Ce projet est né dans un contexte des plus intimes pour l’artiste, qui traversait une période de deuil et de grands bouleversements. Sa grand-mère, le pilier de la famille, était mourante. Au même moment, ses parents se séparaient et vendaient la maison où elle a grandi dans la petite ville de Maria, en Gaspésie. « Tout ça mis ensemble a fait en sorte que je me suis sentie déracinée à plein de niveaux », se souvient Viviane Audet dans un entretien téléphonique accordé au COURRIER.

Pour se changer les idées, la musicienne et comédienne s’est lancé le défi de composer une chanson par jour pendant tout un mois, au printemps 2021. À travers cette démarche, elle a pu évacuer toutes les émotions qui l’animaient, sans savoir que les pièces qu’elle composait à ce moment au piano allaient former un album un jour. Ces morceaux sont restés en dormance pendant plus d’un an avant qu’elle les réécoute et qu’elle y décèle tout leur potentiel.

« Ça m’a pris du temps avant d’aller en studio pour les enregistrer. Je n’étais pas prête tout de suite, raconte-t-elle au bout du fil. C’est vraiment une démarche qui a été lente et très personnelle. »

Dès sa sortie cet hiver, l’album a connu un succès auquel Viviane Audet ne s’attendait pas du tout. Il s’est hissé dans les palmarès des meilleurs vendeurs au Québec.

« C’est comme si ce côté intime, minimaliste et très doux de l’album donnait un moment de répit aux gens dans leur quotidien et dans leur réalité. La beauté de la musique instrumentale, c’est qu’elle n’a pas de mots, donc c’est encore plus facile de se l’approprier », analyse l’artiste qui cumule, entre autres, trois albums de chansons et un disque instrumental en plus de Le piano et le torrent.

Parmi les plus beaux témoignages que Viviane Audet a reçus, on lui a partagé qu’une personne ayant demandé l’aide médicale à mourir s’était laissée portée par Le piano et le torrent lors de ses derniers moments de vie. Idem pour une mère qui donnait naissance à son enfant.

« C’est une affaire que tu ne vis pas nécessairement quand il y a des paroles. C’est là que tu vois toute la puissance de la musique instrumentale. Ça me dépasse un peu tout ça. Mais on dirait que ça me fait me sentir utile », souffle-t-elle.

En spectacle, Le piano et le torrent se déploie tel un récit d’appartenance au territoire dans lequel la musicienne met en lumière son village natal de Maria.

« Ce que le spectacle raconte, c’est que même si on n’habite plus un territoire, il continue toujours de nous habiter », partage Viviane, qui est accompagnée sur scène par la harpiste Éveline Grégoire-Rousseau dans le cadre de cette tournée.

Mentana, Piano public et autres projets

En plus de mener la tournée pour Le piano et le torrent, Vivane Audet multiplie les projets. Parmi ceux-ci, elle tient la barre d’une nouvelle compétition musicale appelée Piano public en compagnie de Gregory Charles sur les ondes de Télé-Québec.

« C’est une première expérience comme animatrice pour moi », souligne celle qui n’a pas peur de porter différents chapeaux, comme en témoigne la carrière de musicienne et de comédienne qu’elle mène simultanément depuis plusieurs années.

« Ce qui est le fun, c’est qu’on est vraiment allés à la rencontre des gens avec ce projet. C’est une compétition à échelle humaine. On est avec des gens qui portent un amour pour le piano, pour la musique instrumentale et qui ont envie de partager leur passion. On est allés à leur rencontre dans leur parc, dans leur région », raconte-t-elle.

Le groupe Mentana, dont elle fait partie avec son amoureux Robin-Joël Cool, Yannick Parent et Erik West-Millette, s’apprête quant à lui à lancer un nouvel album – un premier en français – intitulé Les frolics ce vendredi.

« C’est un album de fête. On est à des kilomètres de Le piano et le torrent », reconnaît la pianiste. Des thèmes se recoupent néanmoins entre les deux projets, nuance-t-elle immédiatement.

Dans ce disque de Mentana, Robin-Joël Cool s’est inspiré des traditions de son Acadie natale pour écrire les chansons qui y figurent. « Tous les deux, on avait envie de raconter notre territoire et, plus que jamais, Robin le fait avec Les frolics. C’est un album qui est comme un party de cuisine chez la mère de Robin à Moncton où tout le monde tape du pied. »

Parallèlement à tout ça, Viviane Audet travaille également sur la musique d’une nouvelle série de Martin Matte appelée Vitrerie Joyal, qui doit prendre l’affiche sur la plateforme Prime Video d’Amazon en 2026. Au lendemain du tournage de la finale de Piano public, elle avait justement une rencontre avec l’humoriste concernant ce projet, tout juste avant de nous accorder une entrevue. « Disons que c’est un gros 24 h », laisse-t-elle tomber en riant.

Quelques billets sont encore disponibles pour le spectacle que Viviane Audet proposera au Cabaret André-H.-Gagnon du Centre des arts Juliette-Lassonde le jeudi 18 septembre.