacles. Malgré l’émergence du complexe de Groupe Sélection, il faut cependant en fumer du bon pour croire que l’achalandage sur la promenade et dans ce secteur pourra permettre de faire prospérer un commerce du genre à longueur d’année.

Le défi ne sera pas de s’y arrêter, mais peut-être de s’y rendre!

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