Bien entendu, si vous êtes des lecteurs assidus du COURRIER vous n’êtes pas tombé à la renverse en apprenant la terrible nouvelle. Nous avions préparé le terrain et le milieu maskoutain à cette éventualité l’automne dernier. Dès que nous avions appris que TC, pour les intimes, avait pris la décision de mettre fin à la distribution du Publisac, nous vous avions manifesté notre vive inquiétude à l’égard du sort de cette imprimerie consacrée à l’impression de circulaires dédiées exclusivement au Publisac.
C’était déjà sur notre radar, pour faire un mauvais jeu de mots en lien avec la circulaire unique de TC qui remplacera le Publisac et qui sera désormais livrée par l’entremise de Postes Canada.
Il est à souhaiter que les employés touchés puissent trouver un nouvel emploi rapidement à des conditions avantageuses, mais la transition ne sera pas évidente pour plusieurs. Quand on a imprimé des circulaires une bonne partie de sa vie, ce n’est sûrement pas sur une ligne de découpe de volailles qu’on rêve d’atterrir. Ils devront faire preuve de souplesse et de résilience.
Parlant de résilience devant l’adversité, cette fermeture s’ajoute à la trop longue liste des malheurs associés à la crise des médias. Les inquiétudes que nous partageons régulièrement avec vous à ce sujet, dont mon patron Benoit Chartier est l’un des interlocuteurs les plus éclairés et éclairant en raison de son expérience, de ses contacts et de son poste de président de l’association Hebdos Québec, n’ont rien de frivoles ou d’alarmistes.
Sa lecture fine des enjeux médiatiques qui plombent les fondements de notre démocratie mériterait une plus grande attention de la part du grand public, des décideurs et bien entendu des gouvernements. Ses préoccupations au sujet de l’avenir des médias régionaux après la disparition du Publisac sont pertinentes et bien réelles. Nombre d’éditeurs de journaux ont des choix difficiles à faire pour assurer la distribution et la pérennité de leurs publications.
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a eu l’audace de réclamer qu’Ottawa agisse pour que Postes Canada assure gratuitement la distribution des hebdomadaires locaux. Du côté d’Hebdos Québec, on salue l’idée et on ne dirait pas non, mais on n’en demande pas tant.
Juste de combler l’écart de coût de distribution entre le Publisac et la poste serait déjà un coup de pouce apprécié.
Tous les appuis municipaux sont les bienvenus. Mais face aux mauvaises nouvelles qui s’accumulent, bien des décideurs se contentent souvent de prendre acte et de se désoler de la situation.
C’est un peu ce qui ressort ces derniers mois dans la grande région de Saint- Hyacinthe où les coups durs se succèdent. Pensons à la fermeture de l’usine Dutailier à Saint-Pie l’été dernier, suivie par la fermeture de l’ancienne imprimerie Dumaine, le départ amorcé des Sœurs de La Présentation de Marie et le déménagement annoncé du siège social d’Olymel de Saint-Hyacinthe vers Boucherville. Avec la fermeture de l’imprimerie TC Transcontinental, ce sont des centaines d’emplois que nous aurons perdus en l’espace de quelques mois à peine, sans parler des centaines d’autres qui ne se concrétiseront peut-être jamais du côté de la future usine d’Exceldor.
Il serait peut-être temps d’amorcer une réflexion et d’être proactif, au lieu d’offrir uniquement sympathie et empathie après chaque mauvaise nouvelle. Un exemple? Pouvez-vous croire que le propriétaire de l’immeuble locatif qui abrite le siège social d’Olymel sur l’avenue Pratte n’a toujours eu aucun signe de vie de la Ville de Saint-Hyacinthe ou de son bras économique, à savoir Saint-Hyacinthe Technopole, depuis l’annonce faite par l’entreprise le 15 novembre dernier? Silence radio.
Bref, si on fonde beaucoup d’espoir sur la désignation attendue de Saint- Hyacinthe comme zone d’innovation en agroalimentaire, il ne faut pas perdre de vue ce qui se passe actuellement sur le terrain. Surtout, il ne faudrait pas que cette zone d’innovation en devenir donne sur une vaste zone de désolation.