Comme il ne fait jamais les choses à moitié, l’athlète de 23 ans a fait son salut à son sport de la plus belle des façons : en soulevant les charges les plus lourdes de toute sa carrière. Il a réussi ses six essais, enregistrant un total de 120 kg à l’arraché et 151 kg à l’épaulé-jeté, pour un cumulatif de 271 kg. Ce résultat lui a valu, sans surprise, le titre de champion canadien dans la catégorie des 67 kg, où il avait un seul rival.
« J’étais vraiment content parce que depuis le Championnat du monde senior [en décembre], ça n’allait pas super bien à l’entraînement. Dans mes dernières compétitions, c’était plus difficile à l’arraché, et même à l’épaulé-jeté, j’étais très loin de ces barres. J’étais surtout content de faire des barres que je savais que j’étais capable de réussir et que je voulais faire depuis longtemps, sans y arriver », lance Youri, serein et fier, en entrevue avec LE COURRIER.
Après avoir soulevé sa dernière barre, l’émotion s’est emparée de lui. Alors qu’il rejoignait son père et son entraîneur en coulisses, il a eu une pensée pour sa mère, décédée en 2021.
« Je sais qu’elle aurait été fière si elle avait été là. Chaque fois qu’elle me regardait lever, elle était toujours stressée… le petit stress d’une maman qui veut que son petit gars fasse bien. Quand j’ai fini mon levé, mon père est venu me voir derrière et ça a été un moment assez émotif. Ça a été un moment marquant. J’en avais les larmes aux yeux », raconte le Maskoutain, qui s’entraîne depuis toujours avec le club La Machine Rouge.
Depuis quelque temps, l’idée de la retraite faisait pourtant son chemin dans son esprit.
« Il y a eu le Championnat du monde senior en Arabie Saoudite [en décembre] et ça n’avait pas très bien été. Mes barres commençaient à stagner. Je voyais que les compétitions internationales, c’était pas mal terminé pour moi. Puis, j’allais finir mes études à l’université et commencer à travailler, donc je trouvais que c’était un bon moment pour arrêter, mentionne-t-il. Le championnat canadien senior se tenait pas longtemps après la fin de mes études, donc c’était un bon moment pour finir. Une bonne partie de l’équipe [de La Machine Rouge] allait être là. Je trouvais que c’était un endroit significatif. »
Une riche carrière
Youri Simard avait entamé sa carrière sportive il y a 10 ans. Grâce à ses performances, il a participé à certains des plus grands rendez-vous de sa discipline au fil des ans, comme le Championnat du monde junior et le Championnat du monde senior. Ses meilleurs résultats à l’international ont été enregistrés aux Jeux du Commonwealth, où il a pris le 4e rang en 2022, et au championnat panaméricain junior, où il a été médaillé d’argent en 2021.
Dans son palmarès, le Maskoutain compte aussi plusieurs titres de champion québécois et de champion canadien, autant chez les juniors que chez les seniors. Signe de sa force indéniable, il détient les records canadiens juniors dans deux catégories de poids, soit chez les 55 kg et chez les 61 kg. Seul son record à l’épaulé-jeté, chez les 55 kg, a été battu… lors de sa dernière compétition justement. Youri détient aussi les records québécois seniors chez les 61 kg et les records Louis-Cyr chez les 49 kg.
« Ça me confirme que j’ai laissé ma marque quelque part, souligne l’haltérophile lorsqu’on lui mentionne ces exploits. C’est un peu comme si on reconnaissait mes efforts. C’est surtout ça que ça signifie pour moi. »
Pendant pratiquement toute sa carrière, Youri a levé dans les plus petites catégories de poids de sa discipline, chez les 55 kg et les 61 kg. Des catégories où il était souvent le seul compétiteur. Mais cela ne l’a jamais empêché pour autant de repousser ses limites et de livrer des performances impressionnantes.
« Quand j’étais chez les 55 kg surtout, on n’était vraiment pas beaucoup. Mes objectifs, je les basais surtout sur les performances du passé. Les records canadiens, c’est surtout ça qui me motivait. Après, quand je suis arrivé chez les 61 kg, j’ai commencé à faire plus de compétitions internationales, donc j’ai pu avoir des objectifs différents parce que je me mesurais à d’autres personnes », explique-t-il.
Évidemment, comme bien des haltérophiles, Youri rêvait des Jeux olympiques. Il avait d’ailleurs entamé le processus de qualification en vue de ceux de Paris, qui se dérouleront cet été. Mais rapidement, ses espoirs se sont envolés.
« Le réseau de compétition que je faisais, c’était pour essayer de me qualifier pour les Jeux olympiques, mais j’ai rapidement remarqué que c’était un niveau extrêmement élevé. Même en réussissant une performance hors du commun, je n’aurais probablement pas été qualifié. C’était phénoménal comment c’était fort cette année, surtout qu’ils ont gardé seulement la moitié des catégories pour les prochains Jeux olympiques », mentionne l’athlète maskoutain.
Youri quitte néanmoins son sport l’esprit en paix, fier de ce qu’il a pu accomplir au fil des ans. Il se montre également reconnaissant envers l’entraîneur Yvan Darsigny, qui l’a pris sous son aile dès le jour un.
« Il a toujours été présent pour moi. Il ne manquait jamais une semaine d’entraînement. Pour moi, les Darsigny, c’est vraiment comme une deuxième famille », affirme le Maskoutain, qui est un grand ami de Tali, Matt et Shad Darsigny.
Pour l’instant, Youri n’envisage pas de faire la transition d’athlète à entraîneur, souhaitant plutôt se concentrer sur le début de sa carrière professionnelle. Mais considérant son amour pour le sport, il n’écarte pas l’idée de partager un jour à son tour les conseils à la prochaine génération d’haltérophiles.