Après avoir ressuscité le nom « Crown » sous la forme d’une berline surélevée – rappelons que la Crown originale était un des premiers véhicules vendus chez nous il y a 60 ans, mais qui avait disparu depuis longtemps – Toyota récidive avec ce Signia qui prend des airs de VUS luxueux, mais sans renier son ADN hybride. Alors, coup de génie ou tentative maladroite?
Du style
Dès le premier regard, le Crown Signia impressionne. Ses lignes sculptées et son profil allongé évoquent une approche résolument dynamique. Toyota n’a pas lésiné sur l’audace, avec une calandre élargie dont la couleur s’intègre complètement dans la carrosserie, et une signature lumineuse qui lui donne un regard perçant. Visuellement, il n’y a pas de doute, on est en présence d’un véhicule qui veut jouer dans la cour des grands.
Sous le capot, Toyota mise sur une mécanique éprouvée : un moteur quatre cylindres de 2,5 litres jumelé au système hybride Toyota qui produit une puissance combinée de 240 chevaux. Si cela semble modeste sur papier, l’association avec une traction intégrale électronique lui confère une stabilité appréciable sur la route. L’accélération est parfois un peu lente et la boîte e-CVT fait du bon travail pour maintenir une réponse fluide, bien que les amateurs de sensations fortes restent sur leur faim. Un mode sport permet de corriger un peu cet aspect, mais ne vous fera définitivement pas perdre votre toupet sur la banquette arrière.
Là où ce véhicule brille vraiment, c’est à la pompe : une consommation moyenne de 6,0 L/100 km en ville, ce qui, pour un véhicule de cette taille, est tout simplement impressionnant. C’est du moins ce que Toyota nous annonce, alors que je n’ai pu réaliser mieux que 8,1 litres aux 100. Il faut dire que la neige et le froid polaire ont contribué à une sérieuse augmentation de consommation.
L’habitacle du Crown Signia se veut un mélange de modernité et de fonctionnalité. L’écran tactile de 12,3 pouces trône au centre du tableau de bord, intégrant un système multimédia facile d’usage et très efficace. La qualité des matériaux surprend agréablement : Toyota a fait un effort pour s’éloigner du plastique omniprésent, offrant plutôt des garni-tures en similicuir et des inserts en bois qui donnent l’impression d’être au volant d’une Lexus.
Les sièges avant sont confortables et bien soutenus, et l’espace arrière est généreux, même pour les passagers de grande taille. Seul bémol, la capacité du coffre de 701 litres est correcte, mais certains concurrents font mieux.
Sur la route, le Crown Signia se dis- tingue par son comportement feutré. L’insonorisation est exemplaire, les suspensions absorbent bien les imperfections et la direction est précise, quoique un peu déconnectée de la route. Ce n’est pas un véhicule conçu pour les virages serrés ou la conduite dynamique, mais plutôt pour avaler les kilomètres en douceur. Mon aller-retour entre la maison et Québec dans la même journée m’a permis de profiter pleinement de cette douceur et, je l’avoue, je ne me m’en suis jamais plaint!
Avec le Crown Signia, Toyota propose une alternative élégante et écoénergétique dans le segment des VUS intermédiaires. Bon, des familiales, car je ne me résigne pas à qualifier le véhicule de véhicule utilitaire sport.
Il excelle en matière de confort et d’économie de carburant, tout en affichant un design qui ne passe pas inaperçu. Toutefois, son prix relativement élevé (60 000 $ et un peu plus pour ma version d’essai) et son manque de dynamisme risquent de ne pas plaire à tout le monde.
Malgré ces quelques défauts, il me faut l’avouer, la Crown Signia mérite un meilleur traitement que celui que Toyota lui réserve. Car, avouez-le, vous n’avez jamais vu la moindre promotion ou le moindre effort de marketing effectué par le constructeur japonais, un peu comme s’il avait honte de son véhicule. Pourtant, la Crown Signia est un choix judicieux pour ceux qui recherchent avant tout une expérience de conduite raffinée et efficiente, sans sacrifier le style.
