Vers midi, Justin Trudeau est sorti avec son équipe d’un autobus banalisé accompagné des habituels véhicules de l’escouade de protection du premier ministre.
Au grand plaisir des commerçants et des clients du Marché public, M. Trudeau s’est prêté volontiers à de nombreuses prises de photos. Pour cette petite virée en terre maskoutaine, le chef du gouvernement était accompagné du ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne, et du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos.
En visitant le Marché public, Justin Trudeau a ainsi imité le geste de son père Pierre-Elliot qui était venu le 29 septembre 1978 à Saint-Hyacinthe pour soutenir la candidature de Marcel Ostiguy. Cette année-là, M. Ostiguy avait remporté l’élection partielle par 6000 voix de majorité.
Vincelette honoré
René Vincelette était visiblement très honoré par la visite du premier ministre du Canada à Saint-Hyacinthe.
« Comme candidat, la visite de Justin Trudeau représente un coup de pouce majeur. Cela représente une aide inestimable à la campagne électorale à venir dans la circonscription », a commenté René Vincelette.
Déjà candidat libéral lors de la dernière élection fédérale de 2015, M. Vincelette avait échappé d’un cheveu la victoire au profit de la néo-démocrate Brigitte Sansoucy. Un écart de 598 voix avait séparé les deux candidats.
« Je constate que le parti met les énergies pour remporter la victoire dans le comté. Nous allons aller de l’avant et travailler fort durant la campagne. Nous sommes dans une très bonne position », a poursuivi avec enthousiasme M. Vincelette.
Entrevue au COURRIER
Avant de regagner l’autobus pour se diriger vers Sherbrooke, le premier ministre a accordé une entrevue au COURRIER.
Le choix du candidat local, l’aide fédérale à la presse écrite et les compensations financières au secteur agricole ont été les sujets abordés au cours de ce rapide entretien.
« Nous avons démontré depuis quatre ans que notre approche est la bonne contrairement à celle des conservateurs. On investit dans nos communautés. Il faut être optimiste et ambitieux par rapport à l’avenir. Cela prend des gens pour livrer [la marchandise] sur le terrain. Je suis très très content d’avoir René à mes côtés encore une fois », a indiqué le premier ministre.
Alors que la presse quotidienne régionale vit des heures difficiles dans le contexte de risque de faillite du Groupe Capitales Médias, Justin Trudeau ne croit pas que l’aide financière de 595 M$ annoncée par Ottawa au dernier budget a été décidée trop tardivement.
« Pas du tout. L’aide en question, ce sont des crédits d’impôt qui vont s’appliquer de façon rétroactive jusqu’au 1er janvier 2019. [À condition que le parti libéral demeure au gouvernement]. Si les conservateurs ne veulent pas appuyer les médias, c’est un problème pour nous tous parce que la démocratie exige d’avoir des médias forts. Un gouvernement doit s’assurer que, même en aidant les médias, ceux-ci restent indépendants. C’est pour cela que nous avions besoin d’un comité indépendant pour gérer ce processus-là », a mentionné le premier ministre sur le sujet.
Dernièrement, le palier fédéral a annoncé une aide financière totalisant 1,75 milliard sur huit ans pour compenser les pertes des producteurs laitiers en raison de la signature de deux traités de libre-échange.
« Nous reconnaissons qu’en signant des traités commerciaux avec les grands pays du monde, c’est bon pour l’économie canadienne et c’est bon pour les travailleurs d’un bout à l’autre de ce pays. Mais des fois, c’est un peu plus difficile pour nos producteurs locaux. Il faut les appuyer absolument. C’est pour cela que nous sommes en train de compenser pour les accords passés avec l’Europe et avec l’Asie. On reconnaît que l’accord avec les États-Unis n’a pas encore été ratifié. Quand ce sera le cas, il y aura de l’aide supplémentaire. On va toujours appuyer nos producteurs », a affirmé sur ce dossier sensible le premier ministre Trudeau.
Réactions de Sansoucy
La députée néodémocrate Brigitte Sansoucy n’a pas tardé à réagir à la visite de Justin Trudeau en diffusant un communiqué faisant état des ratés, selon elle, du gouvernement libéral.
« Les producteurs agricoles sont parmi les grands perdants des quatre dernières années. Les brèches dans le système de gestion de l’offre, imposées par les récents accords commerciaux, menacent la survie de plusieurs producteurs laitiers de la région », écrit la députée fédérale de Saint-Hyacinthe-Bagot.
Mme Sansoucy déplore également que le gouvernement ait agi sur le tard pour soutenir financièrement les entreprises de presse locales et régionales.
« La faillite annoncée du Groupe Capitales Médias nous rappelle que Justin Trudeau est demeuré les bras croisés lorsqu’il a été le temps d’agir pour nos médias régionaux. Le gouvernement libéral refuse toujours de taxer les géants du web au même titre que nos médias locaux », estime Brigitte Sansoucy.